Quel est le rôle de la volonté dans la croyance ?
Publié le 26/03/2004
Extrait du document
«
II.
- LE RÔLE DE LA VOLONTÉ DANS LA CROYANCE
A.
Notions.
— a) Au sens large du mot, on rattache à la volonté toute impulsion spontanée à l'action ; dans ce cas,le désir et la passion sont une forme de la volonté.
— Mais au sens strict, la volonté, qui s'oppose au désir et à lapassion, consiste dans la faculté de se déterminer d'après les données de la seule raison.b) La croyance n'est souvent qu'une attitude pratique (c'est le cas des « croyances » religieuses de nombre de «pratiquants », comme des croyances antireligieuses de la masse de « non-pratiquants ») ou l'objectivation d'undésir, mais sans véritable assentiment intellectuel ou du moins avec un assentiment imparfait.
C'est de cette espècede croyance qu'il est vrai de dire avec Sartre (2) : « Savoir qu'on croit, c'est ne plus croire...
parce que cela n'estque croire ».
— Mais au sens fort le mot croyance désigne aussi unassentiment sans réserve à ce qu'on reconnaît vrai.
B.
Réponse à la question.
— a) Dans les formes inférieures de la croyance, lavolonté, au sens strict du mot, n'intervient pas : ses ressorts essentiels sontla pression du milieu d'une part, et, de l'autre, les sentiments ou les intérêtspersonnels qui suscitent cette impulsion que nous avons rattachée à lavolonté au sens large du mot.b) Sous sa forme supérieure, la croyance est indépendante des impulsions denature infra-intellectuelle qui constituent une sorte de vouloir inférieur.
-- Lavolonté proprement dite elle-même n'est jamais le facteur suffisant et n'estpas toujours le facteur nécessaire de la croyance : on ne croit pas ce qu'onveut et il est des faits auxquels nous sommes forcés de croire.
— Enfin, lavolonté n'agit qu'indirectement sur la croyance : elle ne fait pas adhérer àune proposition trop incertaine pour provoquer une adhésion spontanée ; elleécarte les obstacles qui s'opposent soit à un examen objectif de la question,soit à une conclusion raisonnable.
Conclusion.
— Étant donné que, dans la vie pratique, nous devons souvent choisir en nous fondant sur de simples probabilités, il ne suffit pas, pour éviterl'erreur, de n'admettre que de ces croyances supérieures que déterminent laraison et la volonté.
Mais nous nous tromperions bien moins souvent.
La plupart de nos erreurs résultent d'une carence de la raison et de la volonté proprement humaines : nous sommestrompés parce que nous nous laissons aller aux impulsions inférieures de notre nature.
C'est en se laissant ainsi allerqu'on se trompe.
Toutefois on ne se trompe qu'au sens pronominal du verbe.
Ainsi l'affirmation de Goethe est moinsparadoxale qu'il avait pu paraître..
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