Que signifient, pour les scientifiques, « objet >> et « objectivité »?
Publié le 10/07/2018
Extrait du document
· L'objet scientifique serait-il une abstraction (et en un certain sens une réduction) de l'objet réel ?
Cf.. la position dite empiriste qui prétend en quelque sorte tirer directement de « l'objet réel » sa « connaissance » (scientifique).
· Ne pourrait-on dire que l'objet scientifique est un produit de la science et qu'une science, pour devenir telle, doit créer ses propres objets (par exemple, le « corps pur » du chimiste, « l'atome » du physicien).
- Ainsi l'atome du physicien n'est ni une idée, ni une chose, mais un condensé d'expériences supposant un appareil technique considérable. Selon le modèle matriciel de Heisenberg il n'est qu'un ensemble de chiffres, eux-mêmes résultats interprétant des variations de l'état des instruments construits à cet effet, c'est-à-dire des mesures.
L'expression mathématique ne vise donc pas une réalité corpusculaire que l'on concevrait abstraitement comme l'élément matériel atome; elle se rapporte au fonctionnement des instruments qu'il a fallu commencer par construire.
- D'autre part, il arrive qu'à la suite d'une modification partielle de la théorie, la constitution logique des objets se trouve changée. Les changements se répercutent de proche en proche jusqu'au moment où une théorie entière bascule (Cf.. la rupture opérée par la théorie de la relativité et la
«
théorie des quanta solidaires de la constitution de nouveaux
ob jets scientifiques).
• La mécanique quantique, en admettant la nécess ité, pour
penser un phénomène comme la lumière, de poser la dualité
de sa nature comme onde et comme particule, pose d'une
toute autre façon la notion d'objet (qui n'a plus rien à voir
avec ce que l'on met, dans la langue courante, sous ce terme).
• Dans son Essai sur la connaissance approchée, Bachelard
parle d' « un double postulat métaphysique à la base de la
physique moderne », p.
52.
1° L'existence de l'ob jet est contemporaine de la connais
sance que nous en prenons.
2° Cette existence même est relative à nos méthodes d'où
sa formule : « L'objectivité est une forme sans objet » (Idem
p.
248).
L'objet scientifique est conçu par Bachelard comme produit
par les opérations qu'implique sa connaissance.
Les objets ou les matières sur lesquels travaille « la cité
scientifique » sont des objets sociaux (c'est-à-dire non « natu
rels }}) déjà soumis à une rationalité scientifique.
Cf chapitre Phénoménologie et matérialité de son livre
Le Matérialisme rationnel (P.
U.F.).
- La façon dont Bachelard appréhende l'objet scientifique
dans les sciences du xxe siècle le conduit à affirmer que la
connaiss ance scientifique n'a plus pour contenu la connais
sance de «la nature » (de «l'objet réel » ?).
Une telle question
pour lui est dépassée, définitivement périmée, n'a finalement
pas de sens.
Cf « En chimie, la prise sur la nature correspond à une
période révolue.
>} Le Matérialisme rationnel, p.
31.
- On peut s'apercevoir ici qu'une réflexion sur l'objet scien
tifique est non seulement une réflexion d'ordre méthodolo
gique, épistémologique mais d'ordre philosophique , d'ordre
ontologique (ce qui signale l'enjeu du débat).
• Consulter le livre de Michel Vadée, Bachelard ou le nouvel
idéalisme épistémologiq ue, qui se réclame du marxisme ( É di
tions Sociales) .
Cf citation p.
282-283.
« Théorie de « l'ob jet » et de l'ob jectivité de la connaissance qui fait
dépendre l'existence et la nature de l'ob jet connu des opérations (épisté·
mologiqu es) qui permettent sa définition et son étude scientifiques..
»
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