Quel est le rôle de l’intelligence dans la formation des habitudes ?
Publié le 10/02/2016
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On assigne d’ordinaire comme cause à l’habitude la répétition ; mais c’est là une affirmation qui demande à être précisée. Sans insister ici sur cette remarque courante que l’habitude doit commencer dès le premier acte, il faut ajouter que la répétition pure et simple serait insuffisante : la répétition qui engendre une habitude n’est pas le recommencement exact du premier acte. Comme le dit justement M. Roustan, « la formation d’une habitude utile exige une correction progressive des essais ». L’acte premier est en effet généralement maladroit ; le rôle de l’intelligence sera d'en corriger progressivement les gaucheries. Pour cela, il est nécessaire de décomposer l’action en mouvements élémentaires que l’on réunit ensuite : l’enfant trace des barres, des jambages, avant d’écrire les lettres et les mots ; les méthodes suivies dans les différents apprentissages (qu'il s’agisse d'apprendre à écrire, à danser ou à faire toute autre action complexe), ont précisément pour but de diriger le débutant, afin de lui faire acquérir de bonnes habitudes.
«
VIE ACTIVE
li.
-Avant de déterminer ce rôle, il
importe de reprendre la distinction, pro
posée par Maine de Biran, des habitudes
actives et des habitudes passives.
Les pre
i49
Habitude active et habitude passive.
mières portent sur des actions à accomplir, alors que les
secondes portent sur des impressions à éprouver, sur des
influences à
subir.
Cette distinction, bien que n'ayant rien
d'absolu (puisque toutes nos actions renferment une part
plus ou moins grande d'activité et de passivité) n'en est pas
moins utile au point de vue qui nous intéresse, car l'intelli
gence n'intervient
guère dans la formation de l'habitude
passive: s'accoutumer au froid, au chaud, à certaines odeurs,
à certaines conditions spéciales de
climat ou de pression,
n'exige guère d'intelligence; il y a là surtout une affaire de
temps et d'adaptation progressive de l'organisme aux cir
constances nouvelles.
C'est dans la formation des
habitudes
actives que l'intelligence va principalement jouer un rôle.
III.
- L'intelligence intervient d'abord
clans le choix des habitudes à contracter.
C'est
qu'en efl'et, à l'origine de nos habi
tudes, il y a place pour la volonté : il
dépend de nous,
pour une large part, de
Rôle
de l'intelligence
dans le choix
des habitudes.
prendre ou de ne pas prendre une habitude, de céder ou de
résister au désir qui la fait naître: nous pouvons donc choisir
nos habitudes.
Ce choix, ce sont sans doute nos tendances
innées
qui vont le diriger, mais aussi l'intelligence qui cher
chera à nous faire
acquérir des habitudes en rapport avec le
genre de vie
qui doit être le nôtre, avec la profession que
nous voulons embrasser.
L'intelligence nous propose les
buts, les fins de notre activité, et par là elle nous entraîne à
acquérir la technique appropriée.
Ainsi, l'ouvrier voulant
arriver dans son métier se soumet à un apprentissage plus
ou moins pénible; l'employé qui désire se rendre utile dans
la maison où il travaille, apprend la sténographie ou la dac
tylographie; l'amateur de sport subit un sévère entraîne
ment, l'homme du monde apprend à danser, etc., etc.
Et,
remarquons-le, jamais nous ne nous y prendrons trop
tôt pour fa,ire ce choix: celui qui, par exemple, apprend une
langue étrangère après vingt ans n'en possédera probable-.
»
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