Quel sens faut-il accorder à l'expression : « les droits de l'homme » ?
Publié le 18/01/2004
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Déclarés avec solennité par la Révolution française, repris par l'ONU, les Droits de l'Homme occupent une place éminente dans la vie intellectuelle et politique, qui oblige à préciser leur relation avec la notion plus générale de Droit.
Nous entendons parler des droits de l’homme à tout bout de champ, nous savons qu’il faut montrer du doigt ceux qui ne les respectent pas, et qu’il faut louer ceux qui les défendent. Nous connaissons quelques uns des droits ainsi désignés, tels que la liberté d’expression et la liberté au sens large. Pourtant, que signifie au juste cette expression ? Que faut-il entendre au juste par ces droits qui serait ceux de l’homme ? Sur quoi reposent-t-ils ? Qu’est-ce qui les justifie ? Et surtout, de quel homme est-il question au juste ? Ont-ils bien la valeur universelle qu'ils prétendent avoir ? Les droits de l’homme font partie de ces expressions qui font l’unanimité et semblent apporter avec eux un consensus immédiat. Pourtant, ces droits ont fait l’objet de lutte, en France, seule une révolution les a permis, et ils ont fait ensuite l’objet de nombreuses critiques. Comment faut-il donc comprendre cette expression si abstraite et pourtant si usuelle ?
I. Les droits de l’homme sont des droits inaliénables
II. Quel sens donner à ce droit naturel ?
III. Les paradoxes des droits de l’homme.
«
discuté.
Le débat se concentrait sur l'amendement du député Mathieu, qui voulait inscrire le droit au travail parmi lesdroits de l'homme.
En quoi ce droit était-il différent des autres droits déjà admis ? c'est qu'il suppose une certainedette de la société à l'égard de l'homme, et par conséquent on ne peut dire qu'il précède toute constitutionpolitique.
Les uns (ceux qui sont pour) prétendent en effet que les droits de l'homme seraient inutiles si l'on ne tientpas compte des conditions d'existence réelle, et notamment sociales et économiques.
Les autres prétendent quecela dénaturerait les droits de l'homme, puisqu'alors ce ne serait plus un droit naturel antérieur à toute constitutionpolitique.
Transition : « les droits de l'homme » est une expression qui semble aller de soi tant elle est courante, pourtant, en y réfléchissant bien, il devient difficile de trouver ce qui fait l'essence des droits de l'homme et ou se situe leur limite.
Maiscette difficulté n'est-elle qu'accidentelle ?
III. Les paradoxes des droits de l'homme.
A.
Tout le débat est donc de savoir si les droits de l'homme ne sont pas une simple hypocrisie, car finalement, l'hommeen tant que tel n'existe pas, il n'existe que des hommes qui sont déjà en société, dans une certaine situationpolitique et sociale.
La philosophe Simone Weil montre dans L'enracinement que tout le problème de la déclaration des droits de l'homme vient du fait que les droits ont été décrétés avant les devoirs, alors que le devoir est premier :un homme qui serait sur une île déserte, seul, n'aurait aucun droit, puisque personne ne le lui reconnaitrait.
Parcontre, il aurait encore des devoirs, envers lui-même, envers la nature etc.
les droits sont donc toujoursconventionnels, seuls les devoirs sont naturels.
L'expression ne doit donc pas faire oublier qu'un droit n'est rien sansun devoir, sans quoi, on se retrouve dépourvu devant des phrases telles que « les droits de l'homme ne sont pasrespectés » : Comment est-ce possible ? à qui la faute ? on ne peut bien comprendre cette expression que si l'onpense la notion de droit corrélativement avec celle de devoir, car justement, si les droits ne l'homme ne sont querarement respectés, c'est bien parce qu'ils n'existent pas de fait, mais de droit.
Sont-ils pour autant inutiles et vains ? B.
Jeanne Hersch, dans Quelques paradoxes des droits de l'homme écrit que le concept de droits de l'homme, s'il n'est pas universel, répond à un besoin exprimé dans toutes les cultures et toutes les langues depuis que les sociétéshumaines existent; ce besoin "contre nature", puisqu'il s'oppose à la loi naturelle du règne du plus fort, exprime enfait la quintessence de la nature humaine.
C'est donc là tout le paradoxe de l'expression « les droits de l'homme » :elle est à la fois contre-nature, puisqu'elle décrète une égalité et un dû qui serait inaliénable, alors que tout sembleen montrer la fragilité.
Les droits de l'homme s'opposent en effet à la loi du plus fort, qui semble pourtant être unetendance naturelle de l'humanité.
Pourtant, en tant qu'à travers ces droits on vise le dépassement de cette tendance,on exprime en plein la nature humaine.
ConclusionEn conclusion, on peut dire que l'expression « les droits de l'homme » est pour le moins ambigüe : elle déclare que touthomme, en tant simplement qu'il est un homme, a des droits qu'on ne saurait violer, et pourtant, ces droits sont de faitrarement respectés.
Quels sont ces droits inhérents à tout homme et dont pourtant les hommes jouissent si rarement ? Nousavons vu que cette tension, loin de mener à la contradiction constitue le cœur même de l'expression, et fait toute sa force.C'est donc justement parce que la nature humaine est telle qu'elle vise de fait la domination et l'asservissement, qu'il fautrappeler qu'en droit on ne peut asservir un homme.
Mais si l'on oublie cette composante contre-nature des droits del'homme, on ne peut que s'étonner de les voir si peu appliquer, parce qu'alors on ne comprend pas qu'ils tirent toute leurforce de leur caractère absolu..
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