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Quels sont les rapports entre religion et raison ?

Publié le 07/02/2005

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Mais Dieu échappe à ce mode de connaissance. Il serait vain, pour Pascal, de prétendre en démontrer l'existence. C'est le coeur qui «sent» Dieu. La foi est donc une connaissance immédiate et trop subtile pour pouvoir être argumentée.* La raison peut néanmoins être mise au service de la foi, de façon indirecte: c'est la célèbre théorie du «pari» pascalien, visant à convertir les incroyants. II montre que l'homme a beaucoup à gagner en croyant, et, réciproquement qu'il n'a rien à gagner en en croyant pas. Il est donc, en pratique, raisonnable de croire en Dieu, même si ce n'est pas rationnel, et n'a pas besoin de l'être.  CROYANCE : Acte de confiance, conduisant à tenir pour vrai, pour bon ou pour juste une proposition ou un être. Doit être opposée au savoir, en ce que celui-ci résulte d'une connaissance rationnelle de l'objet. La raison rejoint la croyance religieuse.
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« « Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vosdéductions, vous dites que l'homme ne saurait absolument pas se passer de laconsolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il nesupporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle.

Oui, cela est vrai del'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux -ou le doux et amer-poison.

Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété? Peut-être celui quine souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celle-ci.

Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile; ilsera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble del'univers; il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soinsd'une providence bénévole.

Il se trouvera dans la même situation qu'un enfantqui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud.Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé? L'homme nepeut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dansl'univers hostile.

On peut appeler cela « l'éducation en vue de la réalité »; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, estd'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès? » FREUD. D'origine juive, mais formé à l'école de la philosophie des Lumières, du darwinisme et de l'hellénisme, Freud s'est très vite démarqué de la religiosité de sa famille.

C'est, de son propreaveu, ses réflexions sur l'origine de la culture qui l'ont amené à rencontrer le phénomène religieux .

« Totem & Tabou» (1913), « Malaise dans la civilisation » (1930), « Moise & le Monothéisme » (1934), « L'avenir d'une illusion »(1927)., autant d'oeuvres qui témoignent de l'intérêt de Freud pour la religion.Dans cet ouvrage, Freud affirme que ce serait l'angoisse de l'homme devant la nature toute-puissante, angoisseanalogue à celle de l'enfant, qui aurait engendré, en quelque sorte, le comportement religieux.

En personnifiant lesforces naturelles sous formes d'êtres supérieurs, parfois terrifiants, mais pourvus d'une volonté semblable à celle deshommes, en attribuant aux dieux les caractères que l'enfant attribue au père, les hommes auraient cherché àexorciser l'angoisse due à la cruauté de la nature.La première fonction de la religion serait donc d'humaniser la nature, de protéger l'homme contre celle-ci.

Mais,humaniser la nature, c'est aussi la tâche de la civilisation.

Or, si celle-ci rend la nature plus supportable, elle imposenéanmoins à l'homme des privations et des souffrances qui, à leur tour, suscitent l'anxiété et le besoin d'undédommagement ou d'une consolation.

La religion aurait donc aussi pour objectif de protéger l'homme contre « lesdommages causés par la société humaine ».

Ainsi la religion serait une satisfaction de notre désir archaïque d'êtreprotégé et aimé.Mais la religion apporte-t-elle vraiment une réponse à l'angoisse de l'humanité ? D'où les idées religieuses, qui nereposent ni sur l'expérience ni sur la raison, tirent-elles leur force, sinon de nos désirs d'un univers ordonné danslequel l'angoisse peut être rendue supportable ? La religion n'est-elle donc pas une croyance conforme à nos désirs,cad une illusion ? Ne nous enferme-t-elle pas dans l'infantilisme ? Ne serait-il pas préférable que les hommesaffrontent la réalité sans le secours de la religion ? Ne faut-il pas, en particulier, désacraliser les interdits sociaux demanière à ce que les hommes, comprenant les nécessités de la vie sociale, supportent mieux « la pression qu'exercesur eux la civilisation » ? L'essai d'une éducation non religieuse ne vaut-il pas la peine d'être tenté ?Telles sont les questions que Freud examine à partir du chapitre IV de « L'avenir d'une illusion », au cours d'undialogue entre lui et un contradicteur imaginaire.

Le texte étudié est un plaidoyer pour une éducation sans religion. Commentaire du texte. I.

Ce que Freud met en cause est la thèse exprimée par un contradicteur (supposé) : l'homme ne saurait se passerde la consolation qu'apporte l'illusion religieuse.II.

Mais la réponse apportée doit varier, en oui ou en non, selon le type d'éducation donnée à l'enfant.III.

Jusqu'à présent la réponse est oui, mais on peut d'ores et déjà envisager la nouvelle situation qui résultera pourl'homme, d'une « éducation en vue de la réalité ».IV.

Car dépasser le stade de l'infantilisme est un progrès possible que Freud appelle de ses voeux. I.

La discussion déjà engagée antérieurement (« lorsque poursuivant vos déduction ») se relance avec le « ainsi »qui ouvre le texte où chacun est le contradicteur de l'autre.La thèse adverse est rapportée clairement : « L'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation quelui apporte l'illusion religieuse ».

Mais Freud est en désaccord avec une telle position et la suite du texte vapermettre à Freud de retourner cette thèse : l'homme pourrait vivre sans « l'illusion religieuse » non pas en partantde la réalité d'aujourd'hui mais en l'inscrivant comme programme éducatif d'une société adulte à venir. II.

Cependant, c'est Freud, par le procédé littéraire du pseudo-dialogue, qui est bien sûr amené à rédiger la thèse deson contradicteur.

Aussi dans la formulation on retrouve le vocabulaire Freudien.

Plus particulièrement le termed'illusion.Une telle notion n'est pas remise en cause : l'illusion religieuse est bien une croyance dans laquelle domine laréalisation d'un désir.

L'illusion religieuse est bien le moyen pour l'homme civilisé de supporter « le poids de la vie »,de compenser « la réalité cruelle ».

Ceci est la thèse même de Freud, acceptée par son contradicteur supposé.

Ce. »

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