Quelles réflexions vous suggère la proposition d'Alain: On ne prend conscience que par opposition de soi a soi ?
Publié le 14/04/2005
Extrait du document
Introduction :
Prendre conscience, c'est prendre du recul, se séparer de quelque chose ; Si je prends conscience d'une erreur, je m'oppose à ma croyance fausse, prendre conscience, c'est d'abord s'opposer à une première inconscience. La prise de conscience n'est peut être qu'un jeu d'oppositions : si dans l'obscurité je prends conscience d'une présence, je l'oppose au fond sombre et indéterminé, si devant un tableau je prends conscience d'un détail, je l'oppose au reste du tableau. Prendre conscience de quelque chose, c'est l'opposer à d'autres choses et comprendre sa différence propre dans ce jeu d'oppositions.
Cependant, si la prise de conscience ne consiste qu'en des oppositions, elle ne traduit qu'une opposition de soi au monde et la seule participation à la réalité serait une participation négative. Mais peut être y a t il une conscience qui ne s'oppose pas au réel mais y participe positivement. Peut être que la conscience comme opposition n'est elle même qu'une image inversée de cette participation positive à la réalité. Une prise de conscience, envisagée sous son angle positif serait plutôt une rencontre de la chose.
Problématique :
La prise de conscience apparaît comme une opposition à la chose, mais n'est elle pas plutôt une rencontre de la chose ?
«
2) Marx a développé, une conception de la conscience comme « camera obscura », la conscience inverse lesdéterminations réelles.
Ce n'est pas la conscience qui fait la positionsociale, c'est la position sociale qui détermine la conscience. A l'origine, la conscience ne se porte que sur l'environnement immédiat. Elle est conscience que la nature est une puissance hostile etredoutable, qu'il faut discipliner si l'on veut y survivre.
Elle produit enmême temps les premières religions de la nature, vénérant ce qui ladépasse.
Très tôt, elle se fait sociale, pressentant la nécessitéd'entrer en rapport avec d'autres consciences afin d'organiser letravail.
La conscience sociale est donc primitive : j'ai besoin desautres pour vivre biologiquement.
Avec le développement de la viesociale et économique, des échanges, des satisfactions, des besoins,la conscience s'affine dans la perception d'elle-même, d'autrui et de lanature.
La division sociale du travail va introduire dans son progrès desdifférences de plus en plus importantes entre les consciences.
Lesclasses vouées au travail matériel restent en rapport étroit avec lanature et ses nécessités, tandis que les classes possédantes etpropriétaires pourront développer librement les activités de la culturedans le loisir.
La culture de l'esprit n'a donc pu apparaître qu'à la suitede cette division du travail, où l'existence matérielle des uns estgarantie par l'exploitation de la force de travail physique des autres. 3) La conscience négative traduit selon Nietzsche une faiblesse.
Il se place aussi bien au niveau de la conscience réflexive que de la conscience morale, pour lui, la conscience est affirmation de soi, création,interprétation du monde.
La conscience comme opposition de soi à soi est guidée par des sentimentsréactifs, « faibles », incapables d'accepter la réalité comme telle. Nietzsche est l'un des premiers à avoir conduit une critique systématique et totale de la conscience ainsi que de ses valeurs psychologiques (sous son aspect réflexif de la conscience de soi) et morales.
La conscience estune formation dérivée, dépendante de forces beaucoup plus profondes, et ne se préoccupe que del'inessentiel et du futile.
Elle n'apparaît d'abord que dans le cadre du rapport entre dominants et dominés, etrépond à la faiblesse humaine du besoin de communication.
Un solitaire ou une bête de proie s'en dispensentaisément.
La conscience est d'abord langage, et celui-ci ne répond qu'à notre besoin d'autrui et de dialogue.On peut admettre que l'homme pense toujours, mais il est néanmoins rarement conscient : il n'a à l'être quedans le cadre étroit et inessentiel de la communication de ses propres pensées.
Il n'y a donc pas lieu dediviniser la conscience, issue d'une faiblesse du Moi incapable de supporter sa solitude.
Issue de lapromiscuité et de l'instinct grégaire, elle est bête, plate, vulgaire, capable de n'exprimer que des généralités,marque du troupeau.Le Moi individuel, au contraire, se définit et se saisit par des forces beaucoup plus intimes, profondes, richeset fécondes qui échappent à cette conscience qui n'est que faiblesse pour autrui.
Le véritable Soi est muet,profond, grave et silencieux.
Son essence est la force vitale, la volonté de puissance, venue d'un fondobscur et chaotique, aux antipodes de la clarté futile de notre conscience.
Celle-ci ne serait que la surface,précaire dans son immobilité et son repos, d'un fond abyssal inconnu qui en serait la vérité.
Pur produit socialet moral du "tu dois", la conscience est une aliénation et une servitude, l'erreur de chacun sur soi. III : Prendre conscience en un éclair 1) Selon Aristote, c'est par l'étonnement que nous prenons conscience de la réalité.
« Apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance » ; il y a donc d'abord une rencontre de lachose puis ensuite un retour sur sa propre ignorance.
La prise de conscience consiste avant tout à« apercevoir », rencontrer ou découvrir une réalité inconnue. 2) Les psychologues parlent d' « insight » pour désigner la prise de conscience.
C'est en observant un chimpanzé que Kholer a découvert ce phénomène : devant un problème, le chimpanzé réfléchit et c'est en uninstant que la solution lui apparaît comme un éclair, lorsqu'il a organisé correctement les éléments duproblème. 3) Bergson distingue de l'intelligence représentative qui découpe et oppose les choses sur des plans abstraits, l'intuition immédiate des choses.
Pour lui, la métaphysique est la discipline qui traduit cetteintuition des chose, cette « sympathie » avec la réalité.
Cette conscience profonde, intérieure du réel, n'estpas une opposition, elle est plutôt une rencontre..
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