QU’EST-CE QUE L’ANTHROPOLOGIE PHILOSOPHIQUE ?
Publié le 10/01/2024
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«
INTRODUCTION
QU’EST-CE QUE L’ANTHROPOLOGIE PHILOSOPHIQUE ?
L'anthropologie philosophique est un courant de pensée fondé en Allemagne dans les
années 1920 et 1930.
Elle embrasse en même temps philosophie, anthropologie et sociologie
et a eu une influence déterminante dans le monde intellectuel allemand du XXème siècle.
Ses principaux représentants sont Max Scheler (1874-1928), Helmuth Plessner (18921985) et Arnold Gehlen (1904-1976) sans oublier Kant (1724-1804), en passant par Darwin
(1809-1882) pour comprendre Nietzsche (1844-1900)
L'anthropologie philosophique marqua avant tout un tournant anthropologique décisif
en philosophie et fut également une réponse aux apories de l’historisme allemand.
Le
fondement de sa démarche fut de mettre à profit les enseignements des sciences de la nature et
des sciences humaines pour tenter de cerner les caractéristiques de l’espèce humaine, sa position
spécifique dans le monde face au règne minéral, végétal et animal.
« Jamais dans l'histoire telle que nous la connaissons, l'homme n'a été autant qu'aujourd'hui
un problème pour lui-même »1 Max Scheler
POURQUOI ETUDIER L’ANTHROPOLOGIE PHILOSOPHIQUE ?
L’anthropologie philosophique est un cours parmi les cours de philosophie qui
peut aider les étudiants à avoir des idées claires sur la compréhension de la réalité
humaine.
L’objectif de l’anthropologie philosophique ne cherche tout simplement pas à
expliquer l’homme mais plutôt le comprendre dans sa totalité.
« Expliquer » c’est
« Ek-pluché » = enlever les plumes, détailler les éléments constitutifs d’une réalité,
tandis que « comprendre » c’est recueillir les éléments d’une chose pour en faire
siens.
« Com-prendre » signifie prendre avec soi.
Si l’explication relève de la
connaissance ;
la
compréhension
relève
de
la
reconnaissance
l’interconnaissance.
1
Max SCHELER, La situation de l’homme dans le monde, Paris, éd.
Montagne, 1951, p.
17
voire
Cette discipline veut illuminer la nature de l’homme afin de comprendre sa
nature propre, son essence par rapport à l’animal et à la plante, l’originalité de sa
situation métaphysique, c’est-à-dire sa quiddité, sa quintessence, sa substantialité et
ses valeurs.
Dit autrement, il est primordial qu’il redécouvre son individualité (indivis
c’est-à-dire ce qu’on ne peut pas diviser ou séparer).
Cela nous explique que l’homme
est un mystère tant pour lui-même que pour autrui.
L’homme cherche toujours à savoir
ce qui fait « homme », ce qui fait « être humain ».
PROBLEMATIQUE
Basée sur la question de l’homme, l’anthropologie philosophique tente de
répondre à la question que personne ne peut prétendre trouver une réponse exacte et
précise.
Cette question se présente comme suit : « Qu’est-ce que l’homme ? quelle
est sa situation dans l’être ? ».
C’est la question qui préoccupe dorénavant Max
Scheler.
Jusqu’ici, tous les penseurs se mettent en accord que l’homme est un être
difficile à définir.
Cette difficulté nous permet de consulter des visions différentes.
D’une part, les sociologues définissent l’homme comme un individu parmi tant
d’autres dans la société.
Selon la conception durkheimienne par exemple ; l’homme
ne devient homme que dans et par la société.
La société est donc la première réalité
existentielle de l’homme, elle est la source de sécurité et de joie pour l’individu qui n’est
pas fait pour vivre seul.
L’homme étudié par le darwinisme, d’autre part, est l’homme biologique,
concret, matériel sur lequel on peut faire des mesures, des expériences, des analyses.
De ce fait, l’homme est apparenté aux animaux.
C’est un être vivant qui a des besoins
et des désirs selon la théorie de Maslow.
Il est soumis aux lois de la nature : il naît, se
développe, atteint sa maturité, vieillit et meurt.
La science n’intervient que pour la
dimension corporelle de l’homme.
Or l’homme n’est pas seulement un être biologique mais aussi un être
psychique : il est un corps et âme.
Difficile à étudier, l’homme n’est pas mesurable,
mathématisable, vérifiable par l’expérience, à part son corps.
Les phénomènes
psychiques, sentimentaux et spirituels échappent à l’expérimentation scientifique.
La
science ne peut étudier dans l’homme que ce qui est le plus extérieur c’est-à-dire la
matière.
