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Quelle est la différence entre désirer et vouloir ?

Publié le 27/02/2005

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Plusieurs points de vue sont possibles sur la question de la différence de la volonté et du désir qu'on les considère dans leur rapport à l'activité du sujet, à la raison, à la liberté ou au bien, le désir est toujours obscurci par quelque chose d'extérieur à moi-même. Vouloir, c'est vouloir pleinement, c'est vouloir en quelque sorte ma volonté elle-même la prendre pour objet; désirer, c'est ne pas pouvoir (ou ne pas vouloir) faire autre chose que désirer, ne pas être maître de mon désir.

Désirer et vouloir sont apparemment des termes assez proches, tous deux désignent l'action de tendre vers une chose. Il faut ici tirer une leçon philosophique de ce qui, malgré tout, les distingue. A première vue, le désir se rapporte à une impulsion non rationalisée vers une chose, alors que la volonté suppose un travail de l'intellect, une construction mentale relative à la chose vers laquelle on tend. Cette différence du rôle de l'intellect suffit-elle à distinguer le désir et la volonté dans leurs essences mêmes ? Existe-t-il une hiérarchie entre ces deux tendances ? C'est l'enjeu du sujet.

« de n'importe quel meurtre, et de ne s'abstenir d'aucune sorte de nourriture ; en un mot, il n'est point de folie, pointd'impudence dont elle ne soit capable. ADIMANTE —Tu dis très vrai.

» III.

Désirer et vouloir sont des actions similaires, mais se rapportant à des degrés divers de la réalité Mais le choix d'une telle position faisant combattre la volonté contre le désir présente l'inconvénient de refusertoute efficace positive au désir.

C'est contre une telle position que réagit Spinoza en proposant une classification dudésir et de la volonté qui lui permet de prendre au sérieux les deux actions en les comprenant comme deux niveauxd'une même réalité.

Cette position permet de ne pas faire l'économie de la réalité de l'efficace positive du désir dansles actions humaines, tout en célébrant la force de la volonté.

Alors, désir et volonté sont finalement différenciésmais pas opposés. Spinoza, Ethique « Toute chose s'efforce autant qu'il est en son pouvoir de persévérer dansson être.

L'effort par lequel toute chose s'efforce de persévérer dans son êtren'est rien d'autre que l'essence actuelle de cette chose.

Cet effort, en tantqu'il a rapport à l'âme seule, s'appelle : Volonté.

Mais lorsqu'il a rapport enmême temps à l'Âme et au Corps, il se nomme : Appétit.

L'appétit, parconséquence, n'est pas autre chose que l'essence même de l'homme, de lanature de laquelle les choses qui servent à sa propre conservation résultentnécessairement ; et par conséquent, ces mêmes choses, l'homme estdéterminé à les accomplir. En outre, entre l'appétit et le désir il n'existe aucune différence, sauf que ledésir s'applique, la plupart du temps, aux hommes lorsqu'ils ont conscience deleur appétit et, par suite, le désir peut être ainsi défini : « Le désir est unappétit dont on a conscience.

» Il est donc constant, en vertu desthéorèmes qui précèdent, que nous ne nous efforçons pas de faire une chose,que nous ne voulons pas une chose, que nous n'avons non plus l'appétit ni ledésir de quelque chose parce que nous jugeons que cette chose est bonne ;mais qu'au contraire nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nousnous efforçons vers elle, que nous la voulons, que nous en avons l'appétit etle désir.

» Désirer et vouloir ne sont pas des termes synonymes.

On peut désirer sans vouloir, c'est-à-dire se représenter Inpossession d'un certain objet comme une chose agréable, en jouir d'avance par la pensée.

Vouloir, c'est sans doutedésirer ; nais c'est faire effort pour réaliser son désir, pour conquérir l'objet qui nous apparaît comme un bien.Désirer ne nous coûte pas ; vouloir exige un certain déploiement d'énergie.Il ne faudrait pas croire pourtant que la volonté est une sorte de pouvoir absolu, indépendant des idées et dessentiments qui nous sollicitent dans un sens ou dans l'autre.N'oublions pas que les idées sont des forces qui se disputent le champ de la conscience.

La volonté n'est pas autrechose que l'attention intervenant dans ce conflit des mobiles.

Tout son pouvoir consiste à opposer unereprésentation à une autre, à maintenir dans la conscience une idée contre l'assaut des idées antagonistes, afin delui permettre de développer tous ses effets moteurs.

Nous sommes maîtres de nos actes dans la mesure où noussommes maîtres de nos idées.

Ainsi s'explique que nous avons souvent conscience « d'aller dans le sen de la plusgrande résistance ».

Il faut un vigoureux effort de l'attention pour implanter dans l'âme une idée qui n'est pastoujours la plus séduisante, qui a plutôt pour elle la raison que le coeur, qui exige même des sacrifices pénibles.La volonté est donc ce pouvoir que possède une conscience attentive de se modifier elle-même en surveillant le jeude ses représentations et en réglant la force de ses tendances.La volonté étant ainsi définie s'oppose, sous certains points de vue, au désir.Aristote a indiqué une différence qui mérite d'être retenue.

« Nous désirons même les choses impossibles, mais nousne saurions les vouloir ».

Le désir est souvent chimérique ; il se contente d'une possibilité illusoire, il aspire même àce qui ne dépend pas de la volonté humaine.

La volonté, au contraire, est prudente, réfléchie, pratique.

Elle impliqueune croyance ferme à la possibilité de l'acte.Le désir, disait encore Aristote, porte sur la fin, la volonté sur lés moyens.

Cette distinction découle de laprécédente.

Le désir va tout de suite à son but.

Vouloir, c'est prendre les moyens d'arriver à la fin désirée.Maine de Biran nous fournit une autre distinction importante.

La volonté est accompagnée d'un sentiment très netde la personnalité.

Vouloir, c'est se posséder.Désirer, c'est s'abandonner à l'attrait d'une chose que l'imagination nous représente comme agréable.

Aussi dans lepremier cas, avons-nous, le sentiment d'une victoire; tandis que dans le second, nous avons souvent conscienced'une abdication ou d'une défaite.

« Vaincre et dompter, dit William James, sont des verbes actifs, dont n'usent pasles fainéants, les ivrognes et les poltrons quand ils se racontent ; on ne les entend pas parler de victoires. »

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