Qu'est-ce qui distingue le langage humain des systèmes de communication des animaux ?
Publié le 05/03/2009
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Essayer « de dégager ce qui distingue le langage humain des systèmes de communication des animaux « n'est assurément pas une mince affaire. Il faut à tout prix éviter de sombrer dans les anecdotes familiales tournant autour du bon chien à qui, précisément, il ne manque que la parole ! ou bien encore dans les discours pseudo-scientifiques sur le langage de tel ou tel animal. De solides références sont ici nécessaires afin d'éviter tout bavardage. En plus de connaissances de base des grands thèmes de la linguistique, il serait bon de s'interroger sur les raisons qui amènent les philosophes à distinguer nettement le langage humain de la communication animale. Il serait aussi judicieux de prendre un ou deux exemples parmi les travaux de von Frisch ou de Lorenz.
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SPECIFICITE DU LANGAGE HUMAIN
Arbitraire
Le cri d'un animal est très proche de ce qu'il veut exprimer ; on dira que l'animal utilise des signaux plutôt que des signes. Dans un signal, le dénoté est facilement identifiable, alors que, dans le signe, le lien avec le dénoté est arbitraire.
Le motn'a aucun rapport avec l'objet qu'il désigne.
Ainsi, la suite de sons "t a b " ou le mot écrit " table " ne représentent pas directement l'objet table.
On pourrait objecter le cas des cris ; mais si le français crie Aïe !, l'allemand crie Au ! Il en va de même pour les onomatopées (imitations de bruits naturels). Rien n'est naturel dans les mots humains. Tout est conventionnel.
Particulier
Les signaux sont communs à tous les individus d'une même espèce animale.
Tous les chiens reconnaissent leurs aboiements, tous les oiseaux se comprennent. Chez l'homme, chaque groupe social possède ses propres signes linguistiques (le français, l'anglais, l'espagnol, etc.) et tous les mots d'une langue ne correspondent jamais parfaitement à tous les mots d'une autre langue.
Acquis
Le petit animal possède dès sa naissance tous les signaux (sons, odeurs, couleurs, etc.) du langage de son espèce.
C'est un atout essentiel pour sa survie car il peut d'emblée signaler ses besoins, mais ne peut acquérir un autre langage desecours.
Le petit homme doit attendre deux ans pour commencer à acquérir sa langue maternelle ; il lui est difficile designaler ses besoins ; il entend parler autour de lui sans pouvoir parler.
En revanche, il pourra apprendre plusieurs systèmes de communication, plusieurs langues.
Articulé
L'articulation est, au sens mécanique, la combinaison entre eux de différents éléments.
On discerne deux niveaux d'articulation : l'articulation des monèmes qui sont les plus petites unités de sens d'une langue.
Par exemple, " J'ai mal à la tête " est un message composé de 6 monèmes.
Il ne faut pas confondre le monème avec le mot ; par exemple, " télévision " compte deux monèmes. L'articulation des phonèmes qui sont les plus petites unités de son d'une langue.
Par exemple, " J'ai mal à la tête " compte 11 phonèmes. Il ne faut pas confondre le phonème avec la lettre ; par exemple, le phonème "è" peut s'écrire ai, ê, ei, est, aient, haie, etc. Le langage animal est inarticulé.
Le signifiant et le signifié
Le signe linguistique est l'association indissoluble d'un concept et d'une trace cérébrale acoustique, visuelle ou tactile.
Il n'a pas d'autre réalité que cérébrale.
Il est composé de deux faces inséparables, comme les deux côtés d'une feuille de papier : si l'on découpe l'un, on découpe l'autre.
F.
de Saussure donne cet exemple : à la série de phonèmes "arbr", on associe mentalement l'image d'un arbre qui représente l'idée d'arbre ; autrement dit, à la réception du son, on associe un concept.
Le premier composant est appelé signifiant et le second est appelé signifié.
L'arbitraire du signe
Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement :le signe linguistique est arbitraire (F.
de Saussure, Cours de linguistique générale).
Le signe n'est pas choisi collectivement par une libre convention ; il ne répond à aucune motivation précise.
C'est ce qui distingue le signe du signal, puisque le signal évoque le dénoté (par exemple, une alarme stridente fait ressentir l'imminence d'un danger) ; c'est aussi ce qui distingue le signe du symbole puisque le symbole unit une idée à une image grâce à un troisième terme commun (par exemple, la paix est symbolisée par une colombe grâce à la sensation de douceur).
L'acquisition du signe
Sans le signifié, on ne peut comprendre le signifiant ; sans le signifiant, on ne peut exprimer le signifié.
Apprendre une langue, c'est faire sans cesse le chemin du signifiant au signifié (la version) et le chemin du signifié au signifiant (le thème). Une opération ne prévaut pas sur l'autre.
On acquiert une langue en apprenant à distinguer les différents signifiants proches (par exemple, per, mèr, tèr) et les différents signifiés d'un même signifiant (par exemple, mère, mer, maire).
Dans la langue, il n'y a que des différences (Saussure)..
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