Devoir de Philosophie

Quels rapports y a-t-il entre le jugement et la volonté ?

Publié le 21/02/2004

Extrait du document

Ce n'est pas possible ! Son nom y figure. Aussitôt il se voit reçu, et cependant il hésite encore : il doit contrôler qu'il n'a pas la berlue, purger son esprit d'images contraires qui l'obstruent; après seulement il considérera son succès comme réel; le jugement aura atteint sa forme parfaite. Comme le suggère déjà cet exemple, les deux éléments que nous avons distingués dans l'opération du jugement sont, dans une certaine mesure, indépendants l'un de l'autre. Et d'abord il nous arrive fréquemment d'avoir l'intuition d'un rapport sans l'affirmer, l'esprit se contentant en quelque sorte de refléter passivement ce qui s'offre à lui sans y donner son adhésion ni d'ailleurs la refuser. Ordinairement, ce fait s'explique par le caractère inattendu de l'événement dont nous sommes les témoins. Nous ne percevons bien que les objets préperçus; de même, il ne suffit pas d'une vue de l'esprit pour que le jugement soit assuré; il y faut aussi une sorte d'accoutumance accompagnée d'un certain sentiment de familiarité. Lorsqu'une constatation contredit trop fortement l'attente résultant de nos habitudes, de nos désirs ou de nos passions, nous ne pouvons pas intégrer immédiatement le fait observé au nombre des choses tenues pour réelles. C'est le cas de l'écolier donné en exemple et celui, bien plus courant, du candidat confiant en soi qui, ne trouvant pas son nom sur la liste des admissibles, ne peut pas en croire ses yeux. Parfois aussi cet arrêt du jugement au stade de l'intuition est dû à la distraction. Captivés par l'intérêt d'un autre objet qui accapare presque toute notre attention ou incapables de nous rendre attentifs par suite soit d'une fatigue passagère, soit d'un état morbide, nous constatons certains faits sans y croire guère plus qu'aux créations imaginaires de notre esprit.

« En préparant la réponse à la première question, nous avons déblayé le terrain pour la seconde et nous pourrons êtreplus brefs pour décider si la volonté est déterminée par le jugement.On entend par volonté le pouvoir d'agir rationnellement, c'est-à-dire d'après des motifs ou des raisons, et non passeulement sous l'influence, de mobiles ou de causes.

L'animal est mené par les impulsions inconscientes etirréfléchies de l'instinct et des appétits.

L'homme, un contraire, est capable de prendre conscience des attraits etdes répulsions qu'il éprouve, de les juger et de se décider d'après les appréciations de sa raison.Il est classique de distinguer dans l'acte volontaire ou volition quatre moments : la conception de l'acte à accomplir,la délibération, la décision et l'exécution.

Mais, étant donné notre propos, nous pouvons ramener ces moments àdeux, qui correspondent aux deux éléments que nous avons distingués dans le jugement; d'abord la vue et l'examendes raisons, puis la décision.Ce sont là deux actes distincts et relativement indépendants l'un de l'autre.

Nous connaissons des individus à l'espritpénétrant qui ont vite aperçu les raisons d'un choix, mais n'en sont pas moins incapables de passer à l'action : ilsont du jugement, mais ils manquent de volonté.

D'autres savent prendre leurs responsabilités quand la situation estclaire, mais eux aussi restent souvent dans l'indécision parce que facilement la situation leur paraît obscure : ils nemanquent pas de volonté, mais d'intelligence.

Il est enfin une troisième catégorie de gens qui ne savent pas vouloir,parce que précisément ils se décident trop vite, avant d'avoir vu les raisons de leur décision : l'impulsion qui manqueaux abouliques se trouve chez eux en excès; ce ne sont cependant pas de vrais volontaires, car la volonté consisteà agir par raison et leurs décisions sont déterminées par le prurit d'agir et non par des motifs rationnels.De ces deux moments que nous venons de distinguer dans l'acte volontaire, le moment essentiel est la décision : ladécouverte et l'examen des motifs préparent ou conditionnent la volition, mais ne la constituent pas.Nous avons ainsi la réponse implicite à la question posée : il n'y a pas d'acte volontaire sans un jugement affirmantles raisons d'agir; mais il ne suffit pas de juger qu'une action est raisonnable ou même avantageuse pour que ladécision suive automatiquement; il y faut de plus ce mystérieux déclenchement donné par la volonté.C'est encore par la négative que nous répondrons à la seconde des questions que nous nous étions posées : lejugement ne détermine pas la volition.Le jugement et la volition relèvent donc de facultés différentes, mais nous devons reconnaître entre elles uneétroite parenté.En tant que faculté de jugement, l'intelligence n'est pas un simple pouvoir de se représenter, comparable au miroirqui reflète passivement les objets qui se présentent à lui, sans les transformer.

Même chez l'aboulique qui voit lerapport des choses sans l'affirmer et sans y croire, l'esprit conserve une certaine activité.

Ce rapport ne lui est pasdonné.

: il doit l'établir.

Des termes juxtaposés il fait une synthèse.

Tout jugement est donc actif el comme c'est laraison qu'il met en jeu, nous pouvons lui reconnaître une certaine volonté.D'autre part, nous l'avons assez dit, la volonté n'est pas seulement la faculté d'agir : elle est la faculté d'agirrationnellement et une volonté lie mérite le qualificatif de « forte » que dans la mesure où sa force s'appuie sur desraisons.Nous pouvons donc conclure que le jugement et la volonté sont deux pouvoirs d'un même et unique esprit qu'onretrouve tout entier, quoique à des degrés divers, dans chacun de ses actes.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles