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Quelle interprétation donnez-vous, en psychologie et en morale, de ce mot d'un philosophe : « Conscience signifie choix » ?

Publié le 27/02/2008

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morale
Aussi bien dans le monde organique que dans celui de la matière brute, on ne peut parler de choix que par analogie : nos organes sensoriels, comme les instruments de physique, ne choisissent qu'en ce sens que nous les utilisons pour effectuer nos choix. Il en est tout autrement de la conscience. II. ? LE CHOIX DANS LE MONDE PSYCHOLOGIQUE A. Le mot conscience, en psychologie, est pris dans deux acceptions différentes. Au sens objectif il désigne l'ensemble des faits de la vie intérieure et comme le lieu où ils passent. C'est le sens du mot dans des propositions de ce genre : la conscience d'autrui nous est impénétrable ; dans la conscience, à côté d'un centre parfaitement clair, il faut distinguer un halo moins net et une marge de pénombre. Au sens subjectif, la conscience est la fonction par laquelle nous connaissons nos états intérieurs ou cette connaissance elle-même : c'est ainsi que nous perdons et que nous reprenons conscience, que nous avons ou n'avons pas conscience, que notre conscience de ce qui se passe en nous est confuse ou distincte. Dans l'acception objective du mot, conscience ne signifie choix qu'au sens où on peut dire du miroir qu'il choisit les vibrations lumineuses : elle n'enregistre que les phénomènes psychiques, ou plutôt elle n'est constituée que par ces phénomènes. Entre ces phénomènes, elle ne fait pas de choix : la sensation la plus légère, l'image la plus inconsistante s'y inscrivent, souvent à notre insu, et concourent pour leur part mi-nucules au résultat d'ensemble, à la tonalité de l'instant.
morale

« II ne semble pas qu'on puisse répondre par l'affirmative.

En effet, nous ne trouvons pas, dans ces phénomènes, dechoix véritable avec comparaison de plusieurs hypothèses possibles et décision de nous arrêter à l'une d'elles.

Si,nous nous en tenons au stade de la conscience psychologique, ce n'est pas nous qui décidons d'accorder uneattention privilégiée à une certaine catégorie d'objets ou d'images, par exemple : dans une rue commerçante, leslivres, les chapeaux de dame, ou le prix des légumes ; au cours d'une rêverie, les rêves d'amour ou de voyage...Nous nous intéressons à ceci ou à cela sans l'avoir voulu : ou du moins notre choix volontaire n'est pas actuel.Actuellement, c'est l'intérêt qui commande l'attention et, par suite, la conscience : un intérêt nous sensibilise enquelque sorte pour une catégorie d'impressions, tout comme tel produit chimique rend la plaque photographiquesensible au rouge et la laisse insensible aux autres couleurs.

Sans doute, la sensibilité de la plaque est fixe etdéfinitive, tandis que nous observons dans la nôtre des variations constantes et parfois des changements subits.Aussi vaudrait-il mieux comparer la conscience au poste récepteur de T.S.F.

qui peut, en un instant, nous fairepasser des ondes de 25 mètres à celles de 200, de l'émission de Londres à celle de Moscou.

Cet appareil a, lui aussi,une sensibilité variable.

Mais, une fois réglé, ce sont toujours les mêmes longueurs d'onde qu'il sélectionne.

Il n'enest pas autrement de la conscience.

Tant qu'un intérêt persiste, la conscience reste sensibilisée pour les objets quinous intéressent: ce sont ceux-là qu'elle nous fait connaître; mais elle ne les choisit, pas plus que l'appareil de radioréglé à 200 ne choisit les concerts émis par France-lnter.Par suite, c'est seulement par analogie que, dans le domaine psychologique conscience signifie choix.Il ne suit pas de là que, dans le domaine psychologique, il n'y ait jamais choix et que nous ressemblions au récepteurde T.S.F.

qui, si une intervention extérieure à lui ne se produit, fait toujours entendre les émissions de la longueurd'onde sur laquelle il est réglé.

Nous avons le privilège de pouvoir, dans une certaine mesure, nous régler nous-mêmes, de nous sensibiliser pour une certaine catégorie d'objets, c'est-à-dire, en termes psychologiques, de nousrendre attentifs : si les sélections faites par la conscience ne sont pas de véritables choix, il nous arrive de choisir,au sens propre du mot, le genre d'impressions que sélectionnera la conscience.

Ainsi le jour où je me résoudrai àéliminer les médisances de mes conversations, des antennes mystérieuses me préviendront à temps d'une réflexionmaligne que je suis sur le point d'extérioriser, tandis que les autres s'exprimeront spontanément.Mais, ici encore, il ne semble pas qu'on puisse attribuer à la conscience de véritables choix; sensibilisée pour unecatégorie particulière d'objets, elle réagit plus vivement en leur présence, mais elle ne choisit pas les types d'objetsauxquels elle réagira.

Le choix doit être imputé à la volonté. B.

C'est donc volonté et non pas conscience qui, en psychologie, signifie choix, au sens propre du mot ; ou plutôt :c'est la volonté qui a le pouvoir de choisir.Vouloir, en effet, n'équivaut pas à choisir et toute volition ne comporte pas un choix véritable.

La volition neconstitue un choix que dans le cas particulier de l'acte libre.

C'est donc volonté libre ou liberté, et non volonté, quisignifie choix.Mais l'acte libre pose au philosophe un difficile problème.

Tout acte volontaire, en effet, qu'il soit libre ou non, estmotivé par des raisons.

Comment, étant donné un contexte de motifs, pouvons-nous rester libres d'optercontrairement à ces motifs tout en nous guidant d'après la raison ?Nous répondrons en distinguant dans l'ordre rationnel différents niveaux entre lesquels le choix reste possible : lejouisseur qui calcule méthodiquement les moyens d'obtenir la plus grande somme de plaisirs agit rationnellement ;mais l'ascète qui cherche à établir en lui la maîtrise de l'esprit est conduit par une rationalité d'un autre ordre,d'ordre moral.

Nous sommes ainsi amenés à supposer que le choix véritable que nous cherchons vainement dans ledomaine psychologique a peut-être sa place dans la vie morale où conscience signifierait choix. >>> Suite de ce devoir: http://www.devoir-de-philosophie.com/passup-corriges-4921b.html. »

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