Quelle part valable peut-on faire à l'intuition dans la connaissance scientifique ?
Publié le 27/03/2004
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III.
— L'intuition connaissance instantanée.
Entendue en ce deuxième sens, l'intuition intervient à bien des titres dans le travail scientifique.L'esprit, d'abord, fait un usage intuitif des éléments formels de la connaissance : axiomes ou postulats ( « notionscommunes » de Descartes), autant qu'ils suivent directement de notre structure intellectuelle ; telle la proposition :deux quantités égales à une même troisième sont égales entre elles, qui ne fait qu'appliquer aux grandeurs leprincipe de non-contradiction.
C'est encore l'intuition qui appréhende le matériel de la connaissance, les donnéessensibles.
Sans doute, percevoir n'est pas simplement saisir une qualité brute, comme le bleu ou le rouge ; laperception est déjà une construction, moins une expérience pure qu'une interprétation de l'expérience, mais sirapide et facile que nous en venons à ignorer son caractère complexe et successif ; ce qui n'était pas immédiat l'estpratiquement devenu.
Surtout la découverte, qui est le propre du travail scientifique, est intuition.
Sans doute touteinvention suppose une recherche, une succession d'essais, mais elle-même se distingue des démarches errantes ouméthodiques qui la préparent.
Elle exige un effort préliminaire conscient, souvent suivi d'une maturationinconsciente, mais elle-même est une inspiration subite.
Telle est la découverte d'un théorème, de la démonstrationd'un théorème, de la solution d'un problème, d'une hypothèse physique ou biologique.
Enfin, il n'est pas d'intellectionsans intuition.
L'esprit proprement logique saisit un à un les éléments d'une preuve et leurs articulationssuccessives.
L'esprit intuitif saisit d'un seul regard l'ordre et la convergence des éléments, l'orientation générale duraisonnement.
Sans cette vue schématique du sens indivisible de la preuve, La mémoire serait du reste impuissanteà représenter à la fois tous les éléments qui la composent, et que la pensée logique ne discerne et ne lie quesuccessivement.
IV.
— Intuition et déduction.
Il suit de là que l'intuition, entendue comme un acte de pensée indivisible, est au coeur même de la déduction.
Carcomprendre, c'est prendre ensemble, saisir de simple vue.
On raisonne vraiment, on comprend une preuve si l'onaperçoit instantanément l'ordre qui la constitue, Plus précisément, la déduction enchaîne des jugements.
Or, toutjugement est déjà intuition, puisqu'il affirme un prédicat d'un sujet, et qu'on ne penserait pas ce rapport si sestermes n'étaient aperçus que successivement et isolément.
Et la déduction même est intuitive, puisqu'elle revient àtirer une conséquence de ses principes, et qu'on ne penserait pas ce rapport si les jugements liés étaient en faitdes opérations multiples et discontinues.
On est pourtant fondé à distinguer l'intuition et la déduction, parce quecette dernière, en deux sens, exige le temps.
D'une part, le raisonnement ne s'est construit que successivement etplus ou moins laborieusement.
De l'autre, la preuve élaborée ne peut se formuler que dans le temps ; et la penséene devient précisément explicite qu'à mesure de son expression verbale.
Conclusion.La science ne fait aucune place à une intuition qui ne serait qu'effusion ou confusion.
Dégagée de sesinterprétations sentimentales ou mystiques, l'intuition joue un rôle essentiel et complexe dans le travail scientifique,qui revient à trouver et à prouver.
Seule l'intuition met au jour une vérité nouvelle, et la démontre ; seule, elleimpose cette vérité, avec sa preuve, à tous les esprits..
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