Qu'est-ce que vivre conformément à la nature ?
Publié le 11/08/2004
Extrait du document
Vivre conformément à la nature c’est respecter la nature et vivre selon ses principes. Cependant avoir dit cela n’avance guère dans la compréhension de ce que nous saisissons par les principes de la nature. En effet, le sujet de l’interrogation porte juste sur la manière que nous aurons de définir la conformité à la nature. Les rapports à la nature sont les plus diverses et c’est bien ce qui pose problème ici. En vivre conformément à la nature c’est par exemple ce que propose Rousseau mais comprend la nature comme notre nature première par opposition à la corruption de la civilisation ce qui lui voudra le trait moqueur de Voltaire. D’autres par, vivre conformément à la nature c’est peut-être aussi vivre selon les lois que l’on pense venir de la nature. C’est ainsi que Calliclès défend le droit du plus fort au nom du respect des lois de la nature. Enfin, vivre conformément à la nature cela peut se comprendre comme allant d’une attitude écologique à un simple respect de la nature en tant qu’écosystème.
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Rousseau: Sentiment de pitié
1.
La pitiéLa réflexion sur la sociabilité de l'homme conduit Rousseau à insister sur le rôledes sentiments.
Ainsi, le sentiment naturel de la pitié pour nos semblables(Discours sur l'origine de l'inégalité), qui nous pousse à nous identifier à celuiqui souffre, est une manière de nous unir aux autres par affection plutôt quepar intérêt.
La pitié est à l'origine des vertus sociales.
2.
La sincérité du coeurLe sentiment n'est pas limité au caractère sociable de l'homme.
Il est aussibien ce qui nous révèle notre spiritualité, la foi naturelle en une intelligencedivine à laquelle invite l'ordre de l'univers, que ce qui nous permet de déciderdu bien ou du mal, du vrai et du faux.
Ainsi, les connaissances évidentessont, pour Rousseau, celles auxquelles, dans la sincérité de mon coeur, je nepeux refuser mon consentement (Profession de foi du vicaire savoyard).
b) Ceci étant dit, la peine éprouvée dans les différences d'autrui est très variable.
Nous avons tous fait l'expérience de la déception quand un êtreproche n'a pas les mêmes goûts.
Cela provoque parfois des discussionsanimées où chacun essaie de faire passer son goût pour le bon goût.
Maisplus encore, si autrui a des opinions ou des valeurs qui contredisent mes opinions et mes valeurs, que je tiens pour vrai, cela provoque en moi le besoin de le faire changerd'avis.
Peut-être les valeurs et opinions des autres remettent en cause dans leurs différences lesmiennes.
Plus je suis convaincu que ce en quoi je crois est indubitable, plus, semble t-il, je souffre del'existence de croyances différentes.
Ces croyances, ces goûts, ces valeurs peuvent êtreconstitutives de mon identité, de ma personnalité.
L'opposition peut se traduire alors dans un face àface donnant lieu à un conflit ou une incompréhension.
Mais cette souffrance n'implique pas forcémentl'intolérance, c'est-à-dire, le rejet de l'autre.
2.
L'intolérance radicale.
a) L'intolérance est incompatible avec l'indifférence.
Si un homme différent, provoque en moi le sentiment de rejet, c'est que quelque chose en lui interpelle quelque chose en moi.
Sa présence, sonoriginalité met en lumière la relativité de ma propre personnalité.
Par exemple, l'étranger véhicule unnombre de fantasmes impressionnants.
Des mythes se sont construits autour des figures duprotestant au XVI, du juif au XIX et XX, des communistes au XX, des musulmans, des sauvages…Tout ce qui fascine le plus chez l'étranger relève de l'interdit.
Qu'on représente les communistesavaleurs d'enfants n'est sans doute pas anodin.
L'autre est celui qui s'adonne à des pratiques quil'excluent de l'humanité.
On trouverait le même traitement pour toutes les figures de l'intoléranceprécédemment cités.
Donc celui qui est différent est stigmatisé dans sa différence.
On prête àl'étranger, au nouveau venu, des méfaits qu'il n'a pas commis, alors qu'il y a souvent quelque chosede commun qui est nié.
L'autre semblable et différent, semblable dans sa condition humaine, estpoussé en dehors de l'humanité, il devient le pur opposé non de moi mais de l'idéal du moi.
Il incarnele mal, l'interdit tout ce que j'ai pu, dans une perspective psychanalytique, refouler dans l'inconscient.Il devient l'incarnation de pensées inconscientes voire de désirs que je me refuse.
Il faut bien sûrnuancer cette analyse qui est trop simpliste, mais en même temps qui fournit une interprétationintéressante.
b) L'exemple de la différence de cultures, d'opinions remet en question mes propres valeurs et opinions.
Celles-ci deviennent relatives.
L'athée, le bouddhiste, le musulman remet en question lacroyance du chrétien, cela provoque un doute qui lui est insupportable.
Or, comme nous l'avons dit decela ne s'ensuit pas toujours une réaction violente quasi caricature.
Le chrétien, le musulman nemettent systématiquement l'autre en dehors des frontières de l'humanité, car ce sont des religionsqui, faisant du prosélytisme, essaient, au contraire, de convertir l'autre pour le sauver.
Que cettejustification ait servi pour des fins politiques il n'y a pas le moindre doute.
Par ailleurs lesreprésentations de l'autre comme maléfique ne manquent pas.
Toujours est-il que la souffrancegénérée par l'expérience d'une différence trop marquée remettant en cause mes croyances ne conduitpas ipso facto à l'intolérance et c'est ce qui, ici, est essentiel.
c) Cette souffrance n'a pas lieu d'être si l'autre n'est qu'autre, s'il n'est pas un autre moi-même. L'intolérance est le contraire de la souffrance dont il est question dans ce sujet Souffrir que l'autresoit différent c'est conserver un lien de ressemblance et de comparaison.
L'intolérance envers autrui,défini comme un ennemi, assure les relations au sein d'une même communauté.
Il ne s'agit pas de direque l'autre est différent de soi mais d'un peuple, d'une communauté, autre contre lequel il faut lutter.La lutte contre un ennemi commun soude un peuple, elle annihile pour le temps de la lutte ce qu'ilpourrait y avoir de différent au sein même de ce peuple ou de cette communauté.
3.
Cela peut-il se légitimer ?.
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