Quels sont les rapports entre morale et politique dans l'Antiquité ?
Publié le 23/03/2015
Extrait du document
«
morale.
Dès ce départ, la morale est étroitement liée à la politique.
Car
si Socrate questionne ainsi ses concitoyens, selon Platon, c'est parce
que, dénué de la véritable connaissance sur ce qu'est la justice, aucun
homme
ne peut véritablement posséder la politique comme une scien
ce.
Tout au plus, comme certains grands hommes, parmi lesquels Platon
compte
Périclès ou Aristide, dit le Juste, peuvent-ils en avoir une opi
nion droite qui permet d'agit, mais non de transmettre et d'enseigner
les racines d'une véritable action politique juste.
Car le danger, comme le met en valeur le Gorgias et en particulier le
dialogue final entre Calliclès et Socrate, c'est la politique sans morale,
sans référence autre que
le pur intérêt qui se déguise sous la théorie de
la loi du plus fort.
Plus généralement, l'attaque platonicienne contre le
sophiste interroge sur le bien-fondé d'un enseignement - la rhétorique
-
qui ne serait que formel.
Il semble bien que, née au V' siècle en plein épanouissement de la
démocratie, la sophistique, dans les rares témoignages qui en ont été
laissés, semble avoir souligné la nature purement conventionnelle des
règles
et des lois humaines.
C'est ce qu'illustre la formule de
Protagoras:« L'homme est la mesure de toute chose, de ce qu'elles sont
pour
celles qui sont, de ce qu'elles ne sont pas, pour celles qui ne sont
pas.
» L'abstention de jugement de ce même sophiste sur l'existence
des dieux fait
de cette pensée une destructrice de valeurs morales.
La
sophistique, surtout au IV' siècle, aboutit à faire de toute activité
humaine
une construction de pur artifice, dont la politique.
Tout est
langage, soumis aux règles du langage, lequel crée seul de la cohérence.
Dans cette théorisation, qui n'est autre que l'illustration sur le plan
moral de la démocratie où les points de vue s'affrontent en restant tous
égaux, les valeurs morales semblent réduites à néant.
Alors que Platon lie de la manière la plus étroite politique et morale, au
point qu'il n'existe pas véritablement de morale chez lui, les sophistes,
dans
les cités grecques où le discours est l'un des moyens essentiels de
la politique, instaurent la différence maximale entre les deux domaines.
On peut donc comprendre qu'apparaissent alors de véritables morales,
dissociées de
la préoccupation politique, dans les philosophies posté
rieures, contemporaines
de l'instauration des grands royaumes hellé
nistiques.
La disparition de l'importance vitale de la politique dans la
vie des citoyens, désormais intégrés, entraîne la naissance de la morale
comme
si l'action de l'homme, qui pouvait auparavant s'étendre à l'en
tier de
la communauté, devait désormais se restreindre à lui-même.
La
morale apparaît ainsi comme un renoncement à la politique.
C'est
ce qu'illustrent aussi bien le stoïcisme et l'épicurisme.
Le stoïcis
me permet à l'homme qui se soumet aux événements envisagés
comme
issus du rationalisme universel d'échapper à la contrainte des
-203-.
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