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Qu'est-ce que la raison d'Etat ?

Publié le 17/01/2022

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1. Bien comprendre le sujet sur un exemple. La raison d'État est la raison invoquée par des gouvernements autoritaires pour couvrir une injustice ou pour refuser d'apporter la clarté dans une affaire, clarté qui mettrait en danger l'ensemble des institutions autoritaires. Un tel argument suppose que l'individu doit être sacrifié à la collectivité et aussi que la morale qui règle les rapports entre l'État et l'individu (ou l'État et les autres États) est une morale d'un type différent de celle qui règle les rapports entre les individus.

2. Un exemple excellent sera celui de l'affaire Dreyfus : l'argument le plus couramment donné par les adversaires de Dreyfus était que la révision du procès jetterait le discrédit sur le personnel gouvernemental et militaire de l'époque.

3. Les gouvernements totalitaires ont abondamment utilisé la raison d'État pour justifier leurs sévices : aussi la critique de la raison d'État aboutit nécessairement à une prise de parti en faveur de la démocratie.

Préambule. — Caractère magique de l'État primitif auquel succède un État rationalisé mais comportant des impératifs que la raison ne doit pas analyser par exemple l'intérêt supérieur de l'État.

1er partie: Justification de la raison d'État:

1. Exemple.
2. Les droits de la collectivité et ceux de l'individu.
3. Le machiavélisme.

2e partie : L'État ne peut pas avoir d'autres raisons que l'individu :

1. Le fondement de la morale est commun à l'État et à l'individu.
2. Si une injustice protège l'État, c'est que l'État est fondé sur une injustice.
3. Évolution vers la démocratie : rôle de la critique et de la prise de conscience.
4. La dictature de la démocratie ne se confond pas avec la raison d'État.

Conclusion. — Conditions à réaliser pour qu'une démocratie véritable se trouve instaurée.

« La raisonnabilité de l'Etat ne serait elle que chimère, ruse de sa déraison constitutive, de son aveugle violence?Pourtant, il semble y avoir État et Etat, tout n'est pas semblable à tout. Quoiqu'il en soit, le mérite des thèses anarchistes est de nous avoir inverti.

Plus que jamais il nous faut éviter la"prévention" et la "précipitation": sous des apparences angéliques (quel État oserait se dire explicitementdespotique?) se cachent peut être "le plus froid des monstres froids" évoqué plus haut. Seconde partie: caractérisation de la déraison de l'état "par excès de raisons. Inquiété par le devenir d'une Cité qu'il juge décadente, par la faute du perspectivisme de la sophistique (sur lequelnous reviendrons brièvement), Platon écrit la "République", sorte de cité idéale, point de vue de Sirius afin de mieuxétalonner et hiérarchiser les gouvernements existants (Sparte, Athènes, etc ...

).

Le droit devant juger du fait, ledevoir être ce qui est.

Rousseau retiendra la leçon... La question qui structure la "République" est celle de la justice, interrogation à entendre à la fois d'une oreilleanthropologique, politique et cosmique.

Platon souligne que le "bon État" est le modèle agrandi de l'homme juste.

Ils'agit donc de savoir ce qu'est un sage (notamment par le mythe du "char ailé").

Est juste, celui en qui les troisparties de l'âme (le Thumos, l'Epithumia et le Logos) occupent le rôle prescrit par leur nature.

A cette tripartitionharmonieuse correspond les trois vertus cardinales du philosophe: la volonté, la tempérance et la sagesse, raisonéclairée.

C'est la raison (tête) qui doit commander par le biais du courage (coeur) les impétueux et impérieux désirsdu (bas ) ventre, si prompts à nous aveugler sur le bon ou le nuisible en ce qui concerne notre existence: unventre affamé n'a point d'oreilles dit on. Par reflet et agrandissement, l'Etat obéit au même schéma trinitaire: aux trois vertus correspondent trois classes.

Asavoir, celle d' « or », les archontes, ceux qui savent; celle d' « argent » les guerriers, auxiliaires précieux; celle d'« airain », les agriculteurs, condamnés à l'obéissance.

Comme pour l'âme, ce sont les sages qui grâce au concoursdes guerriers doivent diriger les agriculteurs. Aussi, Sparte est elle une mauvaise cité en ce que ce sont les guerriers qui dirigent les affaires.

De même, un Étatoù le peuple serait au pouvoir (démocratie) s'avérerait funeste et non viable. On l'aura compris la république platonicienne est aristocratique et très hiérarchisée, ou selon les termes de KarlPopper: "close".

Comme pour une statue, ce qui importe, c'est l'harmonie globale et non la plus ou moins grandebeauté de l'une des parties.

Aussi, l'individu n'a que peu d'importance; ce qui compte, c'est la cohésion dutout social.

Cette absence de prise en compte de l'individu amène Platon à prôner un communisme total et à nierles libertés individuelles au nom de la "raison d'Etat" Pour s'en convaincre, il n'est qu'à relire les pages du livre X dela "République" relatives au choix du partenaire sexuel par un tirage au sort truqué ou à l'éducation des enfants néd'airain... Popper cité plus haut dans son ouvrage "La société ouverte et ses ennemis" dénoncera l'Etat platonicien commela préfiguration du totalitarisme, la première expression de la statolâtrie.

En effet, la "République" représente l' "Etatsavant", seul détenteur d'une vérité (officielle), accessible à quelques "happy fews", à ces sectateurs de l'Idée àces âmes bien nées spectatrices d'un soleil radieux et intelligible.

A ce stade de notre travail, nous revient en l'espritl'avertissement des anarchistes. Si Platon pouvait, au premier abord, se présenter comme l'heureux théoricien de la rationalisation de l'Etat, sonentreprise, "par excès de raisons", et par là même si encline à recourir à la "raison d'État", se révèle être despotique,et bien peu apte à respecter les libertés individuelles. En revanche, ne faudrait il pas réhabiliter ces sophistes, si décriés par une tradition platonicienne.

Le fameux"l'homme est la mesure de toutes choses" de Protagoras ne peut il pas être entendu de façon démocratique, àsavoir que le politique et ses lois (nomos) sont anthropocentrés, affaires humaines.

Cet éloignement du divin, tel estl'humanisme et la modernité politiques des sophistes.

Le Pnyx faisant face à l'Acropole, deux "topos" différents, deuxordres distincts.. C'est à un même "excès de raisons", un "ultra ou métarationalisme" pourrions nous dire que nous convie lesthéoriciens du droit divin: Suarez, Frid ou encore Bossuet. Pour ces penseurs, le pouvoir civil trouve une garantie, une légitimité absolues: Dieu.

Cette conception fait écho àla phrase de Saint Paul: "Il n'est pas d'autorité qui ne vienne de Dieu". Qu'est ce à dire? Dieu, certes, n'intervient pas dans le choix des gouvernants, mais ceux ci tirent leur autorité delui.

On se souvient de l'augustinisme politique qui distinguait la "cité des hommes" et la "cité de Dieu" et l'on sait quela première devait se faire le glaive de la seconde. De là, plusieurs remarques peuvent être faites: D'abord, la théorie du droit divin aboutit à une conception absolutiste de l'Etat.

En effet, quiconque se rebellecontre l'ordre établi, se rebelle contre Dieu lui même.

La "raison d'Etat" (forme de la déraison étatique) se mue en. »

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