Quelle est la place de la religion dans notre société ?
Publié le 30/03/2009
Extrait du document
Une religion est un ensemble de croyances et de rites en lequel communient des individus qui y découvrent un sens surnaturel aux questions que pose l'existence. Condamnées par la modernité comme aliénantes et néfastes aussi bien pour l'individu que pour la société, les religions, loin de disparaître, s'affirment aujourd'hui avec une vigueur renouvelée. De manière dangereuse à travers le phénomène de l'intégrisme ou de manière légitime avec un retour à la spiritualité qui prend les formes les plus diverses dans la culture et la société contemporaines.
«
davantage épargnée par les grands penseurs de la modernité.
Pour Freud, elle n'est rien de plus qu'une illusion sur laquelle, tout en lui reconnaissant une certaine valeur, il pose un jugementsévère comme dans ce bref passage de Malaise dans la civilisation :
«Sa technique consiste à rabaisser la valeur de la vie et à déformer defaçon délirante l'image du monde réel, démarches qui ont pour postulatl'intimidation de l'intelligence.
A ce prix, en fixant de force ses adeptesà un infantilisme psychique et en leur faisant partager un délirecollectif, la religion réussit à épargner à quantité d'êtres humains unenévrose individuelle, mais c'est à peu près tout.
»
Nietzsche, quant à lui, est encore plus définitif dans sa condamnation.Dénonçant le «monotono-théisme», il écrit dans l'Antéchrist :
«Quiconque a du sang de théologien dans les veines, ne peut, a priori,qu'être de mauvaise foi, et en porte-à-faux devant les choses.
Letrouble qui en résulte se donne le nom de foi: fermer une fois pourtoutes les yeux pour ne pas voir, pour ne pas souffrir au spectacled'une incurable fausseté.
»
Loin d'être l'apanage de quelques audacieux penseurs, la dénonciation de lareligion, au XXe siècle, gagne en Occident l'ensemble de la population.
Leséglises sont désertées, les vocations se font rares, la religion imprègne de moins en moins les conduites et cesse de constituer, dans une société laïcisée, la référence essentielle.
Dieu sembleaussi définitivement mort que l'avait annoncé l'« insensé » que met en scène Le Gai savoir nietzschéen.
La montée de l'intégrisme
A rebours de toutes les prophéties, les années 80 ont cependant été celles d'une réaffirmation du religieux dans lemonde.
Celle-ci a pris d'abord la forme d'un réveil politique dont la spiritualité, souvent, aura été le moteur véritable etquelquefois seulement le masque.
L'intégrisme, car c'est de lui qu'il s'agit, se définit comme la volonté d'un retouraux sources mêmes de la religion et comme le refus corrélatif du monde moderne jugé incompatible voire contraireaux exigences spirituelles.
Peu de religions auront été épargnées par ce phénomène qui a d'ores et déjà imprimé samarque à notre fin de siècle.
Il y a en effet un intégrisme juif comme un intégrisme chrétien et plus encore unintégrisme musulman.
Tous trois se traduisent par la même intolérance, la volonté d'avoir recours si nécessaire à laviolence pour imposer le respect de la religion par tous.
De ces trois intégrismes, seul le dernier, cependant représente une menace véritable pour l'équilibre du monde.
Aussiinacceptable qu'il soit, en effet l'intégrisme juif, de par le refus du prosélytisme qui caractérise le judaïsme, n'a pasvocation à s'exercer en dehors des limites de la communauté juive.
Il reste en quelque sorte une affaire interne.
Ence qui concerne l'intégrisme chrétien, il n'est guère plus, en l'état actuel des choses, qu'un combat d'arrière-garde.La « majorité morale » aux Etats-Unis exerce certes une influence appréciable sur le pouvoir américain, mais enEurope occidentale les sociétés sont laïcisées sans retour.
Les intégristes catholiques peuvent séduire, par leursdiscours réactionnaires, les personnes âgées qui retrouvent avec la messe en latin la foi de leur enfance ou les trèsjeunes gens qui réunissent en une même et très suspecte dévotion Monseigneur Lefèvre et Jean-Marie Le Pen.
Toutcela reste voué à la marginalité.
En effet, le christianisme des années 1980 avec le pontificat de Jean-Paul II et lalutte de Lech Walesa en Pologne, quelle que soit la critique de la modernité à laquelle il se livre, a très clairementchoisi son camp : celui des droits de l'homme.
Il en va différemment avec l'intégrisme musulman.
Non pas parce que l'islam en soi serait une religion plus intolérantequ'une autre.
Il n'en est rien et, autrefois, le christianisme a connu et les Croisades et l'Inquisition.
Il se trouvesimplement que les circonstances historiques ont fait de l'islam le véhicule d'un message moins spirituelqu'idéologique.
Pour un tiers monde abaissé, divisé, dominé, il a constitué le discours privilégié par lequel justifier sonrefus de l'Occident, affirmer son irréductible différence, et travailler à une possible unité.
En Orient, en Afrique oudans les communautés immigrées d'Europe, l'islam devient le moyen légitime de proclamer sa propre dignité, maisaussi celui inacceptable de dire sa violence et sa haine de l'Occident et de ses valeurs.
Tel est l'islam qui fut auprincipe de la révolution iranienne en 1979, qui s'acharne à justifier le terrorisme et qui menace aujourd'huil'ensemble des nations arabes.
Le retour du religieux
Le retour actuel du religieux ne se limite pas cependant à cette résurgence archaïque et violente qu'est l'intégrisme.Il prend des formes extrêmement diverses et souvent légitimes.
Il est d'abord — et c'est là sans doute l'essentiel — renouveau de la foi.
Dans un monde qui se veut celui de larationalité et de la science, le besoin en effet se fait sentir d'exprimer une autre dimension de la nature humaine —celle de la spiritualité — qui ne soit pas réductible à la pure raison.
Après avoir cru pouvoir substituer la science à la.
»
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