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Qu'est-ce que le présent ?

Publié le 14/03/2012

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Si le présent est difficile à saisir, c'est que la question du  temps n'est pas sans paradoxe. La pensée en effet comme pur penser  construit des formes stables, fixe des identités. La conscience du  présent relève, elle, de la réalité psychologique dont nous savons les  modes fluents, insaisissables car faits de ponctualités évanescentes.  Par ailleurs, la mesure du temps objectif, celui des horloges et des  calendriers, lui impose ses paramètres et donc, par là, un dispositif  logique qui annule dans ses quantifications l'essence qualitative du  présent. Le savoir de la physique comme la datation historique sont  faits d'ailleurs d'oscillations entre des présents contradictoires.  C'est pourquoi la conscience du présent relève d'une posture double  jusqu'à l'antinomie : d'un côté, le présent comme réalité psychologique  relève d'une conception chronologique et par là vécue d'une manière  linéaire pour le sujet, d'un autre côté la conscience du temps comme  présent et présence relève, elle, d'un usage logique et par là d'une  dimension ontologique. Le temps est par essence qualitatif. Le présent ainsi s'inscrit dans le  fait d'une psychologie individuelle : le sujet de la psychologie saisit  le présent selon le nombre et la complexité d'événements apparaissant à  la conscience sur le mode d'intervalles irréguliers. Le présent  s'inscrit dans le temps comme sens interne, intuition de moi-même.

« pour saisir la logique du temps.

L'être du présent est intentio animi, il n'est pas rupture ou péripétie imprévisible pour laconscience psychologique.

Il y a un présent du passé ou plutôt une présence de l'âme au passé qui est mémoire, une présence de l'âme au présent qui est attention, une présence au futur qui est attente.

Le présent lui sert logique commerègle de transition et présence de l'âme à elle-même surplombée par la présence de Dieu au monde qui lui est éternelprésent.

Sinon nous risquons la dissolution du temps et de l'âme, l'agonie ou le bannissement hors de la création c'est-à-direen fait le néant.

Le temps baudelairien du spleen lui font écho mais sur le mode de la narration lyrique.

L'hymne, l'élégiedisent le temps de notre conscience irrévocable dans l'irréversibilité du temps : elles sont comme des remèdes à la blessuredu temps dans la conscience.

Nous figurons du temps dans la mention des actes et des actions du passé que nous imitons parle langage.

Nous faisons configurer du temps dans les synthèses d'événements ou la totalité signifiante de l'histoire.

Nousrefigurons le présent comme un champ de communication, comme une référence qui prend sens dans une circulation régléedes temporalités et des extases du temps.

Le présent apparaît ainsi pour l'homme comme une initiative qui opère laconjonction, installe un carrefour du temps cosmique, du temps de l'action et du temps de la promesse.

Dans la médiationdu symbole sur la base des ressources de l'imagination et de l'affection le présent prend sens pour nous.

C'est pourquoi leprésent n'a de sens que comme évidence intuitive, il est un temps donné et un temps perçu dans la conscience intime dutemps qui prétend à l'universalité.

Cette prétention est-elle réelle ? Ou si elle le devient, elle exige un donné appréhendédans un ordre selon le mode de la transitivité propre qui caractérise le présent.

Entre de l'antérieur et du postérieur, leprésent est temps senti.

C'est pourquoi on peut dire que le présent vécu et perçu est durée, persistance.

Lorsque jeprononce une phrase de huit syllabes, Deus omnium creator, la conscience du temps est une intention longitudinale qui seplace entre la rétention de la phrase qui s'évanouit et une protension imminente.

Le présent est unité de la durée commemême.

Sa mutation incessante exige un mode de fusion élargie comme l'est la conscience de la mélodie : je la parcours parl'imagination, l'attention se concentre et je me la représente.

C'est dans l'intuition d'une ressemblance que le présent prendvaleur de position dans le temps psychologique, le présent est forme bâtie sur l'alentour obscur d'une imminence.

Il exigeainsi mesure et nombre.

Aussi parlons-nous de temps objectif.

Cette objectivité devient elle-même complexe, puisque nousdevons la quantifier en dehors d'une appréhension subjective.

