Que pensez-vous de cette affirmation de Balzac à propos du Père Goriot : C'est une oeuvre plus belle encore qu'Eugénie Grandet; du moins, j'en suis plus content. ?
Publié le 12/10/2009
Extrait du document
Le Père Goriot (1834) Le sujet principal du roman est la mort du père Goriot, commerçant enrichi, chez qui l'amour paternel est devenu une passion morbide : ses deux filles, la comtesse de Restaud et Mme de Nucingen le ruinent pour satisfaire leurs caprices. Il meurt, abandonné par elles ; et ses funérailles de pauvre sont suivies seulement par l'étudiant Rastignac. Un sujet secondaire s'entrelace avec le premier : les débuts de Rastignac dans le monde. La mort du père Goriot est la leçon décisive, qui pousse le jeune homme à conquérir Paris sans remords, ni scrupules. Les deux tendances de Balzac, d'abord divergentes, de l'analyse des sentiments et de la peinture de la société, se rejoignent dans Le Père Goriot comme dans Eugénie Grandet. Les divers éléments dont se composeront désormais les actes de la Comédie humaine sont rassemblés : la société, dont la loi organique est la recherche de l'or, se trouve en conflit avec une passion. Or, l'originalité de la passion dans Le Père Goriot, ou si l'on veut, son romantisme, c'est que cette passion est la paternité poussée à un degré tel qu'elle devient pathologique. Mais autour de ce cas exceptionnel, Balzac a groupé des personnages réels, un cadre vrai, si bien que le roman peut être considéré aussi bien comme une œuvre réaliste que comme un roman romantique. Faguet l'a remarqué avec raison : Le Père Goriot est avant tout la peinture d'un caractère extraordinairement exceptionnel, mais, d'une part... Balzac a entouré son personnage exceptionnel de personnages, non seulement très réels, mais d'une réalité évidente, incontestable qui paraîtra telle à tout lecteur, et cela amène naturellement à croire que le personnage exceptionnel est aussi réel que les autres... d'autre part son héros lui-même, son personnage exceptionnel, l'auteur l'a si minutieusement fouillé... qu'il lui a donné la consistance de la vie.
«
scène où Delphine et Anastasie se disputent devant leur père est d'une extrême violence.
Scène romantique Le père est torturé : Je me meurs, mes enfants ! Le crâne me cuit intérieurement comme s'il avaitdu feu.
Soyez donc gentilles, aimez-vous bien ! Vous me feriez mourir !...
Mais on ne peut donc rien faire de sonsang ?...
Je me voue à celui qui te sauvera, Nasie ! Je tuerai un homme pour lui.
Je ferai comme Vautrin, j'irai aubagne ! Je...
Il s'arrêta comme s'il eût été foudroyé.
Plus rien ! dit-il en s'arrachant les cheveux...
Héros romantique.
Rastignac peut, lui aussi, prendre rang parmi les héros romantiques : pauvre, jeune, beau etparesseux comme le sera Ruy Blas, il rêve de conquérir la société.
Le contraste entre ses ambitions et sa pauvretéle pousse à des accès de rage, à des enthousiasmes sans lendemain selon qu'il a eu du succès ou subi un échec.Dans La Peau de Chagrin, il jouait le rôle démoralisateur du blasé : ici, il est encore partagé entre le vice et la vertu,comme Néron au premier acte de Britannicus.
L'affection qu'il conserve pour sa famille l'a retenu de participer auxplans de Vautrin, mais en pensée, il a déjà « tué le mandarin ».
Son trouble, ses repentirs, ses élans lyriques, où l'onretrouve les propres mouvements de Balzac à ses débuts, caractérisent la jeunesse sous la Restauration.
Lesdernières pages du roman évoquent le jeune homme contemplant Paris du Père-Lachaise : Ses yeux s'attachèrentpresque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde danslequel il avait voulu pénétrer.
Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper lemiel, et dit ces mots grandioses : A nous deux maintenant ! Et pour premier acte du défi qu'il portait à la société,Rastignac alla dîner chez Madame de Nucingen.Le bagnard.
Enfin, le personnage de Vautrin, forçat évadé, même s'il reproduit le souvenir authentique de Vidocq,ancien bagnard devenu chef de la police, possède un caractère romantique très accusé.
Par certains côtés, saforce herculéenne, son habileté, il annonce Jean Valjean.
B.
DES CONTRASTES :
Les effets de contraste sont plus nombreux dans le Père Goriot que dans Eugénie Grandet : contrastes entre lesdivers personnages, soit à la pension Vauquer, soit dans la société; contrastes dans chaque personnage;contrastes entre les deux mondes dépeints : la pension bourgeoise pour les vaincus de la société et l'aristocratie,où s'élance parfois Rastignac ; contrastes entre l'aspect brillant de cette aristocratie et les passions troubles quil'agitent.
Il en résulte que le roman devient drame et parfois mélodrame.
Pour reprendre la triple division employéepar Victor Hugo dans sa Préface de Ruy Blas, il y a trois sujets dans Le Père Goriot :• un sujet historique, la peinture des deux mondes opposés qui constituent le Paris de la Restauration;• un sujet philosophique: la psychologie du père;• un sujet dramatique : l'assaut de la société par Rastignac.
Conclusion. Le Père Goriot est-il plus beau qu'Eugénie Grandet? Il est difficile de l'affirmer.
Les deux œuvres montrent que le talent de Balzac a atteint sa maturité.
Eugénie Grandet, moins lyrique, plus objectif, est plusclassique; Le Père Goriot, plus subjectif et plus dramatique, est plus romantique..
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