Quels problèmes éthiques nouveaux posent aux hommes les nouvelles technologies?
Publié le 27/03/2005
Extrait du document
L’évolution des technologies depuis plusieurs décennies est fulgurante. Si l’homme a toujours utilisé des machines, aujourd’hui il vit entouré d’elles et toute son existence se fait par la médiation d’outils technologiques. L’étymologie du mot renvoie au grec technologia qui signifie « traité exposant les règles d’un art «. Aujourd’hui le terme désigne l’ensemble des procédés techniques, des méthodes, des savoirs et des outils propres à un domaine particulier. Les nouvelles technologies de l’information sont donc les techniques qui permettent la transmission de signaux en vue de la diffusion et de la communication d’idées, de connaissances,… Cela permet donc aux individus de mieux communiquer, fait à la base de toutes relations humaines. Le progrès qualifie au départ la transformation graduelle d'une chose ou d'un état de la réalité. En réalité, le mot progrès désigne le plus souvent au mouvement d'un moins vers un plus. On peut alors se demander si les relations humaines d’un point de vue moral se sont améliorés. Ne reste-t-il pas des conflits, des guerres, des discordes et des haines ? Les nouvelles technologies sont-elles utilisées au mieux ?
«
manières de vivre.
» Ce sont donc les conditions matérielles d'existence, elles-mêmes liées au type d'environnementnaturel, qui furent à l'origine de la spécificité de chaque culture.
Ce tableau plausible possède toutefois une valeurpolémique et prépare la critique d'une certaine forme de civilisation.Avec cette vie simple et solitaire, aux besoins limités par la capacité des instruments qu'ils avaient inventés pour lessatisfaire, les hommes se trouvèrent en état de jouir « d'un fort grand loisir ».
Le mot « loisir » ne doit pass'entendre ici au sens d'activité d'agrément (comme lorsqu'on dit « pratiquer un loisir ») mais désigne le temps libredont les hommes disposaient alors, puisque leurs besoins limités pouvaient être rapidement satisfaits.
Ce temps libre,ils éprouvèrent le besoin de le combler.C'est donc pour échapper à l'ennui, et non sous l'effet du besoin, qu'ils multiplièrent les inventions qui allaient leurprocurer « plusieurs sortes de commodités inconnues à leurs pères » et cherchèrent à perfectionner les objetstechniques au-delà de ce que la satisfaction des premiers besoins exigeait.
Or la multiplication de ces commoditésfut « le premier joug qu'ils s'imposèrent [...
] et la première source de maux qu'ils préparèrent à leurs descendants ».Celles-ci contribuèrent à amollir le corps et l'esprit : le corps, puisqu'elles facilitent les tâches matérielles ethabituent nos organismes au confort et à moins de résistance ; l'esprit, parce qu'elles ont encouragé l'oisiveté et lerefus du moindre effort.
Surtout, elles ont créé de faux besoins que les descendants, habitués à leur usage, ont finipar exiger comme si ces dernières étaient des besoins naturels.
Ce à quoi s'oppose cet extrait:
Cette critique doit être placée dans son contexte historique, si l'on veut en comprendre toute la portée.
Elles'oppose directement à la philosophie des Lumières, au XVIII siècle, qui trouve son expression la plus forte chez lesphilosophes de L'Encyclopédie.
Le projet de rédaction d'une encyclopédie qui résume tout le savoir de l'époquesymbolisait alors la confiance dans la civilisation et le progrès humain.Rousseau s'oppose à cette confiance et les commodités qu'il dénonce embrassent aussi le luxe qui, en multipliant lesfaux besoins, a multiplié la dépendance de l'âme : « On croit m'embarrasser beaucoup en me demandant à quel pointil faut borner le luxe.
Mon sentiment est qu'il n'en faut point dutout.
Tout est source de mal au-delà du nécessaire physique », écrit-il à l'un de ses correspondants.Mais cette opposition a pris alors la tournure d'une véritable polémique avec Voltaire qui, dans son poème LeMondain, avait soutenu que le luxe est la consécration même de la civilisation, et le superflu une « chose trèsnécessaire ».À travers la critique du progrès technique et du luxe, c'est donc bien la question de la valeur de la civilisation quiest en jeu.
Rousseau s'est servi de l'idée de nature pour penser la culture comme une dégradation de l'état naturelde l'homme, là où Voltaire, en réaction contre la morale d'austérité du siècle précédent, héritée de la sagesseantique, ne voyait dans cette pureté primitive qu'un mythe.
- Les nouvelles technologiques permettent peut-être échanger plus, mais cela ne veut pas dire que les hommes secomprennent mieux.
La vitesse est haute, mais la véritable relation n'est-elle pas plutôt à chercher dans le lentprocessus d'ouverture à l'autre, à ses idées.
Que devient alors la notion de vécu ? Jean Baudrillard affirme « lacommunion ne passe plus par un support symbolique, mais par un support technique.[…]Ce qui est partagé alors, cen'est plus une « culture », le corps vivant, la présence actuelle du groupe, c'est cet étrange corpus de signes et deréférences.
» (La société de consommation)- Enfin, aujourd'hui, nous pouvons communiquer sans être réellement avec la personne.
Que veut-dire alors lesrelations humaines ? La base de toute interaction sociale n'est-ce pas la rencontre avec une personne physique, lepartage de certaines expériences.
Les nouvelles technologies n'enferment-elles pas les individus chez eux, lesincitant à ne pas sortir voir réellement le monde.
Elles médiatisent son rapport au monde et les images fournies parla télévision tendent à substituer au monde réel.
Les technologies n'acquièrent leur valeur que par l'homme
Mais il faut cependant voir qu'une technique est comme l'outil à la base "neutre" : seule l'idéologie qui la sous-tendl'oriente dans une direction ou dans un autre.
Sa valeur vient donc de l'usage qui en est décidé; si elle est malorientée, elle peut effectivement nuire à l'homme.Dès lors, il faut repenser les nouvelles technologies.
Elles peuvent effectivement aider l'homme dans sacommunication, mais elles ne peuvent se substituer au partage humain d'un vécu à l'intérieur d'un contexte réel,physiques.
Les nouvelles technologies ne sont pas la communication, elles sont un aspect de l'information.L'information doit toujours partir du réel, être interrogée, vérifiée.
Elle ne doit pas fonctionner en vase clos sur elle-même.
Elle doit garder contact avec le monde.Nous devons donc garder le contrôle des technologies pour les faire servir nos besoins.
Mais pour cela, Bergsonaffirme qu'il revient à l'homme d'organiser le progrès technique et lui assigner les fins bénéfiques à l'homme.Il s'agit aussi de repenser ce que sont les authentiques relations humaines basées sur des sentiments et unebienveillance commune.
Ainsi, les nouvelles technologies de l'information peuvent permettre d'améliorer la compréhension que les hommesont des autres, d'ouvrir l'individu sur le monde et de communiquer constamment avec d'autres.
Pourtant, cestechniques ont tendance à se substituer au réel, à oublier qu'elles ne sont qu'une aide et non pas la communication,la relation en tant que telle.
En faisant ainsi, elles coupent l'individu du monde réel.
Il faut donc sans cesseinterroger ces nouvelles technologies, les remettre à leur place d'auxiliaire pour réhabiliter constamment le véritable.
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