Quelle est la fonction première de l'État?
Publié le 17/03/2005
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Fonction protectrice de l'État
Cette situation de guerre de tous contre tous est donc dommageable pour chacun. Elle représenterait le degré zéro de civilisation puisqu'aucune confiance, aucun échange ne serait possible entre les hommes. On peut penser que c'est pour sortir de cet état de violence et de barbarie où la vie de chacun est menacée au plus haut point que les hommes ont inventé l'État. L'existence d'un pouvoir politique puissant garantissant par la force l'obéissance aux lois change en effet radicalement les conditions du raisonnement des individus. Personne n'a plus intérêt à désobéir aux lois. Par conséquent, le comportement de chacun (au moins des individus raisonnables) devient prévisible : la confiance peut s'instaurer. Je sais que si le meurtre est interdit, mon voisin, s'il est doué de raison, ne m'assassinera pas même s'il désire le faire. Je peux donc vivre en paix à ses côtés. L'existence de lois et d'un État fort pour les garantir est donc une garantie de sécurité pour les hommes.
Ce sujet invite le candidat à réfléchir sur le rôle et la finalité de l'État. L'erreur serait ici d'énumérer les différents rôles de l'État, en disant, par exemple, que l'État n'a pas pour seul but de maintenir l'ordre, mais qu'il a aussi pour but de faire ceci, puis cela... On pourra envisager la problématique suivante : l'État (c'est-à-dire la société structurée par une organisation politique et juridique) a-t-il pour but de maintenir (faire perdurer) l'ordre (paix civile, absence de troubles) ou bien d'établir (fonder, bâtir) la justice ? Le candidat montrera que l'ordre ne peut se maintenir longtemps s'il n'est pas légitime, autrement dit s'il n'est fondé que sur la domination et la violence du plus fort. Comme le souligne Rousseau, « le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir « (Contrat social, I, 3). Il n'y a donc pas d'ordre, c'est-à-dire de disposition rationnelle vraie, sans justice. Seules les lois qui émanent de la volonté générale et qui garantissent donc la liberté des sujets sont dignes et par conséquent susceptibles d'être respectées. On ne saurait donc supprimer toute liberté au nom de la sécurité. Mais s'il n'y a pas d'ordre sans justice, il n'y a pas non plus de justice sans ordre. Il appartient donc à l'État de faire respecter l'ordre, autrement dit d'avoir recours à la répression quand la loi est bafouée. La répression doit être elle-même juste. Il s'agit non pas de se venger, mais de restaurer la loi. Il n'y a d'ordre véritable que dans le cadre d'une législation juste qui permette l'accord de la liberté de chacun avec celle de tous - législation qui doit être respectée par tous. Mais bâtir la justice, cela justifie aussi veiller à une répartition équitable des richesses produites. L'État doit donc favoriser une plus grande justice sociale, en évitant toutefois la logique totalitaire.
«
Pour Hobbes, en dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.Mais chacun disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subirdes autres ce qui leur plaît.
La constitution d'une société civile et d'un Étatoblige à une nécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il fautpour vivre bien et vivre en paix.
Chacun perd de sa liberté cette part quipouvait le rendre redoutable pour autrui.
Dans l'état de nature, chacunjouissait d'un droit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du mêmedroit, nul n'était assuré de ne rien posséder durablement.
L'État garantira lasécurité d'un droit de propriété limité.
Enfin, dans l'état de nature, chacunétait exposé à la menace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé deses biens et tué.
Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge cedroit.
Un Etat capable de protéger tous les citoyens de la violence des uns etdes autres, de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leurassurer la jouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, lacivilité, le savoir et la sociabilité ne peut être que despotique.
Pour sortir leshommes de l'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté,de la solitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissanceabsolue, instituée en vue de la paix et de la sécurité.
"Quiconque a droit à lafin, a droit aux moyens." Chaque homme ou assemblée investis de lasouveraineté sont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantir cette fin.
"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paixet la concorde ne peuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confientleur pouvoir et leur force à un seul souverain (homme ou assemblée).
Toutes les volontés doivent être réduites àune seule volonté.
L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule etmême personne.
2.
L'Etat doit garantir aussi la liberté des citoyens
A.
Les hommes aspirent à vivre libresPeut-on se satisfaire de l'idée que les hommes n'ont comme aspiration essentielle dans leur existence que le soucide vivre ? N'attendent-ils vraiment des lois que la paix ? Certaines paix sont fondées sur un ordre révoltant.
La paixrègne, en général, sous les dictatures les plus répressives.
Faire de la sécurité la fin ultime du politique, c'est serésoudre à accepter n'importe quelle loi, pourvu qu'elle apporte l'ordre.
Si une paix peut être reconnue commeinacceptable, c'est que l'homme n'aspire pas seulement à vivre en sécurité.
L'instinct de conservation, chezl'homme, n'est pas semble-t-il un simple désir animal de vivre à tout prix ; il vise à préserver une vie indépendanteet libre.
La loi doit pour être juste non seulement protéger les vies mais aussi garantir les libertés.
B.
Comment rester libres en obéissant aux lois ?Mais comment l'obéissance aux lois peut-elle être compatible avec la liberté ? La liberté n'est-elle pas au contraire leprix qu'il faut accepter de payer pour assurer notre sécurité ? Vivre sous des lois, c'est en effet ne plus jouir del'indépendance.
Pourtant si les citoyens reconnaissent dans la loi l'expression de leur propre volonté, alorsl'obéissance n'est plus un acte de contrainte, de simple prudence mais un acte pleinement volontaire.
Obéir à une loiqu'on s'impose à soi-même, c'est être libre : c'est être autonome.
L'autonomie est une des formes de la liberté.
Ellecorrespond à la condition d'un peuple souverain, c'est-à-dire qui est à la source de ses propres lois.
C.
L'État garantit les libertésEn société, les espaces de libertés n'existent qu'en tant qu'ils sont garantis par des droits, eux-mêmes assurés parla force publique.
Plus un peuple s'octroie de libertés, plus les citoyens sont portés à obéir volontiers aux lois.
Latâche du politique est de n'autoriser que les libertés qui sont compatibles entre elles.
La loi contraint toujours leshommes dont elle ne satisfait pas les intérêts et les revendications.
Un peuple tout entier ne reconnaît donc jamaisl'expression de sa volonté dans la loi.
La meilleure façon d'obtenir que la loi tende versune synthèse optimale des aspirations de chacun est de soumettre son élaboration au contrôle du suffragepopulaire.La fonction des lois ne saurait donc se confiner dans la tâche sécuritaire de protection des vies.
Les hommesveulent aussi faire quelque chose de leurs vies et attendent donc aussi de l'État qu'il leur garantissent des droits,donc des libertés.
Toutefois il conviendrait de s'interroger à présent sur le présupposé du sujet, à savoir que les loisrépondent à une (ou des) finalité(s) ..
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