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Que la nature soit explicable, est-ce explicable ?

Publié le 05/08/2005

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  II.                  La nature est explicable, et le principe de raison suffisante peut l'expliquer : la thèse Leibnizienne   a.       La nature n'est pas explicable par l'entendement limité de l'être humain... La thèse de Hume concorde partiellement, partiellement seulement, avec celle de Leibniz. En effet, l'un comme l'autre pensent que la nature ne peut être expliquée par l'entendement humain, qui est trop limité pour rendre raison de toutes les causes et saisir toutes les fins des effets qu'il constate. Pour Leibniz, seul l'entendement du Créateur peut expliquer l'enchaînement causal infini pour rendre compte du moindre effet, et savoir vers quelle fin chaque effet s'achemine. Nous dirons donc que le seul entendement capable d'expliquer la nature est l'entendement divin. b.      ... mais le principe de raison suffisante explique la nature Cependant, cela ne signifie pas pour Leibniz que la nature ne peut  être expliquée. Il existe pour Leibniz un principe qui rend raison de tous les effets, de pourquoi et de comment ils sont, qui porte le nom de principe de raison suffisante. Reportons nous à la définition qu'en donne Leibniz dans la Monadologie : « Rien n'est sans raison : cet axiome doit être considéré comme l'un des plus hauts et des plus fécond de toute la connaissance humaine, sur lequel est édifiée une grande partie des sciences métaphysiques, physiques et morales.

La nature est le milieu matériel extérieur dans lequel évolue l’humanité, qui s’oppose donc à la culture, entendue comme l’ensemble des créations techniques, sociales et spirituelles par lesquelles les hommes se distinguent des autres espèces vivantes.

Expliquer quelque chose revient à rendre raison de ce quelque chose, c'est-à-dire à déterminer la cause d’un effet (cause efficiente) ou la raison de cet effet (cause finale, pensée comme le « ce vers quoi « tend cette chose). L’acte d’expliquer est donc orienté vers une compréhension de ce qui cause une chose, et de la fin vers laquelle elle tend.

La formulation de ce sujet est surprenante pour deux raisons : parce qu’elle implique un présupposé à questionner ; parce qu’elle recouvre une dimension réflexive. En effet, le sujet implique que la nature est explicable : or, rien n’est moins sûr, il s’agit d’une assertion à questionner, à vérifier. Il se peut en effet que les lois du milieu dans lequel évolue l’humanité ne puissent être expliquées. Et deuxièmement, le sujet nous invite à rendre raison de l’acte de compréhension par lequel nous expliquons la nature, à expliquer le fait que nous puissions expliquer la nature. Le sujet nous invite donc à une réflexion sur cette faculté propre à l’entendement humain qui consiste à rendre raison des phénomènes naturels.

Nous nous demanderons donc dans quelle mesure il est vrai que la nature est explicable, et en quel sens nous pouvons rendre raison de l’acte par lequel nous comprenons les causes et les fins des phénomènes naturels.

« l'ordre moral aussi : mais ceci est une autre histoire…). III.

La nature est explicable, mais nous ne pouvons l'expliquer : la position de Popper a.

La nature est actuellement explicable… Cependant, nous ne nous en tiendrons pas à la thèse de Leibniz qui peut être critiquée pour la raison suivante : si leprincipe de raison suffisante permet de prouver l'existence de Dieu, il est lui-même conditionné par l'existence deDieu, aporie logique qui ne laisse pas d'être contestable.

Nous tiendrons donc avec Popper que la nature n'estqu'actuellement explicable : une théorie scientifique est même précisément ce qui a pour fonction de l'expliquer. b.

… mais il n'est pas explicable de l'expliquer, en raison du principe scientifique de falsifiabilité En effet, pour Karl Popper, une hypothèse scientifique n'en est une que si elle est réfutable : tant que les résultatsdes tests expérimentaux sont conformes aux prédictions de la théorie, on dit que celle-ci est corroborée parl'expérience.

Dans le cas inverse, elle est falsifiée par l'expérience.

Est scientifique tout ce qui peut être falsifié.

Parconséquent, nous dirons que la nature est explicable, par des théories qui sont vraies dans l'état actuel desconnaissances scientifiques, mais nous ne pouvons expliquer à proprement parler ces théories, dans la mesure oùleur nature même est d'être falsifiables, c'est-à-dire, en partie du moins, inexplicables. Pour mieux le comprendre, prenons un exemple.

Au XVII° siècle, un maître puisatier de Florence constate qu'il estimpossible de faire monter l'eau du puits au moyen d'une pompe aspirante à une hauteur supérieure à 10,33 m au-dessus de la surface de l'eau.

Galilée, instruit par Torricelli de cette observation, pose l'hypothèse que cettehauteur d'eau est inversement proportionnelle à la densité de ce liquide qu'est l'eau.

Torricelli se propose de vérifiercette hypothèse par l'expérience suivante : on retournera dans un cristallisoir un long tube contenant du mercure(qui a la particularité d'être beaucoup plus dense que l'eau) et on mesurera à quelle hauteur se stabilise ce liquide.Par un calcul simple, à partir de l'hypothèse de Galilée et connaissant la densité respective de l'eau et du mercure,on peut prévoir que le mercure se stabilisera à une hauteur d'environ 76 cm.

Aux yeux de Popper, nous sommes bienici dans le domaine de la science car il y a bien falsifiabilité de l'hypothèse.

En effet, si la hauteur de mercureconstatée est très différente de celle qu'on attend, on est assuré que l'hypothèse de Galilée est fausse.

Si, enrevanche, la hauteur de mercure est bien de 76 cm (ce qui fut le cas) alors l'hypothèse est probablement vraie.

Lesthéories scientifiques ont un caractère hypothétique.

On peut infirmer une thèse mais jamais la confirmertotalement.

« Nous ne savons pas, nous pouvons seulement conjecturer ».

L'attitude scientifique est donc uneattitude critique qui ne cherche pas des vérifications mais tout au contraire des tests qui peuvent réfuter la théoriemais non l'établir définitivement. L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succèsscientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'iln'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie del'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper , dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : « C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisseêtre choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'ilpuisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de lascience empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper , on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, lesavant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires etuniversellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est« métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper , l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliersvérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs. » Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxièmelieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devrareprésenter un monde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue dequelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notremonde de l'expérience.

» La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre mondede l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté. Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilement testés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » par l'expérience.

Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elleéchoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse.. »

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