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Qu'est-ce que avoir de la tenue ? Valeur et rôle de la tenue dans la vie individuelle et dans la vie sociale.

Publié le 27/02/2008

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C'est de la tenue ainsi comprise que nous allons parler. A. Relevons avant tout l'essentiel de la tenue : trop souvent, en effet, on prend pour de la tenue ce qui n'en est que la contrefaçon. a) Le mot lui-même nous indique en quoi elle consiste :,avoir de.la tenue, c'est se tenir : la tenue est avant tout la maîtrise de soi. À chaque instant, des forces diverses agissent sur nous, qui, si nous ne les réprimons pas, provoqueront des actions hors de propos : c'est affaire de tenue de se retenir ou de se contenir. La retenue consiste dans une habitude de contrôler toutes ses paroles et tous ses gestes ; de manière à n'en laisser échapper aucun malgré soi. Au contraire, on perd contenance quand on ne peut plus réprimer un mouvement qu'on juge inopportun. De plus, la continuité de l'effort lasse. Après s'être tenu durant un temps, on éprouve le besoin et comme une sorte de prurit de changer.

« sur le gazon.

A table, le manque de tenue consistera principalement à négliger les règles du savoir-vivre, non parignorance, mais par sans-gêne ou par une ignorance résultant du sans-gêne. c) La tenue se manifeste aussi dans les paroles : être maître de sa langue est une maîtrise plus importante encoreet plus difficile que celle de ses mains.

Elle consiste tout d'abord à proscrire rigoureusement tous les termesgrossiers; ensuite à ne parler qu'à bon escient, lorsque les circonstances demandent ou autorisent notreintervention; enfin, à conserver dans nos relations avec les autres les distances nécessaires : il est des familiaritésdéplacées avec des inférieurs tout aussi bien qu'avec des supérieurs.En définitive, avoir de la tenue, c'est se diriger d'après sa seule raison, sans céder aux impulsions irréfléchies etsurtout égoïstes, songeant constamment au sérieux de la vie et soucieux de ne pas gêner ceux avec qui nousvivons. II.

RÔLE ET VALEUR DE LA TENUE. Il est sans doute une tenue qui n'est qu'hypocrisie : c'est celle du chef qui, devant ses inférieurs, se fait un masquede dignité qu'il rejette en pouffant de rire dès que la cérémonie est finie.

Mais, après ce que nous avons dit, nous nepouvons considérer ce comportement comme un genre de tenue : l'homme qui a de la tenue se tient tout au long desa vie, et la vraie tenue joue un rôle des plus bienfaisants.A.

Du point de vue de la vie en société, la tenue contribue à l'agrément des rapports entre les hommes et à leurestime réciproque.a) La tenue implique, en effet, l'observation intelligente mais délicate des règles du savoir-vivre et de la politesse.Or, on sait le malaise qu'occasionne dans une société, bien élevée la grossièreté d'un seul.b) Mais; nous l'avons dit, la tenue n'est pas seulement l'exacte observation des règles du savoir-vivre.

Elle consisteessentiellement dans la proscription du sans-gêne.

Or, c'est le sans-gêne qui est la cause principale des aversionsque nous éprouvons pour les autres.

Dans une société d'individus soucieux de ne pas gêner leurs compagnons etprenant toujours la gêne pour eux, il n'y a pas de frictions à craindre.c) Enfin, l'esprit de la tenue véritable est fait de respect de la personne humaine.

Quelle plus grande satisfactionpouvons-nous donner à ceux que nous fréquentons que l'impression d'être respectés ? Est-il un sentiment plusbienfaisant pour eux que de se sentir respectables ? Un groupement dans lequel régnerait ce respect mutueldeviendrait rapidement digne du plus grand respect. B.

Mais s'il est difficile de transformer toute une société, il est relativement facile de se transformer soi-même et, dupoint de vue personnel, la tenue, même la tenue extérieure, est un facteur puissant de moralité-, un moyen depremier ordre de perfection. a) Tout d'abord, dans l'acquisition d'une bonne tenue, la volonté se fortifie.

Cette attention constante à soi, cecontrôle de tous ses actes, fait qu'à aucun instant nous ne sommes à la merci de l'impression du moment : grâce ausouci de la tenue, la volonté devient un instrument souple du devoir. b) Ensuite et surtout, la tenue extérieure est comme l'armature de notre vie intérieure, et celui qui, par respect dela dignité humaine, aura pris l'habitude de se bien tenir extérieurement ne manquera pas de tenue intérieure :habitué à se gêner, il aura l'esprit de sacrifice; ne se permettant pas un mot grossier ou malicieux, il sera distinguéet charitable jusque dans ses pensées les plus intimes.

Le souci de la tenue extérieure aboutira en lui à unetransformation totale. CONCLUSION.

— La tenue est donc toute autre chose qu'une simple affaire d'usages et de convenances : la vie morale des individus en dépend; elle fait l'atmosphère générale du milieu dans lequel nous vivons, et, suivant latenue de ceux qui nous entourent, nous sentons se développer en nous l'esprit de jouissance égoïste ou le sens dudevoir et du sacrifice.

C'est la constance de nos efforts pour satisfaire aux petites exigences de la tenue qui nouspermettra de faire face aux plus graves obligations de la vie.. »

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