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Qu'est-ce donc que le temps ? - SAINT AUGUSTIN

Publié le 09/01/2020

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temps
Comment saisir l'être du temps, et, par voie de conséquence, celui de ses trois moments : passé, présent, futur? On ne peut pas dire qu'ils ne sont rien, et pourtant, ils sont sans actualité. Même le présent cesse d'être ce qu'il est au moment même où il est. Augustin adresse ces questions à Dieu.
En aucun temps vous n’êtes donc resté sans rien faire, car vous aviez fait le temps lui-même. Et nul temps ne vous est coétemel parce que vous demeurez immuablement; si le temps demeurait ainsi, il ne serait pas le temps. Qu’est-ce en effet que le temps ? Qui serait capable de l’expliquer facilement et brièvement? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour exprimer par des mots l’idée qu’il s’en fait? Est-il cependant notion plus familière et plus connue dont nous usions en parlant ? Quand nous en parlons, nous comprenons sans doute ce que nous disons; nous comprenons aussi, si nous entendons un autre en parler. Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n’y aurait pas de temps passé; que si rien n’arrivait, il n’y aurait pas de temps à venir; que si rien n’était, il n’y aurait pas de temps présent.
Comment donc, ces deux temps, le passé et l’avenir, sont-ils puisque le passé n’est plus et que l’avenir n’est pas encore? Quant au présent, s’il était toujours présent, s’il n’allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l’éternité. Donc si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu’il est aussi, lui qui ne peut être qu’en cessant d’être? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c’est qu’il tend à n’être plus.
Saint Augustin, Confessions, livre XI, chap. XIV, trad. J. Trabucco, Éd. Garnier-Flammarion, 1964, p. 264.



temps

« Qu'est -ce donc que le temps? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l'e xpliq uer, je ne le sais plus .

Pourtant, je le déclare hardime nt, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps passé; que si rien n'arr i­ vait, il n'y aurait pas de temps à ven ir; que si rie n n'était, il n'y aurait pas de temps présent.

Comment donc, ces deux temps, le passé et l'a ven ir, sont-ils puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas enco re? Quant au présent, s'il étainouj our s présen t, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il sera it l'étern ité.

Don c si le présent, pour être du temps, doit rejo indre le pas sé, com ment pouvo ns-no us déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être? Si bien que ce qui nous autorise à affi r­ me r que le temps est, c'est qu'i l tend à n'être plus.

SAINT AUO~IN, Confessions, livre XI, chap.

XIV, trad.

J.

Trabucc o, Ed.

Garnier-Flammarion , 1964, p.

264 .

F'OUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Il est très clair ici que l'enquête du phil osophe sur le temps s'articule directement autour d'ufiê interrogation ontologique .

L'a uteur se demande en effet tou t d'abord si le temps est, puis comment il est.

Ces quest ions se renfor­ cent par une méditation sur l'être des tro is moments du temps .

Le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore, le présent n'est pas tou jours présent .

Ils ne sont donc pas à propre ­ ment par ler.

Pourtant, aucun d'en tre eu x n'est un pur néant, pu isque de fait, des événements surviennent.

je peux raconter les événemen ts passés -qui ne sont donc pas à jamais perdus -et je peux prédire d'une certaine manière l'avenir -auq uel je ne suis pas absolument étranger.

Les moments du temps tou t à la fois existent et n'existent pas.

Après avoi r form ulé ce difficile constat.

Augustin se livrera à une réflex ion posit ive sur cette moda­ lité très particulière d'existence (voir texte 5).. »

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