Quel pouvoir la technique nous donne-t-elle ?
Publié le 16/03/2009
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Nous allons tout d’abord constater que la technique nous donne un pouvoir sur la nature, pour ensuite considérer que la technique nous donne un pouvoir sur les hommes. Enfin, nous examinerons le raisonnement par lequel le racisme utilise la technique pour tenter d’établir une hiérarchie entre les hommes.
En nous permettant de transformer la matière, la technique commence, semble-t-il par nous donner un pouvoir sur la nature, une capacité d’action sur les choses. En ce sens, le lien entre technique et science est essentiel : c’est en connaissant la nature que nous pouvons agir sur elle ou, comme l’affirmait Bacon, « on ne commande à la nature qu’en lui obéissant «. Cette idée d’une maîtrise de la nature, nous la retrouvons chez Descartes, lorsqu’il affirma que la science et la technique doivent nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature «.
Certes, cette maîtrise n’est pas illimitée, mais elle est importante pour l’homme, dans la mesure où elle lui permet d’œuvrer pour son bonheur. Pour Descartes, par exemple, la technique a pour but d’améliorer les conditions de vie matérielles des hommes . Mais bien que ce pouvoir soit en passe de devenir illimité en fait (par le biais du progrès), c’est à dire bien que les limites matérielles de e que nous pouvons faire et ne pas faire soient de plus en plus dépassées, ne faut-il pas concevoir d’autres limites ? Aux limites proprement techniques qui disparaissent progressivement, ne faut-il pas ajouter par nous-mêmes des limites volontaires, d’ordre éthique et écologique ?
«
C'est l'étant dans sa totalité qui est menacé.
Les sociétés modernes où la technique est omniprésente doivent pourcontinuer d'exister se protéger contre sa propre disparition en préservant ce qu'il y a de plus fondamentale sansquoi rien d'autre ne puisse exister.
Notre avenir dépend de notre attention, cette responsabilité qui doit être priseest ce sans quoi rien ne peut exister, c'est le socle de toute avenir de la civilisation.
Une technique sans limites pourrait donc être dangereuse et devenir une malédiction pour l'homme.
Nous avons vu dans la première partie que la technique nous donnait un pouvoir, c'est à dire ici unecapacité d'action, sur la nature.
L'accroissement de ce pouvoir doit nous amener à poser des limites éthiques(morales), comme l'a montré par exemple Hans Jonas.
Toutefois, la technique ne nous donne-t-elle pas également un pouvoir sur les hommes ? Ce pouvoir sur leshommes n'est plus seulement conçu comme une capacité, mais plutôt en un sens politique, comme un droit, uneautorisation à commander.C'est ce que nous montre plusieurs exemples : d'une part, la technique donne une force supplémentaire dans lecadre d'un pouvoir reposant sur la force physique (pouvoir militaire).D'autre part la technique, plus indirectement, permet dans les états totalitaires d'assurer une surveillance accruedes individus : s'il est possible de mettre des caméras à tous les coins les de rue, on peut beaucoup mieux contrôlerles faits et gestes des gens.Au delà de ces deux cas extrêmes, on peut relever d'autres situations dans lesquelles le lien entre technique etpouvoir semble plus « respectable » : c'est le cas par exemple de la technocratie, qui est le régime politique danslequel ceux qui possèdent des compétences techniques des savoirs ou des savoir-faire, possèdent en même tempsle pouvoir (ex : la commission européenne de Bruxelles).
Dans le même ordre d'idée, Karl Marx avait déjà remarqué que l'on peut établir un parallèle entre le pouvoir économique et le pouvoirpolitique : ceux qui possèdent les moyens techniques de productionconstituent une classe dominante dans la société, et cette domination setraduit à un niveau politique.
Par exemple les bourgeois au XIXe sièclepossèdent en même temps les usines et le pouvoir.
En outre, les seigneurs duMoyen-âge possèdent les terres et jouissent d'une suprématie politique.
L'homme, selon Marx (Contribution à la critique de l'économie politique), sedistingue des autres animaux par la production de ses propres moyens desubsistance.
À la base de l'existence concrète de l'homme, il y a donc laproduction.
C'est pourquoi l'homme en général, séparé, isolé, n'existe pas.
Iln'existe que socialement, c'est-à-dire dans une société donnée, à un momentde l'histoire, et entretenant avec les autres hommes des rapports qui sont lerésultat de la place qu'il occupe dans la production.C'est dire du même coup que sa conscience, c'est-à-dire ses idées, lesreprésentations qu'il se fait du monde et de lui-même, ne sont pasindépendantes de cette place qu'il occupe.
Elles sont, à leur tour, le produitdes conditions d'existence de l'homme.
Ce que Marx appelle idéologie(Idéologie allemande) désigne alors la relation des idées et de la situationconcrète de l'homme.
Ce qui apparaît comme l'oeuvre libre de l'esprit, dessystèmes philosophiques et religieux aux institutions politiques et juridiques,est en fait déterminé par l'organisation sociale.
Cependant, on peut se demander dans quelles mesure ces formes de pouvoir, qui reposent sur unecapacité technique, sont « légitimes » : le fait de posséder une capacité nous donne-t-elle le droit de gouverner ? On semble en fait revenir ici à un système qui n'est que celui de « la loi du plus fort », en remplaçant laforce par une compétence ou une propriété.
Mais dans ce cas, on voit bien en quoi le pouvoir est confisquer par ungroupe particulier, ce qui s'oppose par exemple à l'idée de démocratie.
Tout le problème vient de ce que l'onconfond, dans ce cas, deux domaines : le domaine du fait et le domaine du droit.
Que veulent dire ces expressions ?Le domaine du fait, c'est le domaine de ce qui est .
Quant au domaine du droit, il s'agit du domaine de ce qui doit être . Cette distinction correspond à celle que l'on avait établie, par rapport au mot « pouvoir », entre capacitéet autorisation : la technique, puisqu'elle nous donne une capacité à agir, se place dans l'ordre du fait.
Mais ce n'estpas parce que j'ai une capacité d'action que je suis autoriser à commander, que j'en ai le droit.
Si cela était le cas,cela voudrait dire, entre autres choses, que le pouvoir change de main dès que changes les rapports de force etque celui qui est le plus fort, ou le plus riche, ou le plus savant, a tous les droits.
La technique semble donc bien donner un pouvoir sur les hommes, mais ce pouvoir ne peut en aucun cas êtreconsidéré comme légitime, juste.
C'est ce genre de confusion (entre fait et droit), que l'on retrouve sous une forme légèrement différente dans lesdoctrines racistes et dans leurs conséquences politiques comme le colonialisme.
En quoi le racisme fait-il intervenirla technique ?Rappelons-nous bien ici de ce que le racisme cherche à montrer, à savoir qu'il existe des races supérieures (lasienne) et des races inférieures (les autres).
Comment procède-t-il pour fonder cette idée sur un raisonnement, et.
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