Quel rapport voyez-vous entre le cynique et le pessimiste ?

Position de la question. Le cynisme est une attitude, un style de vie. Peut-on discerner quelques rapports entre cette attitude et le pessimisme ? I. Caractéristiques du cynisme. Cynisme a été pris parfois comme synonyme d'immoralité (voir ci-dessus la définition de Littré). Il y a là toutefois une erreur historique qui risque de nous donner une fausse idée du cynisme. Dans l'antiquité, le cynisme d'Antisthène, de Diogène, etc., fut d'abord une exagération intransigeante du moralisme de Socrate. C'est ce qu'il ne faut pas perdre de vue si l'on veut définir l'attitude cynique en général. A — En réalité, le cynique est d'abord un individualiste. Sous prétexte de moralité personnelle, il proclame que le sage « se suffit « à lui-même et ne tient aucun compte de l'aspect social de la moralité. B — ll en vient ainsi à mépriser toutes les conventions sociales et même les règles de la vie en société. Non seulement il rejette les préjugés courants, mais il se plaît à braver l'opinion, à faire fi de l'honneur, et il renie les obligations de l'individu envers la famille, la patrie, etc. C. — De là, chez lui, un orgueil qui n'est qu'une déviation du sentiment de la dignité personnelle, mais qui le fait se considérer comme supérieur à tous les autres. On raconte qu'un jour, Diogène ayant été fait prisonnier et vendu comme esclave, on lui demanda ce qu'il savait faire : « Commander «, répondit-il. D. — Enfin cette « suffisance « du cynique l'amène à railler, à critiquer tout ce que font les autres (on se rapproche ici du sens anglais du terme). «Souvent, écrivait d'Holbach, sous le manteau du cynique, sous les apparences du désintéressement, du mépris des grandeurs, de la louange et des plaisirs, nous ne trouverons que des âmes bilieuses, rongées par l'envie, embrasées du vain désir d'une gloire usurpée toutes les fois qu'on ne la doit point aux avantages réels qu'on procure à la société. «