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Quel est le rôle de l'hypothèse dans la connaissance scientifique ?

Publié le 03/01/2004

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En revanche si l'oiseau est rouge je pose avec certitude que ce n'est pas un merle. La nature sait dire non à nos hypothèses, elle ne peut pas dire absolument oui. Du moins est-il nécessaire, pour vérifier une hypothèse, de réunir un faisceau de preuves convergentes qui donnent à l'hypothèse le maximum de probabilité. La lampe de mon bureau s'éteint brusquement ; je fais l'hypothèse d'une panne dans le secteur ; si cette hypothèse est juste, les ampoules des autres pièces seront également éteintes, tout le quartier doit être plongé dans l'obscurité ; un coup de téléphone à l'usine électrique me donne encore une confirmation. Mais à strictement parler je pourrais expliquer autrement toutes ces conséquences vérifiées que j'ai tirées de mon hypothèse. Il serait théoriquement possible que toutes les lampes du secteur se soient trouvées usées au même moment, que mon correspondant téléphonique soit un mauvais plaisant, etc. Seulement ce qui est théoriquement possible n'a pratiquement ici aucune probabilité et je peux considérer l'hypothèse comme vérifiée.Cependant, la conception rationaliste de l'hypothèse laisse un problème en suspens et c'est le problème de l'origine de l'hypothèse. D'où vient l'hypothèse ? Il faut bien comprendre qu'ici l'imagination devance la logique : il y a une logique de la preuve, il n'y a pas une logique de l'invention.

On dit des sciences qu'elles sont hypothétiques ou déductives, qu'est-ce que cela peut bien signifier sinon que la science émet des hypothèses et tentes de les valider ou de les vérifier expérimentalement.

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« Songeons à la classification chimique de Mendeleieff ; en comparant les poidsatomiques de différents corps et en les rangeant affirmative.

Mais il procèdepar le détour d'une question nouvelle.

Il demande (pour reprendre l'expressionde Bachelard) : « Pourquoi pas ? » C'est le savant qui va au-devant de lanature, qui risque une explication audacieuse, qui propose une hypothèseimprévue et (lui demande à la nature : « Pourquoi pas ? »Dans le domaine expérimental l'hypothèse n'a de signification scientifique quesi elle est vérifiable.

Lorsque Newton rejetait les hypothèses il ne voulaitexclure que les hypothèses métaphysiques stériles, parce qu'à jamaisinvérifiables ; l'hypothèse scientifique n'a qu'une portée instrumentale.

Il fautsavoir la modifier, l'abandonner parfois après le verdict de l'expérience, «comme on change un bistouri émoussé », dit Claude Bernard.

Car si « l'idéedirige l'expérience », à son tour « l'expérience juge l'idée ».

La vérification del'hypothèse est une opération plus ou moins compliquée.

Parfois la vérificationest directe.

Ainsi les télescopes berlinois n'ont qu'à fouiller le ciel à l'endroitprévu par Le Verrier pour découvrir Neptune.

Souvent on ne vérifie pasdirectement l'hypothèse mais seulement les conséquences de l'hypothèse.Comme dit Claude Bernard, « on introduit l'idée anticipée dans unraisonnement en vertu duquel on fait des expériences pour la contrôler ».

Ils'agit des cas où la vérification de l'hypothèse n'est possible que par lamédiation d'une déduction.

C'est de cette manière que Pascal vérifie l'hypothèse de la pression atmosphérique formulée par Torricelli : si vraiment c'est la pression atmosphérique quiexplique que l'eau dans les pompes vides ne monte qu'à 10,33 m, que le mercure dans le tube à mercure ne montequ'à 76 cm, alors la hauteur du mercure dans le tube expérimental devrait diminuer en raison directe de l'altitude (enmême temps que le poids de la colonne d'air).

De l'hypothèse, Pascal a déduit une conséquence.

C'est unraisonnement du type hypothético-déductif comme ceux que l'on rencontre en mathématiques.

Seulement tandisqu'en mathématiques le raisonnement hypothético-déductif se suffit à lui-même, dans les sciences de la matière, ceraisonnement est intégré à la conduite expérimentale dont il ne constitue qu'une étape.

La conséquence déduite del'hypothèse doit être prouvée par l'expérience.

C'est ainsi que le beau-frère de Pascal, Perier, magistrat à Clermont- Ferrand, monte au sommet du Puy-de-Dôme, Pascal lui-même au sommet dela Tour Saint-Jacques et ils vérifient que la hauteur du mercure dans le tubeexpérimental diminue effectivement avec l'altitude.Toutefois cette méthode indirecte ne peut pas vérifier absolumentl'hypothèse, car je peux très rigoureusement déduire d'une hypothèse fausseune conséquence qui se trouve vraie pour d'autres selon un certain ordre, ilmontre que leur suite semble constituer une échelle.

Mais il y avait des casesvides.

D'où l'hypothèse qu'on pourrait peut-être les remplir en reconstituantexpérimentalement ces espèces chimiques possibles.

L'hypothèse consistetoujours à compléter les données « mutilées » et « confuses » de l'expérienceen les intégrant à un système intelligible.

Il s'agit d'enrichir de fondementsrationnels ce monde empirique, ce monde de « conséquences sans prémissesn dont parlait Spinoza.

L'hypothèse consiste à inventer les prémisses absentes; sans doute tout l'intelligible n'est-il pas réel et l'hypothèse demande à êtrevérifiée.

Elle n'en est pas moins cette lumière des possibles rationnels quiéclaire le savant à chaque pas de sa démarche, dans son exploration dumonde réel.. »

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