Que pensez-vous de ces propos: Devant les choses de la vie, ne dis jamais: "c'est naturel". Contrôle l'addition, c'est toi qui la paies ?
Publié le 28/07/2005
Extrait du document
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Manuel : « Pratique la même transposition aussi dans les cas les plus considérables.
L'enfant d'un autre est mort, oula femme ? Il n'est personne qui ne pourrait dire : « C'est le lot humain » ; mais vient-on à perdre l'un de sesproches, immédiatement : « Ah ! pauvre de moi ! » Il faudrait se rappeler ce que nous éprouvons en apprenant lachose, lorsqu'elle arrive à d'autres ».
Transition : Ainsi de cette citation nous pouvons voir qu'elle met en jeu non seulement la question de la responsabilité de lapersonne, si l'on utilisait l'excuse « c'est naturel », mais qu'elle nous permet aussi de comprendre l'existence d'undéterminisme qui nous affecte et dont nous devons prendre compte au sein d'un cosmos uni.
Et c'est dès lors unerègle de sagesse que de comprendre cette nécessité de la nature et le fait que tout nous touche.
Pourtant n'y a-t-il pas une tension à nous soucier de tout, même de ce qui ne dépend pas de notre volonté ? II – Tension et implication a) En effet, il semble se dégager maintenant le véritable sens de cette citation « Devant les choses de la vie, nedis-jamais : " c 'est naturel".
Contrôle l'addition , c'est toi qui la paies » c'est-à-dire que toutes les causes sont liés et qu'il règne dans la nature un déterminisme totale, une fatalité intrinsèque au monde qui fait que toute chose nousaffecte et qu'on ne peut pas considérer de l'extérieur.
Bien plus qu'une simple responsabilité ou la question del'excuse, cette citation nous pose bel et bien la question de notre rapport au monde et à la nature.
Or comme lenote Epictète lui-même dès la première ligne du Manuel : « Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non.
De nous, dépendent la pensée, l'impulsion, le désir, l'aversion, bref, tout ce en quoi c'est nousqui agissons; ne dépendent pas de nous le corps, l'argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi cen'est pas nous qui agissons.
Ce qui dépend de nous est libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves; cequi n'en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous est étranger.
Donc, rappelle-toi que si tutiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t'est étranger, tu vivras contrarié,chagriné, tourmenté; tu en voudras aux hommes comme aux dieux; mais si tu ne juges tien que ce qui l'est vraiment- et tout le reste étranger -, jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route; tu ne t'en prendras àpersonne, n'accuseras personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tun'auras pas d'ennemi puisqu'on ne t'obligera jamais à rien qui pour toi soit mauvais.
»b) Et il ajoute à suite de ce texte « A toi donc de rechercher des biens si grands, en gardant à l'esprit que, une foislancé, il ne faut pas se disperser en oeuvrant chichement et dans toutes les directions, mais te donner tout entieraux objectifs choisis et remettre le reste à plus tard.
Mais si, en même temps, tu vises le pouvoir et l'argent, turisques d'échouer pour t'être attaché à d'autres buts, alors que seul le premier peut assurer liberté et bonheur.Donc, dès qu'une image viendra te troubler l'esprit, pense à te dire: « Tu n'es qu'image, et non la réalité dont tu asl'apparence.
» Puis, examine-la et soumets-la à l'épreuve des lois qui règlent ta vie: avant tout, vois si cette réalitédépend de nous ou n'en dépend pas; et si elle ne dépend pas de nous, sois prêt à dire: « Cela ne me regarde pas.» » Qu'est-ce à dire de ce passage du Manuel d'Epictète ? Si nous devons le tri entre les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous, il semble bien que nous ne devons pas considérer toutes les chosesensemble comme ayant une seule valeur, en ce sens, le déterminisme totale n'a pas de sens pour le sujet : seull'intéresse les objets de sa volonté.
Je ne dois donc pas me soucier de la pluie.
Pourtant il semble alors que celaentre manifestement en contradiction avec la citation du sujet qu'elle nous indiquait un interdépendance de toutesles causes en elles suivant des liens de nécessité.c) Mais ce paradoxe n'est semble-t-il qu'apparent dans la mesure où pour le stoïcisme d' Epictète il y a à la fois un destin, non pas un destin comme on l'entend habituellement, mais un nexus causal liant tous les êtres et une libertéintérieure.
Et c'est pour cela que l'on a résumé souvent la philosophie d'Epictète à ces mots : « abstiens-toi etsupporte », c'est-à-dire fixe ta volonté sur les choses qui dépendent de toi, définissant une liberté du monde, maisaccepte le destin qui ne cesse de jaillir sur toi : c'est là faire preuve de sagesse.
Or tout en critiquant le stoïcisme,Leibniz dans son Essai de théodicée rend bien compte de notre problème puisqu'il dit : « Car ce qu'on appelle fatum stoicum n'était pas si noir qu'on le fait : il ne détournait pas les hommes du soin de leurs affaires ; mais il tendait à leur donner la tranquillité à l'égard des événements, par la considération de la nécessité qui rend nos soucis et noschagrins inutiles : en quoi ces philosophes ne s'éloignaient pas entièrement de la doctrine de notre Seigneur, quidissuade ces soucis par rapport au lendemain, en les comparant avec les peines inutiles que se donnerait un hommequi travaillerait à agrandir sa taille.
Il est vrai que les enseignements des stoïciens (et peut-être aussi de quelquesphilosophes célèbres de notre temps) se bornant à cette nécessité prétendue, ne peuvent donner qu'une patienceforcée ».
Néanmoins s'il critique cette position c'est parce qu'elle met en exergue une raison paresseuse.
Transition : Ainsi cette citation nous montre bel et bien en elle-même une tension entre une nécessité et l'existence pourtantd'une liberté puisqu'il y a responsabilité.
Or comme on le voit avec Leibniz, il semble que cette conception pose leproblème de la nécessité et de la liberté mais ne parvient pas le résoudre convenablement.
Dès lors comment rendrecompte de cette nécessité du « c'est naturel » et du « c'est quoi qui paies [l'addition] » avec la nécessité aussi decette liberté pour justement qu'il y ait une « addition » c'est-à-dire une responsabilité.
Et après la tentative deLeibniz, c'est bien c'est Kant que l'on peut trouver une solution à la question que nous pose cette phrase.
III – Dépassement de l'antinomie a) Dès lors il faut reprendre le problème sous la forme qu'il se présente de façon synthétique c'est-à-dire dans une.
»
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