Quel intérêt présente pour la connaissance de l'homme l'étude de la psychologie pathologique ?
Publié le 16/09/2014
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Mais cette folle activité des fonctions irrationnelles ne diffère de l'activité normale que par son indépendance vis-à-vis de la raison : chez les fous, « le cours mécanique des pensées n'est point très différent en eux de ce qu'il est en chacun; seulement en eux le mécanisme règne, par l'absence de souverain « (5),
«
74 PSYCHOLOGIE
a) Pour démontrer cette thèse, on faisait cl 'aboi'ti valoir que, dans la réalité, il n'existe pas d'individus rigo11reusement normaux : ceux qu'on
observe ne font que s'approcher plus ou moins de cet idéal qui constitue l'objet théorique de la psychologie classique.
Jusque chez celui qui passe pour bien équilibré, on relève sans peine nombre ù 'anomalies légères, et son équilibre apparent peut s'expliquer par un heureux ensemble de qua lités et de défauts qui se compensent.
Mais on cherche surtout à montrer, que, même dans les cas extrêmes, les troubles mentaux ne sont que des.
variations en hyper, hypo ou para, c'est-~-dire des grossissements, des
diminutions ou des déviations perverses de phénomènes normaux, et qu'on passe insensiblement des uns aux autres.
Aussi n'avons-nous pas de difficulté
à comprendre certains états mor
bides qui exigent l'intervention du psychiatre ou même l'internement :
nous comprenons le délire de persécution ou l'égocentrisme du paranoaïque
pour avoir observé ces dispositions
à l'état faible autour de nous sinon en nous-même.
De là, certains psycho-pathologistes avaient conclu que " les phénomènes psychologiques les plus normaux peuvent être étudiés indifféremment chez les sujels normaux et dans les asiles et ne subissent
dans ce dépaysement aucune transformation caractéristique " (1).
Bien
plus, les observateurs des asiles sont privilégiés, car la pathologie mentale prodigue toutes faites œtte variété d'expériences dont a besoin le savant
moderne pour expliquer les faits et que la morale ne permet pas d'insti tuer .dans les laboratoires de psychologie.
Dans ces conditions, non con tente d'aider la recherche psychologique, " la pathologie mentale devenait la psychologie même " (2).
b) Cette thèse a été renforcée par l'hypothèse du physiologiste anglais
Henry HEAD, d'après lequel les anomalies psychiques résulteraient de ce qu'il appelle la perte de contrôle (escape from control) des automatis mes (3).
Normalement, l'activité automatique de l'esprit aussi bien du
.corps est sous la direction des centres supérieurs ou corticaux, mais par fois, par suite de lésions cérébrales ou de la violence de l'action régula trice des fonctions rationnelles, les fonctions inférieures, en particulier l'imagination et l'affectivité, s'affolent; il se produit en elles une tiyper activité incohérente : c'est la folie (4).
)fais cette folle activité des fonctions irrationnelles ne diffère de ! 'ac tivité normale que par son indépendance vis-à-vis de la raison : chez les
fous, '' le cours mécanique des pensées n'est point très différent en eux de ce qu'il est en chacun; seulement en eux le mécanisme règne, par ! 'absence de souverain ,, (5).
Par suite, l'observation de cette activité anormale de l'esprit est très utile pour mieux connaître son activité normale : d'abord, parce qu'elle nous permet d'analyser, dans une expérience toute faite, fo mécanisme
du psychisme automatique; ensuite, parce qu'elle nous amène à préeiser
(1) M.
PRADINES, Traité de psychologie générale, t.
I, p.
26.
:'i'oter que M.
PRA nINEi< combat eette opinio.n.
(2) Id., ibid.
(3) Cf.
Il.
HEAD, La libération fonctionnelle, le Journal de Psychologie•, rn:zs, p.
502-fü)3.
f4) Cf.
P .
.Four,QcrÉ, Traité.
T.
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