Que pensez-vous de cette définition de BERGSON : « La philosophie ne mérite pas d'être louée ou critiquée comme une construction personnelle. Elle n'est que la résolution une fois prise de regarder naïvement en soi et autour de soi. » ?
Publié le 11/09/2009
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Bergson, dans cette citation de La Pensée et le Mouvant, nous donne une définition de la philosophie. A première vue, elle semble paradoxale dans la mesure où elle refuse le blâme ou la critique d’une définition de la philosophie comme production personnelle. Pourquoi ? Si elle est philosophie véritable alors est le fait d’une résolution, c’est-à-dire d’une prise de conscience qui, pour Bergson, a lieu à l’intérieur et à l’extérieur de soi, c’est-à-dire comme introspection et découverte du monde. Cette résolution est alors une conversion du regard qui définit proprement l’acte du philosopher. Cependant, parler de philosopher naïvement, n’est-ce pas revendiquer une simplicité de la philosophie (1ère partie), c’est-à-dire produire une critique in fine de l’abstraction des systèmes clos (2nd partie), donc de la métaphysique et vouloir produire une ouverture vers le monde dans cette acte qui n’est somme toute qu’une attention à la vie (3ème partie).
«
réalité où nous vivons.
Ils sont trop larges pour elle ».
Si l'on examine précisément un système, on peut voir que sonabstraction le place dans un au-delà qui est valable en tout lieu et en tout temps.
Autrement dit, il ne rend pascompte de la spécificité du temps.
Mais surtout, ils ne font pas attention à la vie.
Le système ne possède pas lavie, il est inerte.
Or sa vie, il ne peut prétendre comprendre le vivant, et le monde qui l'entoure.
L'abstractionrationalisante du système est une crise en philosophie.
L'énergie manque.
Le système n'a pas en lui-même de sens,il a pour but la circularité.
Ainsi, on peut passer d'un point à l'autre du système sans que le reste en soi changer.
Laphilosophie ou le système vraie de la connaissance devrait plutôt se comprendre comme un organisme : « C'estqu'un vrai système est un ensemble de conceptions si abstraites, et par conséquent si vastes, qu'on y ferait tenirtout le possible, et même de l'impossible, à côté du réel.
L'explication que nous devons juger satisfaisante est cellequi adhère à son objet : point de vide entre eux, pas d'interstice où une autre explication puisse aussi bien seloger ; elle ne convient qu'à lui, il ne se prête qu'à elle.
Telle peut être l'explication scientifique.
Elle comporte laprécision absolue et une évidence complète ou croissante ».b) Si la philosophie doit revenir vers soi et faire attention à la vie, c'est bien parce qu'ils oublient le mouvement et ladurée.
Ils n'ont pas d'histoire.
Les systèmes philosophiques ne sont pas taillés à la mesure de la réalité où nousvivons.
Ils sont trop larges pour elle : « Examinez tel d'entre eux, convenablement choisi : vous verrez qu'ils'appliquerait aussi bien à un monde où il n'y aurait pas de plantes ni d'animaux, rien que des hommes ; où leshommes se passeraient de boire et de manger ; où ils ne dormiraient, ne rêveraient ni ne divagueraient ; où ilsnaîtraient décrépits pour finir nourrissons ; où l'énergie remonterait la pente de la dégradation ; où tout irait àrebours et se tiendrait à l'envers ».
Le problème de toute pensée systématique est bien qu'il est constituer d'unensemble de données abstraites.
Le système est par essence trop vaste, en tant qu'il essaye de dépasserl'expérience ou de s'y substituer : « Il est vrai qu'à côté des consciences qui vivent cette durée irrétrécissable etinextensible, il y a des systèmes matériels sur lesquels le temps ne fait que glisser.
Des phénomènes qui s'ysuccèdent on peut réellement dire qu'ils sont le déroulement d'un éventail, ou mieux d'un film cinématographique.Calculables par avance, ils préexistaient, sous forme de possibles, à leur réalisation.
Tels sont les systèmesqu'étudient l'astronomie, la physique et la chimie.
L'univers matériel, dans son ensemble, forme-t-il un système dece genre ? Quand notre science le suppose, elle entend simplement par là qu'elle laissera de côté, dans l'univers,tout ce qui n'est pas calculable.
