Quels rapports voyez-vous entre l'attente et l'attention ?
Publié le 10/06/2009
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(Préparation du sujet). L'attente présente des formes infiniment variées donc tenter, par un classement de faits, de mettre en lumière les traits communs et essentiels, pour éliminer ce qui appartient plutôt à d'autres types de faits, qui viennent se mêler à l'attente. Remarquer d'abord que le verbe « attendre « traduit des façons d'être ou d'agir extérieurement semblables, mais de valeur psychologique toutes différentes : 1. Laisser les évènements se dérouler jusqu'à l'apparition de l'évènement prévu eu jugé le meilleur (attendre l'occasion, « le succès est à qui sait attendre « etc.). 2. Se mettre en situation de percevoir un évènement prévu ou un moment du temps (attendre la sortie des voyageurs, attendre que l'heure sonne) ou encore disposer ses actes et ses attitudes en vue d'un événement en différant toute action ou attitude qui le rendrait impossible (« je vous attendrai... «). 3. Tendre mentalement vers un évènement plus ou moins défini que l'on prévoit (attendre le retour d'un être cher...). La forme (1) est une organisation d'ensemble des actes ou d'une époque de la vie sans fait psychologique spécial ou typique. La forme (2) présente en grande partie le même caractère, mais suivant qu'on laisse la situation se dénouer (je travaille jusqu'à votre arrivée) ou qu'on doive régler son attitude en vue de la perception (attendre à la sortie d'une gare), on voit apparaître de plus en plus nettement l'état défini d'attente. Cet état caractérise par contre précisément la forme (3). L'idée d'attente étant ainsi l'objet d'une première délimitation, il apparaît qu'elle comporte toujours une sorte de prévision, et il est à supposer qu'elle est sujette à toute une évolution suivant que les idées et les jugements y participent davantage et que par suite on insiste sur l'organisation ou une pré-définition du fait. Ces comparaisons des divers types d'attente devront mettre en relief les caractères essentiels : orientation, et toujours, plus ou moins, état d'inquiétude.. Les caractères essentiels de l'attention étant alors rappelés, on établira nettement les ressemblances et différences ainsi que les interactions ou les interdépendances dans les deux faits.
Plan. (Introduction). — La psychologie banale qui s'exprime dans les formes du langage établit un rapport entre attente et attention par leur étymologie commune. Est-ce seulement la traduction d'analogies extérieures ou l'indice d'une ressemblance plus profonde ?
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l'état de l'individualité : l'orientation y compte moins que les réactions qu'elle provoque (de même que dans bien descas, elle s'attache à sa propre durée plus qu'à l'objet, et devient impatience).
Si donc il faut dire, par réciproque àl'idée de Ribot, que l'attention est de l'ordre de la passion, l'attente est plutôt de celui de l'émotion.
Ce n'est passeulement une synthèse mentale moins achevée, c'est un autre ordre de faits.
III.
— (Interaction et interpénétration des deux faits). — Pourtant l'analyse des mécanismes psychologiques tend à faire voir entre attente et attention des rapports d'étroite dépendance.
1° Les analyses les plus pénétrantes de l'attention nous la montrent toujours préparée par des préperceptions ouprésomptions et comme montée sur des schémas qui dirigent l'adaptation; on en a conclu que toute attentionsupposerait attente, et parfois même on distinguerait mal l'attention de l'attente (attention « expectante »).
Mais ilfaut plutôt voir deux développements divergents à partir des mêmes bases; il est entendu que l'attention, commel'attente, est fonction de l'individualité faite, donc d'une expérience (ou de l'hérédité); mais ici, le passé agit pourorienter, donc permettre de mieux saisir, et cela, par les représentations où l'individualité se reconnaît (l'absoluenouveauté échappe); il soutient l'organisation nouvelle qui se fait, et l'attention joue dans l'actuel, se déclenche surune présentation actuelle.
L'attente joue comme dans un avenir préfiguré ou pressenti, dont le passé fournit lesmatériaux, et par là remet en jeu toutes les tendances qui s'y relient : retour à soi, états émotifs.
Non quecependant les deux mécanismes ne puissent coïncider ou s'ajouter l'un à l'autre : l'attente donne alors comme lecadre et le sens général d'une période psychologique, l'attention porte sur les indices du possible ou sur lescirconstances du milieu actuel, (Ex.
: attente de l'observateur; animal au guet, etc.).
Mais il est possible, aussibien, que l'attente, toute émotive rende impossible l'attention (Pasteur incapable d'observer par lui-même lesrésultats de ses expériences sur les cristaux).
2° L'attente n'est donc pas une attention incomplète ou une préparation à l'attention, Dire plutôt qu'elle comporte.des éléments d'attention, à des degrés divers, et d'autant plus qu'elle implique davantage une volontéd'intervention, ou bien une situation intellectuelle ou une organisation mieux définies :A) Si elle est surtout inquiétude d'un fait, attention troublée qui porte sur les indices du possible;B) Si elle traduit une situation dont l'issue est prévue, mais non définie exactement ou non localisée, montage d'unmécanisme d'attention prolongée ou répétée, soutenue par la prévision (guet, observation);C) Si elle se place dans une situation avec issue définie, montage d'un mécanisme d'attention latente (ou d'oubliapparent) qui prépare un déclenchement sur un signe prévu (attente du train à telle heure, et je m'occupe jusquelà).
Il se peut qu'alors l'attente se dénoue par une action appropriée (le pêcheur à la ligne...).Mais s'il en est ainsi, il faut dire que malgré l'étymologie qui fait du mot attentif le dérivé — un état d'« attendre » —on est en présence de deux faits relativement indépendants et différents de nature, bien que souvent joints.
Conclusion. — Toute cette analyse fait comprendre que les comportements de l'attente et de l'attention soient tantôt identiques, tantôt et plus souvent très différents, puisque l'attente répond à des formes extrêmementvariées; parfois fixité d'une organisation tout intellectuelle, plus souvent inquiétude entre diverses possibilités,agitation ou impatience, au milieu de laquelle un acte d'attention apparaît comme une adaptation précise et unrepos..
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