Que veut-on dire au juste lorsque l'on dit que l'homme est un « animal raisonnable» ?
Publié le 25/03/2015
Extrait du document
Il y a une liaison dans les perceptions des animaux qui a quelque ressemblance avec la raison ; mais elle n'est fondée que dans la mémoire des faits, et nullement dans la connaissance des causes. C'est ainsi qu'un chien fuit le bâton dont il a été frappé parce que la mémoire lui représente la douleur que ce bâton lui a causée. Et les hommes en tant qu'ils sont empiriques, c'est-à-dire dans les trois quarts de leurs actions, n'agissent que comme des bêtes ; par exemple, on s'attend qu'il fera jour demain parce que l'on a toujours expérimenté ainsi. Il n'y a qu'un astronome qui le prévoie par raison ; et même cette prédiction manquera enfin, quand la cause du jour, qui n'est point éternelle, cessera. Mais le raisonnement véritable dépend des vérités nécessaires ou éternelles ; comme sont celles de la logique, des nombres, de la géométrie, qui font la connexion indubitable des idées et les conséquences immanquables. Les animaux où ces conséquences ne se remarquent point sont appelés bêtes ; mais ceux qui connaissent ces vérités nécessaires sont proprement ceux qu'on appelle animaux raisonnables.
LEIBNIZ
«
avec la raison» chez les animaux, parvient à la définition la plus
rigoureuse de la raison, qui permet de distinguer les hommes
qui «sont proprement ceux qu'on appelle animaux raison
nables».
Leibniz reprend donc à son compte la fameuse dis
tinction aristotélicienne pour définir plus précisément cette
différence spécifique qui distingue l'homme du reste du monde
des « bêtes».
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REPERER LE MOUVEMENT DU TEXTE
Dans un premier temps, Leibniz repère le genre de liaison de
représentations que l'on peut attribuer aux animaux d'après la
cohérence de leurs conduites : ils perçoivent des images et les
associent dans leur mémoire.
Mais la remémoration d'enchaî
nement n'est pas encore une connaissance.
Leibniz remarque alors que l'homme est un animal raison
nable: il partage avec les animaux l'association d'idées, qu'il
porte à un plus haut point d'abstraaion lorsqu'il procède par
induaion comme le fait l'astronome.
Mais ce qui fait de l'homme un animal raisonnable, c'est la
possibilité de connaître les «vérités éternelles» : en cela il
exprime une correspondance plus étroite avec Dieu lui-même.
EXPLICITER LES TERMES
-Mémoire des faits / connaissance des causes : cette opposi
tion permet de souligner la différence entre perceptions et sou
venirs d'une part, et concepts d'autre part La mémoire des faits
n'implique que la faculté de se représenter d'anciennes per
ceptions grâce à l'imagination.
Elles ont certes subi une trans
formation en raison du travail de la mémoire, mais elles sont
tout de même analogues aux perceptions actuelles.
La connais
sance des causes mobilise au contraire des données abstraites,
elle suppose une liaison logique d'éléments généraux qui ne sont
plus liés direaement à l'intuition sensible.
-«Les hommes en tant qu'ils sont empiriques [.
..
] n'agissent
que comme des bêtes» :il ne faut surtout pas penser que Leib
niz reproche ici à l'homme un comportement« bestial» ou qu'il
le juge stupide ! Il s'agit tout simplement de remarquer que
notre rapport à l'expérience («en tant que nous sommes empi
riques») ne requiert pas de nous une élaboration très abstraite.
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