Que veut-on dire quand on affirme : « Ceci est mon droit » ? (Pistes de réflexion seulement)
Publié le 24/03/2004
Extrait du document
«
vie, ses biens, sa famille, exige d'autrui qu'il le respecte et qu'il ne menace pas ses droits.
Les droits, dont il estquestion, seraient des droits naturels, comme le droit à la vie.
L'individu, seul, détermine de lui-même son droit, etcela pour lutter contre la menace extérieure, incarnée en autrui.
L'individu énonce son droit et exige d'autrui qu'il lerespecte, mais de ce fait il dépasse la sphère individuelle pour entrer dans l'état social, à partir du moment où ildemande à autrui de consentir au droit qu'il édicte.
La deuxième situation d'énonciation procède de manière inverse.L'individu, appartenant à une communauté ayant des lois établies, affirme son droit, celui-là même que la société afondé.
Dans ce cas la communauté est première et ce n'est qu'à l'intérieur d'elle que l'individu peut affirmer sondroit.
Dans ces deux situations ce qui est commun, ce sont les protagonistes, à savoir d'une part l'individu etd'autre part la communauté.
Dans la première partie nous analyserons la première situation d'énonciation, dans la deuxième partie nous nous attacherons à expliquer la nature du second contexte.
Enfin la dernière partie aura pour fonction de répondre àla problématique sous-jacente à cette affirmation et qui concerne les rapports de l'individu à la communauté ausujet du droit.
Plan détaillé
I- L'individu peut-il être à l'origine du droit ?
Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes , Rousseau utilise l'expression « Ceci est à moi » que l'on peut rapprocher de notre sujet, puisque dans les deux cas il s'agit de l'affirmationd'un droit.
Dans l'extrait du discours le droit dont il est question est précisé, ils'agit du droit de propriété : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisade dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire fut le vrai fondateur de la société civile. » La force de cette proposition réside dans ses conséquences.
En effet elle implique qu'autrui respecte mapropriété, ne la viole pas, la parole, ici a force de loi.
Pascal souligne dans ce passage des Pensées le sens de la relation entre la justice et la force, il en montre l'ambiguïté.
« Il est juste que ce quiest juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.
Lajustice sans la force est impuissante ; la force sans la justice esttyrannique.» La force de la parole de l'individu affirmant « Ceci est mondroit » est l'origine de la justice ; la justice étant, ici, à rapprocher du droit.
Le Gorgias de Platon nous livre un portrait du tyran pertinent.
Le droit du plus fort au sein d'une tyrannie semble bien être effectif.
En effet c'estcelui qui détient le pouvoir qui décide du droit et du gouvernement de la cité.La possession d'un pouvoir risque toujours de dégénérer, la tentation étantforte d'en abuser.
Or l'abus de pouvoir est injustice.
Le droit du plus fort ressemble alors à une illusion puisque derrière ce droit se cache l'injustice.
Cette première partie nous permet de mieux comprendre la première situation d'énonciation.
Elle met en évidence toute la complexité d'un tel contexte, il suppose que l'individu puisse être à l'origine du droit en utilisant laforce.
II- L'émergence de la notion de droit suppose-t-elle l'existence préalable de la communauté ?
Aristote, au début des Politiques, affirme que l'individu, quand il naît, appartient déjà à une communauté.
En ce sens le droit ne s'origine pas dans la parole d'un individu isolé, mais il est toujours déjà l'expression collective dela justice qui est au fondement de la société.
L'affirmation « ceci est mon droit » se référerait donc au droit déjàconstitué qu'il s'agit de faire respecter.
Les conditions de possibilité du respect du droit résident dans l'état civil.
« On peut appeler le premier et le second état [à savoir l'état de nature et l'état social] un état de droit privé ; en revanche le troisième et dernier [àsavoir l'état civil] est celui du droit public.
Ce dernier ne contient rien de plus, ou pas d'autres devoirs des hommesentre eux que ceux que l'on peut concevoir dans le premier ; la matière du droit privé est la même en l'un et enl'autre.
Les lois du dernier ne concernent donc que la forme juridique de leur coexistence (leur constitution), et àson point de vue ces lois doivent être nécessairement conçues comme publiques.
» KANT, Doctrine du droit, 41. L'Etat ne confère pas à l'individu de droits nouveaux, la possibilité des droits est pensable en dehors de laconstitution civile.
La communauté n'est pas seulement à l'origine du droit, elle est aussi ce qui le rend effectif, ellele garantit.
L'exigence individuelle, exprimée par l'affirmation « ceci est mon droit », n'est pas première mais seconde, elle intervient dans un contexte déterminé.
Le problème, à l'issue de cette deuxième partie, est le fait que l'individu aitbesoin d'affirmer un droit que la communauté est censée garantir.
III- Le droit doit-il être critiqué ?.
»
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