Quelles ressemblances et quelles différences y a-t-il entre « se souve nir » et « imaginer » dans les diverses acceptions de ce mot ?

« L .ASSOCIA TIOX DES IDÉES ET L'DIAG l:\ATJO: J.1 mémoire, elle se représente l'avenir; dissociant ces données.

eifr réalise un agencement nouveau qui constitue la création romanesque on l'inven­ tion mécanique; s'en libérant, elle s 'érndc dans la représentation chi­ mérique.

Ainsi, imaginer c'e~t d'abord penser par image,,, c·e,,t-i1-ùire par des représentations concrètes analogues à celles de la perception sensible, aussi bien le passé que l'avenir, le réel que 1 'irréel.

L'imagina lion aiosi com­ prise n 'c~t que la faculté de rcpro1luire les don111"cs de la pcn·1·pl ioo Mais, dans bien des cas, le verbe imaginer, se détachant de sa signi­ fication étymologique, équivaut à se représenter ou à co11cevoir, que cette représentation ou cette conception se fasse par images concrètes ou par idées abstraites, mais en marquant le caractère nouveau de ce qui est représenté ou conçu : imaginer c'est créer, non pas des cho:.:es, mais des combinaisons nouvelles .

.Nous retrouvons ainsi la distinction classique entre 1 'imagination repro­ ductrice et l'imagination créatrice.

Passant en revue les diverses acceptations du verbe imaginer, nous pré­ ciserons en quoi l'imagination diffère de la m~moire et en quoi elle lui ressemble.

• •• Dans le rappel du passé, l'imagination fu;:ionne si intimement avec la mémoire qu'il faut une assez grande habitude de l'introspection pour faire la part de l'une et de 1 'autre.

Néanmoins, on observe entre ces deux modes de représentation une différence si essentielle qu'on ne saurait les confondre : tandis que la mémoire pure se réduit à un savoir se rapportant à des faits pas~és et, comme tout savoir consiste en un ensemble d'idées abstraites, imaginer c'est voir, c'est-à-dire se représenter mentalement les choses dans leur réalité concrète, telles qu'elles s'offrirent à nous, lorsque se fixa le souvenir.

Si vous me demandez à quel moment mon ami Pierre passa ses vacances en Angleterre, je vous dirai : " Attendez, je mis tàcher de me le rappeler.

" Et je calcule : c'est après sa Tro'isième que Pierre fut envoyé là-bas; or, depuis, il a fait sa Seconde, sa Première et sa Philosophie, puis ·quatre années de droit, au total. »