Quelles sont les limites du pouvoir politique ?

Montesquieu, quant à lui, dit que l’Eglise joue aussi un rôle essentiel dans la limitation du pouvoir en apparence sans limite d’un monarque absolu ou d’un despote dans de nombreux Etats. En effet, il est inconcevable au début du XVIIIe siècle qu’un chef d’Etat aille à l’encontre des principes de l’Eglise. Le clergé en plus d’avoir un pouvoir spirituel total possède un très grand pouvoir politique. Les monarques absolus et les despotes, en France, en Espagne, au Portugal,… disent tous que leur pouvoir vient de Dieu, en jouant sur le pouvoir spirituel de l’Eglise. Le pouvoir politique de l’Eglise est donc immense, même supérieur à celui des despotes, l’Eglise permettant de légitimer leur pouvoir absolu. Mais si le clergé est une limite au pouvoir des monarques absolus et des despotes, quelle est dans ce cas les limites du pouvoir de l’Eglise ? Spinoza montre comment le pouvoir spirituel de l’Eglise repose entièrement sur la crédulité et l’ignorance des populations, il en montre ainsi la limite. Sans pour autant remettre en cause l’existence de Dieu, il dit qu’il n’a ni valeur ni sens. La vision du monde offerte par l’Eglise, et qu’elle enseigne à tous à son époque, est celle d’un monde où tout répond à une finalité : on se demande pourquoi les choses sont ainsi, on inverse donc la cause et l’effet, plutôt que de dire que c’est parce qu’il existe des arbres fruitiers que l’homme se nourrit de fruits, l’on dit que c’est parce que l’homme mange des fruits que les arbres fruitiers existent, la nature ne fait donc rien en vain ; en recherchant des causes à tout, on se « [réfugie] dans la volonté de Dieu, cet asile de l’ignorance «. Au XVIIIe siècle, en expliquant le monde par des causes efficientes, et non par des causes finales comme le fait l’Eglise, le pouvoir spirituel, et par conséquent politique, du clergé sur les hommes, n’a dès lors cessé de faiblir, ce qui est encore visible de nos jours.