Qu'apporte l'acteur au texte théâtral ?
Publié le 18/09/2010
Extrait du document
Question d’observation :
Comment remarque-on que ces scènes sont des scènes d’exposition ?
Le corpus est composé de trois textes théâtraux : la scène 1 de l’acte I Le Malade Imaginaire de Molière, la scène 1 de l’Ile des esclaves de Marivaux et la scène d’ouverture d’Art de Yasmina Reza.
Les scènes d’exposition correspondent à l’incipit dans les romans. Elle présente, l’intrigue, le contexte, les décors de la pièce, les costumes des personnages, les personnages.
En conclusion, ce corpus est bien composé de scènes d’exposition car ils présentent tous l’intrigue, le décor, les personnages … Cependant ces scènes d’exposition peuvent aussi être originales car elles ne présentent pas les costumes et sont souvent imprécises dans la présentation des personnages, du décor notamment.
Dissertation :
L’auteur est un dramaturge, « drama « en grec signifie action. Ce qui signifie que le texte théâtral est d’abord fait pour être joué. Cela se distingue d’ailleurs par les indications que précisent l’auteur dans sa pièce de théâtre sur le décor, l’attitude des personnages… Toutes ces indications permettent aux comédiens de rendre la pièce réelle. Cependant, on peut se demander en quoi l’acteur enrichit-il le texte théâtral par son interprétation scénique. Pour répondre à cette question nous montrerons quel est intérêt à la parole du comédien puis l’intérêt mimique de celui-ci et enfin nous montrerons en quoi la volonté de certains comédiens à modifier le texte théâtral peut enrichir celui-ci.
Tout d’abord le premier rôle des comédiens est de transcrire les écrits de l’auteur par la parole. En effet cette parole est nécessaire à la dynamique du texte puisqu’elle ajoute un sens en plus au théâtre : l’ouïe. Sans ce sens, ceux qui lisent les textes théâtraux de leur plein grès peuvent vite se lasser de l’histoire. Ce qui peut paraître complètement différent pour une interprétation scénique enrichie par le jeu de comédiens. D’ailleurs, comme le dit si bien l’acteur et dramaturge Antonin Artaud « Le langage théâtral s'adresse aux sens au lieu de s'adresser d'abord à l'esprit comme le langage de la parole «.
Par ailleurs les comédiens n’utilisent pas leur langage de la même manière. Pour chaque interprétation scénique d’un même texte théâtral, la représentation peut être bien différente à cause du langage des acteurs. Ceux-ci peuvent utiliser leur voix réelle ou se plier aux indications de l’auteur et la modifier en fonction du caractère du personnage. La représentation n’est pas pour autant décevante. Par exemple dans l’interprétation de Phèdre, Alice Sapritch s’exprime d’une voix cassée, dérayée qui rend le personnage très présent dans l’histoire.
Dans certaines représentations on remarque que l’acteur joue sur la parole pour délivrer un message de manière indirecte aux spectateurs. En effet autrefois, les acteurs n’étaient peu ou pas payés, lorsqu’ils jouaient un personnage noble en parlant d’une manière assez distinguée ils pouvaient alors prouver que le bas peuple peut tout aussi bien s’exprimer qu’une personne aisée. Cela était une manière pour eux d’effacer les frontières entre la bourgeoisie et le bas peuple. Comme le dit le philosophe allemand Arthur Schopenhauer, « le Théâtre est miroir «, c'est-à-dire qu’il reflète la réalité. L’acteur peut aussi vouloir de s’exprimer avec le jeu de double énonciation qui est beaucoup plus explicite à la représentation théâtrale qu’à la lecture.
Bien que le langage verbal permette la compréhension du texte, on ne peut se passer des gestes et des mimiques. D’ailleurs paradoxalementl’on sait que pour communiquer nous utilisons le langage à hauteur de 20% et à hauteur de 80% pour les gestes, les émotions, les pensées…
La mimique est très importante pour le spectateur puisque l’auteur ne montre pas clairement les gestes des personnages, seuls les didascalies nous renseignent sur le comportement et les actions des personnages. Celles-ci peuvent d’ailleurs sembler insuffisantes à la compréhension du texte. Par exemple dans La Disputede Marivaux, la présence des didascalies est très restreinte alors qu’à la mise en scène j’air remarqué que le jeu des gestes des personnages était très prononcé et ainsi la compréhension de l’histoire était nettement plus efficace.
Parfois ce manque de didascalies est volontaire de la part de l’auteur. Il peut simplement écrire un texte théâtral simplement et justement pour être joué. Ainsi, son œuvre ne présente de l’intérêt qu’à sa mise en scène. Par exemple, dans Les chaises d’Ionesco tout est fondé sur le jeu des accessoires qu’utilisent les personnages.
Par ailleurs, par son interprétation, le comédien provoque souvent des sentiments chez le spectateur, par exemple dans l’expression de son visage. Cependant le comédien peut sembler ressentir les émotions du personnage alors qu’il n’en est rien. Par exemple, Diderot en témoigne dans son ouvrage Le paradoxe sur le comédien oùil oppose le comédien qui ressent les émotions jouées et le comédien qui paraît ressentir les émotions qu’il joue alors qu’il ne le fait pas. Par ailleurs ces sentiments peuvent être multiples et différents dans une seule même scène comme dans les théâtres de Phèdre où les acteurs font ressentir la joie et la tristesse dans une même scène.
Dans certaines représentations, les comédiens s’affranchissent des règles imposées par l’auteur et modifient à leur manière la représentation scénique.
Comme dans beaucoup de cas, lorsque l’œuvre n’est pas de l’époque actuelle, elle peut sembler confuse pour les lecteurs. En effet, le décor, les costumes et le langage sont souvent différents de l’époque. Cependant, les comédiens peuvent par leur interprétation, actualiser notamment grâce à la parole ou les costumes. Par exemple lorsque la pièce Anouilh a été jouée pour la première fois, les personnages portaient des habits modernes alors que c’est une tragédie antique.
Aussi, l’acteur utilise son vécu et sa personnalité pour « modeler « l’œuvre théâtrale et ainsi chaque représentation n’aura pas forcément la même image que se donne le lecteur de l’œuvre. Par exemple les lazzi de la Commedia dell ’ Arte interprètent de façon originale le comique en l’exagérant par des grimaces, des plaisanteries, des jeux de mots…
Conclusion :
En conclusion, l’interprétation des comédien enrichit le texte théâtral par la parole, les mimiques, le décor, les costumes… Chaque œuvre possédant des didascalies assez imprécises ont nécessairement besoin de l’appui des comédiens pour dynamiser l’œuvre. Cependant les avis sont partagés, certains spectateurs veulent que les comédiens suivent à la lettre le texte théâtral, qu’ils ne soient que de simples transmetteurs du message de l’auteur. D’autres veulent que le comédien y ajoute son côté personnel qui fait que chaque représentation ne se ressemble pas.
Par ailleurs, lorsque l’auteur d’un texte théâtral meurt, on peut se demander si l’interprétation des comédiens fait renaître l’œuvre et son auteur et ainsi les rendre immortels.
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