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Quelle vous paraît être la valeur essentielle de la poésie ?

Publié le 02/04/2009

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Nous avons le sentiment que la poésie est la forme la plus exigeante, la plus pure, la plus parfaite spirituellement, de littérature. Mais est-ce son inspiration ou sa technique, sa mission ou sa gratuité qui en font la valeur? Comment affirmer à la fois l'excellence de Hugo et de Baudelaire, d'Eluard et de Valéry !

Valéry nous a suggéré l'importance du langage. Bien sûr quand il définit la poésie par la manœuvre exercée sur les mots, c'est un peu le disciple de Mallarmé qui parle. Mais il n'a peut-être fait que pousser jusqu'au paradoxe une vérité, de tous les temps et de tous les genres poétiques. La poésie n'est-elle pas essentiellement la création d'un langage, celui-ci n'étant pas simplement un ensemble de mots, mais un complexe de signes, d'idées, de sensations et de sentiments ? Nulle part, en tout cas, cette création n'est plus autonome et plus totale que dans la poésie, même dans ses formes les plus naïves, les plus timides et les plus douteuses.

I. - RETOUR AU CHAOS ORIGINEL

II. - LA MATIÈRE EN FUSION

III. LA GENÈSE

IV. - L'UNIVERS POÉTIQUE

« poèmes de Verlaine. On sait quel parti ce dernier a tiré de la « chanson grise ».

Non seulement ses thèmes d'inspirations sont musicaux(Romances, Capricios) mais sa technique même est musicale, comme dans cette Ariette sur le mode mineur où consonnes et voyelles se répètent et se répondent : « Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville...

» Etrange vertu du langage qui devient Romances sans paroles. 2.

Langage - Images.

Les mots peuvent aussi se fondre dans l'Image.

Quand Hugo décrit un village normand « une ancienne chapelle / Y mêle son aiguille, et range à ses côtés / Quelques ormes tortus, aux profils irrités», il estévident que le poète voit avec des mots (aiguilles, profils irrités) autant qu'avec son œil.

D'où cet impressionnismede vocabulaire qui permet des effets de vision inaccessibles à la prosaïque description : « Je vois en pleine mer passer superbement Au-dessus des pignons du tranquille village Quelque navire ailé qui faitun long voyage...

» (Contemplations, 11-6.) Imprévu du langage enfin qui évoque, plus subtil que la peinture : « La laine des moutons sinistres de la mer.

» 3.

Langage - Choses - Idées.

C'est le propre du mot d'évoquer une idée.

Mais cette évocation, en poésie, peut se faire indirectement par l'intermédiaire d'un objet sensible considéré comme signe d'une idée abstraite.

Retour auxorigines du langage, sans doute, mais avec toute la richesse d'innombrables analogies. C'est la technique du symbole, qui prolifère au XIIIe siècle français, et plus près de nous chez Vigny.

L'expressionBouteille à la mer évoque ainsi pour nous la vie aventureuse des marins, et plus profondément le geste de celui quiadresse un message à l'humanité. 4.

Langage - Mystère.

Enfin désigner l'ineffable, fondre le langage pour le laisser s'évaporer en subtiles (ou fumeuses) évocations, telle est l'ambition du poète devant la marmite où bout un breuvage souvent amer. Traduire, non pas des données abstraites, des vérités philosophiques, mais le mystère du moi et du monde, voilà ceque semble permettre un langage métamorphosé à Mallarmé comme à Nerval. Mais quand plus simplement du Bellay se demande : « Où sont les doulx plaisirs, qu'au soir soubs la nuit brune Les Muses me donnoient...

», il évoque déjà un mystère — celui de la création poétique, par un mythe qui n'est pas tellement différent de ceuxutilisés par le poète de la Jeune Parque. III.

LA GENÈSE Cette substance riche de promesses il faut pourtant qu'un souffle et une main l'informent. 1.

Choix.

Dans le chaos, un choix mettra de l'ordre.

L'idée naïve que le langage poétique doit éviter certains mots n'est pas absurde.

De Malherbe à Valéry tous les classiques ont affirmé leur méfiance et leurs exigences.

Mais toutpoète choisit, et c'est ce choix qui définit une personnalité ou une tradition poétique, si l'auteur s'y soumet. Il ne s'agit pas seulement d'appeler coursier un cheval, génisse une vache, mais de donner une valeur au langagequi, pratiquement, n'en a pas.

Le mouvement précieux était essentiellement poétique dans sa volonté de choisir,voire de créer un langage merveilleux. On sait comment Musset définit le romantisme par l'emploi de certains adjectifs.

Dans les Lettres de Dupuis et Cotonet, il traduit ainsi un passage de Paul et Virginie: Texte : « Aucun souci n'avait ridé leur front, aucune intempérance n'avait corrompu leur sang, aucune passion malheureuse n'avait dépravé leur coeur...

» Style romantique : « Aucun souci précoce n'avait ridé leur front naïf, aucune intempérance n'avait corrompu leursang ; aucune passion malheureuse n'avait dépravé leur cœur enfantin, fraîche fleur à peine entrouverte.

» Enfin on a pu définir Valéry par l'emploi fréquent de certains adjectifs comme : « pur, secret, sombre, tendre ». 2.

Discipline.

Mais on pourrait plus exactement encore caractériser le poète par la contrainte qu'il exerce sur les mots, les unissant dans des mariages insolites, voire des liaisons adultères (arbre unanime, flottante forêt), etprenant le contrepied de la syntaxe habituelle si l'adjectif est lui-même banal (rebelle ronce, insensibles cris). Il existe une discipline qui, dans tous les cas, donne sa forme au langage poétique.

La phrase, au lieu de se. »

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