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Qu'est-ce qu'agir librement ?

Publié le 26/01/2005

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  La faiblesse de la raison vide cette liberté de tout sens. a) Définir l'être humain comme un « animal rationnel » est peut-être quelque peu simpliste, tant la raison semble finalement impuissante. Elle ne peut même pas se fournir ses propres principes, qui viennent du « coeur » (de l'intuition), or comme l'affirme Pascal, « le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point » (Pascal, Pensées, 423, édition Lafuma). Ainsi, « Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment. (...) La raison s'offre mais elle est ployable à tous sens. Et ainsi il n'y en a point. » (Pascal, Pensées, 530, édition Lafuma). b) Si donc il n'y a pas de raison, qu'est-ce qui fait la différence entre une action libre et une action sans liberté ? Peut-être n'est-ce qu'un sentiment illusoire : celui d'avoir décidé. Agir librement, c'est agir tel que le font ces hommes qui sont « conscients de leurs actions et inconscients des causes qui les déterminent.

« bien dans l'acte volontaire par lequel je donne mon assentiment ou je le refuse.

Nous serons donc d'autant pluslibres que nous agirons en raison, c'est-à-dire en connaissance de cause.

Plus la connaissance des conséquences etdes effets de nos actes nous est claire, plus notre volonté trouve de facilité à s'exercer dans ses jugements.

Si lavolonté est une puissance infinie, la raison en est le seul guide pour la bien conduire.

c) Cette liberté humaine se concrétise chez Aristote dans la plus haute des vertus : la prudence ( phronesis ). Aristote la définit comme « une disposition pratique, accompagnée d'une règle vraie, concernant ce qui est bon etmauvais pour l'homme » ( Ethique à Nicomaque , livre VI, chapitre 5, 1140b5) Le juste milieu doit être à chaque fois déterminé selon la situation.

Il est la fin que vise la volonté, mais il fautencore réfléchir aux meilleurs moyens de l'atteindre.

Je puis avoir la ferme volonté d'être juste sans savoir quoi fairepour l'être.

C'est à l'intelligence pratique, qui regarde les choses particulières et changeantes, que revient cette tâchedélicate ; sa vertu, intellectuelle, est la prudence.

« La vertu morale assure la rectitude du but que nouspoursuivons, et la prudence celle des moyens pour y parvenir.

» La prudence apparaît ainsi comme la vertu par excellence du juge, qui, à partir d'un précepte général, doitdéterminer le juste dans le cas particulier, et faire preuve d'équité – pour éviter que l'application aveugle de lajustice n'aboutisse à l'injustice.

Ici, point de démonstration ni d'exactitude ; il s'agit de choses humaines, plusieurssolutions sont défendables.

La prudence demande de l'expérience ; c'est pourquoi si l'on peut être mathématicien àdouze ans, on ne peut être un « homme sage » avant d'avoir beaucoup vécu.

Transition : Peut-on cependant accorder tant de crédit à la raison ? La faiblesse de la raison vide cette liberté de tout sens.

2. a) Définir l'être humain comme un « animal rationnel » est peut-être quelque peu simpliste, tant la raison semblefinalement impuissante.

Elle ne peut même pas se fournir ses propres principes, qui viennent du « cœur » (del'intuition), or comme l'affirme Pascal, « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » (Pascal , Pensées , 423, édition Lafuma).

Ainsi, « Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment.

(…) La raison s'offre mais elle estployable à tous sens.

Et ainsi il n'y en a point.

» (Pascal , Pensées , 530, édition Lafuma). b) Si donc il n'y a pas de raison, qu'est-ce qui fait la différence entre uneaction libre et une action sans liberté ? Peut-être n'est-ce qu'un sentimentillusoire : celui d'avoir décidé.

Agir librement, c'est agir tel que le font ceshommes qui sont « conscients de leurs actions et inconscients des causes quiles déterminent.

» (Spinoza, Ethique , II, proposition 35, scolie). LA LIBERTÉ ET L'ILLUSION"Les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs volitions etde leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui lesdisposent à désirer et à vouloir, parce qu'ils les ignorent." Spinoza, Éthique, I,Appendice, 1677.L'homme se croit libre parce qu'il est conscient de ses désirs mais le plussouvent il est incapable de justifier rationnellement ses actes.

De ce fait, saliberté est illusoire.

Cependant, cela ne signifie pas que l'être humain estabsolument déterminé.

Pour Spinoza, il ne s'agit pas d'imposer une rationalitétriomphante mais de démontrer que la liberté telle qu'elle est conçuehabituellement est un sentiment et non une connaissance, tout en suggérantque seule la conscience de la passion peut conduire le sujet vers uneauthentique liberté. c) Mais peut-être aussi que cette illusion de la liberté a un sens pour l'homme : si l'homme y tient tant, cela pourraitêtre parce qu'elle flatte son orgueil en lui donnant l'impression qu'il est capable de s'élever au-dessus de l'animalité.Agir librement, ce serait alors agir en se donnant l'impression d'être quelqu'un d'exceptionnel.

Transition : Pourtant, l'existence de la morale ne doit-elle pas nous pousser à accepter l'idée de la liberté ? La raison n'est qu'un guide vers la morale, qui seule nous permet d'agir librement.

3. a) Quoi qu'en dise Spinoza, le fait que nous ayons une conscience morale nous montre que nous sommes capablesde liberté.

Comme Kant l'affirme dans la Critique de la raison pratique , « La loi morale est donnée comme un fait de la Raison dont nous sommes conscients a priori et qui est apodictiquement certain, en supposant même qu'on ne puisse alléguer dans l'expérience aucun exemple où elle ait été exclusivement suivie.

» Or le devoir moral n'a de sensque si l'homme est libre, car il n'y aurait aucun mérite moral à agir moralement si cela n'exigeait pas de l'homme qu'ilaille à l'encontre de ses inclinations.

Si nous sommes soumis aux passions, comme les animaux, notre raison nouspermet de nous en extirper.

Si la raison est faible, c'est parce que nous sommes libres et qu'il n'appartient qu'à nous. »

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