Comment penser la brièveté inimaginable du temps de laphysique ou le temps macroscopique de l'astrophysique ? Il y a d'ailleurs une simultanéité difficile à saisir entre deux points rapprochés, il n'y a pas de simultanéité entre deux points infiniment éloignés.

C'est pourquoi la mesure du temps impose depenser un continuum spatio-temporel.

Le temps atomique est un temps interstitiel ou le temps universel coordonné relèved'une macroscopie.

Il n'est pas gratuit de signaler que la première mesure du temps se construit sur la régularité de la coursedes corps célestes.

Le présent comme temps interne à la conscience est lisible et visible dans la relation à l'externe.

Il y aune introspection interne et une perception externe qui construit notre présent.

Notons que la conscience du présent n'estpas sans conflit entre un temps psychologique linéaire et vécu par le sujet, un temps cosmique cyclique et un temps religieuximmobile et stationnaire.

La conscience du temps et du présent apparaissait sous la plume de Platon comme une imagemobile de l'éternité.

Le méga instant de l'éternel est durée pure, totalité à laquelle il ne manque rien.

Dieu serait présent àlui-même dans un éternel permanent.

On sent en fait encore ici que le présent est un instant qualifié dans une énonciationqui le désigne comme hic et nunc dans le paraître spatio-temporel.

En fait le présent est la condition de l'apparaître desphénomènes.

Dans la science il est construction comme science des relations.

Il est non empirique inscrit dans unesuccession pure comme une simultanéité pure, il est prééminent comme un possible pensable même sans événement quis'y produisent, il est aussi non discursif et ponctualité dans une grandeur infinie donnée du temps.

Le présent entre dansune constitution objective du temps.

Dans la succession comme dans la simultanéité pure des événements, il estpermanence inhérente à la conscience objective.

C'est pourquoi le présent comme forme devient comme pour le physicienun standard de congruence.

En ce sens il est soumis à la convention d'une métrique constitutive.

Le présent est saisi dansdes relations entre des horloges, des signaux et des distances, le présent n'est que de la simplicité exigée par la mesure.Mais la maîtrise du quantitatif apparaît vite comme la mort du qualitatif.

Certes nous quantifions le temps quand il concernel'objet, les êtres et les choses mais le présent est perception, action, en fait attention du corps et de l'âme à la vie.

Lequantitatif nivelle ainsi les différences, il oublie en fait le présent qui n'est pas un artefact ou un fantôme d'espace.

Laquantification du présent dans la mesure impose de l'extension à la variabilité psychologique.

Car si la vitesse de la lumière,la radioactivité sont pensables pour le physicien dans le langage descriptif des paramètres, que devient l'inquiétude dans le réseau des causalités dont la vertu informative n'a que peu de sens pour le temps humain ? Le psychologique n'est pas lelogique, la conscience intime n'est pas du temps objectif, le sujet n'est pas l'objet, l'âme n'est pas la nature, l'invisible n'estpas le visible.

Le moi vivant est fondu dans une mélodie de la conscience.

Le présent comme durée pure est invention et nonconvention, il est création est non production, il est hétérogénéité et non homogénéité pure.

En fait, le présent est du volitifet de l'émotionnel.

Le cognitif n'en est qu'un mode.

C'est que l'existence à laquelle le présent est lié fait de l'homme unétant particulier pour qui il va de son être dans son être.

C'est pourquoi l'économie du présent y est difficile à saisir.

Le moivivant est inscrit dans une situation affective fondamentale.

Il est dans un monde ambiant avec d'autres « mois » vivants,parmi des ustensiles et des choses à sa disposition.

Il est ouvert à l'historicité.

Le présent n'est pas alors la conscience d'unintervalle ou la cohésion synchrone d'événements et de phénomènes, le présent est constitué dans l'existence d'unsystème de renvois.

Il est étirement dans un laps de temps, animé d'une mutabilité incessante dans la cooccurrence desujets multiples.

Il y subit le poids des choses comme l'être pour la mort qu'est tout cogito blessé par la conscience du temps.

En ce sens il est passivité à l'origine.

Le présent qualifié dans le discours est contaminé par du datable, du tempslapsaire, du temps public : dans cette contrariété on se résigne à vivre son présent, sa finitude mortelle dans l'impuissanceet la contrainte, dans la DECEMBRE 2011 ET JANVIER 2012 5 désolation comme dans la consolation.

La puissance du temps fait. »

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