Mais le philosophe, qui ne veut rien laisser de côté, est bien obligé de constaterque les états de notre monde matériel sont contemporains de l'histoire de notre conscience.
Comme celle-ci dure, ilfaut que ceux-là se relient de quelque façon à la durée réelle […]Elle exprime que, si l'on peut découper dansl'univers des systèmes pour lesquels le temps n'est qu'une abstraction, une relation, un nombre, l'univers lui-mêmeest autre chose.
Si nous pouvions l'embrasser dans son ensemble, inorganique mais entre-tissu d'êtres organisés,nous le verrions prendre sans cesse des formes aussi neuves, aussi originales, aussi imprévisibles que nos états deconscience ».
( Bergson , La Pensée et le pouvant ). c) Le système qui explique tout l'univers ne peut le faire qu'au prix d'une méprise essentiel : une confusion totale.En effet, Bergson dit bien : « Peu m'importe qu'on dise « Tout est mécanisme » ou « Tout est volonté » : dans les deux cas tout est confondu ».
Dans les deux cas, « mécanisme » et « volonté » deviennent synonymes d'« être »,et par conséquent synonymes l'un de l'autre.
Tout attrait à l'ontologie, tout est devenu l'être.
Un système croitalors définir ou rendre compte de l'absolu en lui donnant un nom mais rien n'y fait, le mot n'a plus de sens que lachose qu'il est essayé de faire venir à l'être.
En cela réside le vice et l'abstraction du système et éloigne alors lesujet.
Le mot peut avoir un sens défini quand il désigne une chose ; il le perd dès que l'on veut l'appliquer à touteschoses : « Encore une fois, je sais ce qu'est la volonté si vous entendez par là ma faculté de vouloir, ou celle desêtres qui me ressemblent, ou même la poussée vitale des êtres organisés, supposée alors analogue à mon élan deconscience.
Mais plus vous augmenterez l'extension du terme, plus vous en diminuerez la compréhension.
Si vousenglobez dans son extension la matière, vous videz sa compréhension des caractères positifs par lesquels laspontanéité tranche sur le mécanisme, et la liberté sur la nécessité ».
Transition : Ainsi, si la philosophie est bien « la résolution une fois prise de regarder naïvement en soi et autour de soi » il fauten revenir au sujet, à son intuition et donc récuser toute métaphysique, c'est-à-dire mettre fin aux systèmes closau profit des systèmes ouverts.
III – L'ouverture contra la fermeture du système et de la métaphysique a) En effet, Bergson développe ainsi la fin d'une idée de l'esprit de système : « Plus de grand système qui embrasse tout le possible, et parfois aussi l'impossible ! Contentons-nous du réel, matière et esprit.
Mais demandonsà notre théorie de l'embrasser si étroitement qu'entre elle et lui nulle autre interprétation ne puisse se glisser.
Il n'yaura plus alors qu'une philosophie, comme il n'y a qu'une science.
L'une et l'autre se feront par un effort collectif etprogressif.
Il est vrai qu'un perfectionnement de la méthode philosophique s'imposera, symétrique et complémentairede celui que reçut jadis la science positive ».
Même si Bergson reviendra sur la possibilité de l'existence d'unephilosophie, ce qu'il est nécessaire d'observer c'est la nécessité pour lui, par cette conversion du regard qu'impliquecette résolution de revenir vers soi, vers l'expérience, et la pureté de cette expérience liée dans la durée à laconscience, de redéfinir ce qu'est l'objet de la philosophie.
La philosophie n'est rien d'autre que l'attention à la vie.Les constructions abstraites de la vie ne sont alors que les édifices mort-nés incapables de prendre vie.b) Ainsi, il est nécessaire de laisser de côté les système clos, c'est-à-dire les systèmes hermétiques qui n'acceptentpas la durée.
Bergson parle d'une morsure de la durée sur ces système.
Or celle-ci est analogie à la morsure de la vie.
On peut dire alors avec tout le vocabulaire que cela suppose que la durée doit vampiriser le système clos pourl'ouvrir et l'ouvrir à la vie.
La matérialisme strict des clos est dû aux effets de l'intelligence qui stratifie et mystifier lamatière en lui ôtant la vie.
Or c'est bien vers la conscience, qu'elle soit intérieure ou extérieure qu'il faut se porter..
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