Quel type de réalité faut-il attribuer au temps ?

« première.

Quoiqu'il en soit, la pensée travaille et fonctionne grâce à ce réel en éternel devenir, car en effet, quecela soit le réel sensible et immédiat auquel nous sommes quotidiennement confrontés ou bien le réel qui englobe lesidées, les jugements….tous sans exception changent.

Le réel remplit donc chaque pensée dans le sens où il lui offre sa pitance.

Sans lui, notre pensée vide serait inutileet nous rabaisserait au rang bestial, englués dans notre médiocrité.

Nous ne pourrions ni satisfaire nos besoinsphysiologiques, ni satisfaire nos besoins spirituels.A partir du moment où ce réel s'impose à la conscience, il emplit l'homme de substance nécessaire à sonexistence…Cette substance, il va donc essayer de la comprendre car sa nature est telle qu'il cherche à toutanalyser.

Leibniz a d'ailleurs mûrement réfléchi à la question et il en est ressorti cela.Le temps est une réponse au problème humain car il propose une lecture ordonnée de ce réel perçu.L'assertion « le tout est antérieur à la partie et en est la raison » témoigne qu'un ordre existe.

Si un événementsurvient, il s'est forcément produit avant et après un autre, c'est le passage incessant d'un non-être à un autre.Ceci est dans la logique.

La raison a eu tôt fait de saisir cet ordre manifeste des phénomènes et le temps n'est quela « concrétisation » de cette irrémédiable continuité ;il est en quelque sorte échelle rationnelle que s'est créél'homme pour se rassurer vis-à-vis de ces événements qui bouleversent son environnement.

Mais il est aussi unesorte de comparaison entre ce que nous avions connu et ce qui est devenu.Par exemple, lorsque je dis « il y a une nouvelle maison dans le quartier », je considère que cette maison estapparue mais je l'ai fait en comparaison avec le quartier que je connaissais avant cette apparition.

En fait, c'est unpeu comme si le présent dépendait de cette confrontation de l'avant et de l'après.

Non loin de s'arrêter à cet usage-là, le temps s'est également infiltré dans notre vie quotidienne sous le nom dedurée.

Celle-ci est la représentation concrète et contingente donc, appréhensible par la conscience du temps.Bergson a longuement analysé le lien de nécessité entre ce temps et cette durée.

Il en déduit en gros que le tempsétait antérieur à toute durée, ainsi que son expansion à l'infini.

Celle-ci, tout comme le temps, est nécessaire àl'homme pour se situer dans son monde.

De plus, elle pose le problème de la subjectivité.

Effectivement, l'hommedans sa saisie du réel, a tendance à considérer la même durée différemment selon les conditions du milieu.

Il estbien prouvé que 15 minutes de bonheur peuvent paraître à un individu plus courte que 15 minutes passées sus latorture.

Ce qui fait qu'il est bien difficile pour quiconque, de cerner sans erreur le concept de durée et celui detemps.

La durée peut ici être considérée comme une espèce de réalité s'exprimant manifestement.

Pourtant, le temps n'est pas tout à fait pareil car lui, il coule sans que nous puissions bien nous en apercevoir.

Cen'est bien que lorsque nous regardons ses effets, que lorsque en outre, nous voyons ses manifestations sur notrecorps également que là nous avons conscience de ce temps qui passe.

L'apparition de rides chez une personne âgéelui donnera conscience que sa vie n'est plus à ses débuts.

Ainsi, on peut affirmer que le temps est une desconditions à la conscience de son existence et du prix de cette même existence.

Il est témoin de l'évolution plus oumoins lente à laquelle nous somme soumis à cause de notre confrontation continuelle à ce réel.

Cette continuités'exprime aussi relativement bien dans la sentence de Saint Augustin « le temps est une tension de l'esprit d'attenteen souvenir ».Ici, on voit bien que le temps devient l'obsession de cet esprit et que continuellement un futur devientun présent, lequel est déjà un passé.

Le temps est vu comme une pression subie par l'homme qui a du mal àaccepter résigné l'idée que son existence va se terminer , qu'il est vulnérable.

Mais comment ressent-il ce temps ? Kant a écrit que le temps tout comme l'espace d'ailleurs était « une forme apriori de l'intuition ».

En effet, tout comme il sait qu'il existe, l'homme ressent le temps.

Cette sensation défie laraison car elle est antérieure à toute expérience comme le laisse entendre le terme « a priori ».

Difficilementrationalisable, ce sentiment pourtant si intimement lié à l'existence s'impose à chacun de nous.

De plus, l'intuitionest le mode par lequel la connaissance se rapporte immédiatement aux objets « et auquel tend toute pensée ».Autrement dit, elle est une forme de sensibilité.

Or pour Kant toujours, sensibilité et entendement sontindissolublement liés.

On peut donc croire que le temps en tant qu'intuition est l'un des moyens qui nous a étédonné pour décrypter et mieux comprendre ce que nous percevons comme informations sensibles issues du réel.L'intuition peut aussi être acceptée comme un mode par lequel l'esprit appréhende tout ce qui est pour luiphénomène, tout ce qui apparaît.Vu que les phénomènes ne se produisent que par le réel, on peut dire que le temps qui est forme de l'intuition,dépend du réel.

Il n'y a donc pas de quoi soutenir que l'on puisse attribuer une quelconque réalité au temps maisplutôt que temps et réalité, envisagés par un homme sont interdépendants.. »