L’homme est donc un être complexe et supérieur à la matière vivante dont il
se compose.
La conception religieuse, par contre, enseigne que l’homme est parmi l’une des
créatures de Dieu.
C’est Dieu qui est le créateur de toutes choses, de la nature, du
monde, de l’homme.
L’homme est une créature parfaite.
C’est dans cette perfection
que toute réalité prend son existence.
« Dieu créa l’homme à son image, il le créa à
l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.
»
Raison pour laquelle Kant pose cette question trilogique qui s’interpelle : « Que
dois-je faire ? », « Que puis-je savoir ? », « Que m’est-il permis d’espérer ? ».
Cela s’unit dans une seule question : « Qu’est-ce que l’homme ? ».
Grosso modo, la
première question répond au devoir, devoir envers soi-même et envers autrui.
La
notion du devoir est impérative chez Kant.
La seconde répond aux conditions de
possibilités de l’exercice de la raison.
Elle est cruciale et jalonne tout au long de la
réflexion kantienne de la philosophie.
La troisième répond, quant à elle, à la
substitution de la raison par la foi.
(PREFACE DU TRADUCTEUR DE LA SITUATION DE L’HOMME DANS LE
MONDE, Montaigne, 1951)
Le problème de l’homme, qui est au centre des préoccupations philosophiques
de Scheler, et auquel se rattachent plus ou moins directement ses multiples
recherches, ne saurait être résolu, à ses yeux, ni par le naturalisme, ni par le
rationalisme dualiste : il ne faut pas que la liaison intime de l’homme avec la nature
fasse oublier son indépendance vis-à-vis d’elle, ni que l’on exagère cette
indépendance et cette supériorité au point d’arracher l’homme « aux bras maternels »
de la nature ».
Sans doute est-il microcosme, il reprend et concentre en lui toutes les
formes inférieures de l’existence psycho-physique.
Mais il ne doit pas être inclus pour
cela, fût-ce à tire de sommet, dans le tout de l’organisation naturelle ; la différence
entre l’homme et l’animal ou la plante n’est pas seulement de degré mais d’essence.
Le principe transcendant et même, en un sens, opposé aux forces vitales, qui
assure à l’homme une situation métaphysique originale, est l’esprit.
Par lui, l’homme
accède à la sphère de l’existence personnelle.
Or ses attributs en tant que personne
et être spirituel ne peuvent être compris comme des perfectionnement ou des
affinements des formes psychiques antérieures (instinct, mémoire, intelligence
technique) : la liberté, la faculté d’élever à la condition d’objet les « éléments » du
milieu et de « s’ouvrir au monde », la conscience de soi-même, l’actualité pure, sont
autant d’aspects de cette irréductible spiritualité.
Parmi les acres qui la définissent, le
plus remarquable est celui de « l’idéation » ou de l’intuition de l’essence, que
conditionne la réduction phénoménologique, c’est-à-dire la suspension du caractère
de réalité, la séparation de l’existence et de l’essence.
Il faut dès lors rejeter la « théorie
négative de l’homme », qui, sous des formes diverses, représente l’esprit comme le
produit des phénomènes vitaux, ou comme l’effet des processus de refoulement et de
sublimation.
Mais la « théorie classique » ne saurait non plus donner satisfaction, car si
l’esprit y apparaît bien comme une réalité originale, il y est aussi conçu comme
possédant par lui-même la puissance et l’efficacité.
Or l’esprit n’a pas d’énergie propre.
Primitivement, c’est à l’inférieur que la puissance appartient ; le supérieur n’est que
faiblesse.
Et l’esprit ne peut comme tel se réaliser qu’en recourant au dynamisme des
formes inférieures de l’être, auxquelles il apporte en revanche une discipline et ne
direction nouvelles.
De ce point de vue, la vie et l’esprit sont des principes, non pas
hostiles l’un à l’autre, mais réciproquement complémentaire.
C’est en l’homme et par
l’homme que s’est réalisée en partie et peut se réaliser davantage leur naturelle
pénétration.
En d’autres termes, l’homme coopère à la réalisation de Dieu.
Cette
anthropologie d’une divinité conduit en effet à la conception ontologique d’une divinité
en devenir : l’ « Ens a se », dont l’homme prend nécessairement conscience dès qu’il
a conscience de lui-même et du monde, a au moins deux attributions fondamentales :
il est un esprit infini, mais, comme tel, impuissant, il est une pulsion irrationnelle où
s’enracinent l’existence et la vie.
La fusion progressive de ces deux attributs constitue
le sens de cette histoire que nous appelons le monde, et la fin véritable de la destinée
humaine.
Si....
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