Que gagne t-on en travaillant ?
Publié le 18/01/2023
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Que gagne-t-on en travaillant ?
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INTĂRĂT DU SUJET âą Du travail, nous disons souvent qu'il est ce qui nous permet de « gagner
notre vie » : en échange d'un salaire, nous acceptons de nous plier à un ensemble de
contraintes.
Mais le travail ne nous apporte-t-il que de l'argent ?
LES CLĂS DU SUJET
DĂ©finir les termes du sujet
Gagner
Gagner signifie réaliser un gain, accéder à une chose en plus, mais aussi triompher : au
vainqueur qui a gagné s'oppose le vaincu qui a perdu.
Travailler
â L'Ă©tymologie du travail (de tripalium, qui en latin dĂ©signe un instrument de torture Ă trois
pals) indique l'idée selon laquelle il serait douloureux : il implique un effort, voire un
renoncement ou un sacrifice.
Dans le récit biblique de la GenÚse, Adam, pour prix de sa
désobéissance, est condamné à « gagner son pain à la sueur de son front ».
â Le travail correspond en soi Ă un effort : j'applique mes forces contre une chose pour la
transformer, et par là je me développe.
â En ce sens, il se distingue de l'emploi, activitĂ© socialement dĂ©finie par des rĂšglements et
un salaire.
Dégager la problématique
Construire le plan
Les titres en couleurs servent Ă guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.
Introduction
[Reformulation du sujet] Il s'agit de savoir ce que nous apporte le travail.
A priori, on pourrait
penser qu'en travaillant, on « gagne sa vie ».
Mais ne l'avait-on pas avant de travailler, cette vie ?
[Définition des termes du sujet] Gagner, c'est réaliser un gain, mais aussi triompher, vaincre une
chose.
Le travail (de tripalium, qui en latin signifie « instrument de torture à trois pals ») ne
désigne pas seulement l'emploi, mais toute activité de transformation d'une donnée extérieure
par laquelle, en retour, nous sommes modifiés.
[Problématique] Quel gain réalisons-nous par le
fait de travailler ? S'agit-il d'une récompense en échange du temps et de l'énergie perdus ou bien
faut-il penser que travailler, en soi, nous apporte quelque chose, et quoi précisément ? En
somme, quel est le but du travail ? [Annonce du plan] Nous envisagerons tout d'abord le travail
comme une activité vitale, avant de l'envisager comme une activité essentiellement
humanisante : mais alors, le travail n'est-il pas notre fin propre ?
1.
En travaillant, on gagne sa vie
A.
Le travail a pour but la satisfaction de nos besoins
Dans un premier temps, on pourrait penser que le travail nous permet de satisfaire nos besoins :
si je trouvais dans la nature de quoi survivre, je n'aurais aucune raison de m'astreindre Ă cet
effort qui correspond à une telle déperdition de temps et d'énergie.
Mais je dois produire pour
consommer et ainsi renouveler mes forces.
En ce sens, travailler se réduirait à avoir un emploi,
selon une définition sociale du travail qui fait de lui une activité conditionnée au salaire.
B.
Le travail nous attache au monde naturel
â Dire que le travail vise la survie, c'est faire de lui une activitĂ© propre Ă la sphĂšre de la nĂ©cessitĂ©.
C'est là la conception du travail propre à l'Antiquité, qu'évoque Hannah Arendt dans Condition de
l'homme moderne : dans le monde grec, note-t-elle, le travail relĂšve d'une sphĂšre Ă©trangĂšre
au monde de la liberté (étymologiquement, le mot « liberté » vient du latin liber, qui désigne le
statut du citoyen).
L'AUTEUR
Hannah Arendt (1906-1975).
Philosophe politique et journaliste, Arendt analyse les sociétés contemporaines à partir d'un
travail portant sur les représentations et systÚmes politiques propres à l'Antiquité.
â Celui qui travaille s'inscrit en effet dans la rĂ©gularitĂ© et la rĂ©pĂ©tition propre au monde
biologique dĂ©fini par sa cyclicitĂ© â c'est l'esclave, celui dont le temps n'a pas de valeur puisque ce
temps n'est pas libre, c'est-à -dire délivré des nécessités de la vie biologique.
à la cyclicité du
monde naturel s'oppose alors le temps du monde politique â monde de l'action et des hommes
libres car affranchis des considérations vitales.
[Transition] On peut dire alors qu'en travaillant, on gagne sa survie plutĂŽt que sa vie.
Mais
finalement, le but du travail, ce vers quoi il est supposé tendre et ce qu'il doit m'apporter, est-ce
une chose extĂ©rieure au travail lui-mĂȘme ?
2.
En travaillant, on gagne son humanité
A.
Le processus du travail nous sépare de notre animalité
â Qu'est-ce qui pourrait se jouer pour moi dans le processus du travail lui-mĂȘme ? C'est Ă cette
question que répond Marx en définissant, dans Le Capital, le travail comme une activité
proprement humaine, et humanisante.
« Le travail, dit-il, est de prime abord un acte qui se
passe entre l'homme et la nature », c'est-à -dire un acte par lequel, en transformant la nature
extĂ©rieure Ă lui, l'homme se modifie lui-mĂȘme et conquiert son identitĂ© d'homme.
â Ce que je gagne en travaillant, ce n'est pas le rĂ©sultat extĂ©rieur de mon travail, ce que je
produis, mais mon humanitĂ© elle-mĂȘme.
Dans....
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