Quand la nature est-elle un modèle à imiter ?
Publié le 17/12/2009
Extrait du document
Nature
Ce qu'un être est par lui-même.
• Chez Aristote, la nature est la cause productrice du changement ou du développement d'un être.
• La nature désigne tout ce qui est inné, dans une espèce d'être, par opposition à ce qui est acquis.
• Chez Spinoza, la nature désigne la totalité de qui est.
• L'état de nature s'oppose à l'état social. C'est un état fictif; supposé, de • la condition humaine avant toute organisation sociale.
• La nature humaine désigne tout ce qui est commun aux hommes et qui est présent en chacun d'eux indépendamment de toutes déterminations contingentes.
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1.
L'imitation comme rapport entre copie et modèle : la nature est notre maître A.
La notion d'imitationNous devons expliquer comment l'imitation est possible, tenter d'en expliquer les formes et les causes.
Qu'est-ce quipermet de copier tel modèle, de reproduire un original ? Il faut posséder les mêmes matériaux et les mêmestechniques de production.
L'imitation fonctionne donc au premier abord comme un processus de production, quicherche à reprendre les mêmes voies que celles qu'a suivies la production de l'original.Il n'est pas nécessaire de disposer du même matériau : si on reproduit en plastique un original métallique, on parleranéanmoins d'imitation.
On peut également varier quelque peu dans les techniques de production du moment que l'onpeut encore déceler un rapport de ressemblance entre la copie et le modèle.
Une imitation a lieu dès lors que laproduction d'un objet ne relève pas de part en part d'une invention .
Un objet absolument nouveau ne peut pas, par définition, être une imitation.L'imitation n'implique donc ni une stricte identité entre deux éléments ni une stricte différence, mais désigne uneforme de production qui emprunte tel ou tel trait d'une autre forme de production.
B.
Production humaine et imitation de la natureToute production implique néanmoins un engendrement.
Or le modèle de tout engendrement n'est-il pas celui deschoses naturelles ? C'est la raison pour laquelle, dans son traité sur la nature (en grec phusis ), intitulé Physique , Aristote déclare que l'art (la technique de production) imite la nature.Il ajoute néanmoins que la nature n'en imite pas moins l'art.
Comment comprendre ce rapport d'imitation réciproqueentre l'art et la nature ? Dans toute production naturelle, Aristote remarque une régularité qui ne peut pass'expliquer seulement par le hasard.
En effet, pour rendre compte de la production d'une chose naturelle, il ne suffitpas de dire comment une matière s'est agencée pour la produire.
Il faut aussi indiquer la raison pour laquelle lamatière s'est agencée ainsi et non autrement. Cette raison consiste dans ce que l'auteur appelle la “ forme ”.
La forme est le principe qui rend compte d'unedisposition particulière de la matière.
Prenons l'exemple d'un arbre : pour produire un arbre, il ne suffit pas quecertains matériaux soient disponibles, il faut aussi qu'ils soient agencés d'une certaine façon, conforme à la formed'un arbre, et même à la forme particulière de cet arbre.
Cette forme impliquerait par exemple l'élévation du tronc, lapossession de branches ou tout autre caractéristique.Cette forme doit par ailleurs être rapportée à une fonction : elle joue un rôle directeur pour la production.
Lesmatériaux nécessaires à la production de toute chose naturelle s'assemblent progressivement selon un certain ordre,de manière à convenir à la forme.
Aussi peut-on dire que la forme joue dans la nature, le rôle du plan dans latechnique : il s'agit d'une cause “ en vue de quoi ” tout le reste est fait.
Dans le cas de l'arbre, la forme joue le rôlede principe qui dispose les matériaux en vue de sa propre réalisation, qui est atteinte lorsque l'arbre est adulte.On comprend alors pourquoi Aristote affirme que l'art imite la nature, et que la nature imite l'art : dans un cascomme dans l'autre, un principe régulateur joue le rôle de plan dans la disposition des matériaux nécessaires à laproduction d'une chose.Certes, il ne s'agit pas exactement du même principe.
La différence entre l'art et la nature tient justement à ce quepour les choses naturelles, le principe leur est interne, tandis que pour les choses produites par la technique, leprincipe n'est autre que le plan conçu dans l'esprit de l'homme.
Est naturel ce qui possède en soi-même le principede son mouvement et de son repos.
Ce qui est naturel tend à réaliser la fin qui lui est prescrite par lui-même.Une fois cette fin atteinte, il n'a plus de raison de changer.
Il tend donc au repos.
Cette façon de tendre au reposrelève d'une imitation de ce qui demeure toujours en repos, qui est toujours identique à soi et est pleinement réalisé : le “ divin ”.
C.
Continuité de la nature à la cultureL'imitation permet de comprendre le rapport étroit qu'entretiennent la nature et l'action humaine.
L'action humainedoit se comprendre dans ce rapport de ressemblance avec la nature, dont l'homme est une partie.
Toutes sesconduites doivent tenir compte de ce que la nature assigne comme fin.
La violence n'est autre chose qu'une actionhumaine qui contrarie une tendance naturelle, un obstacle posé à la réalisation du plan de la nature.
Toute conduitejuste implique donc une forme d'imitation de la nature, qui permette de prolonger la réalisation du plan naturel par laréalisation de la nature de l'homme.Ainsi la politique (ou la vie dans la cité), se définit comme une dimension de la nature humaine.
Ce serait contrevenirà la réalisation du plan naturel que de ne pas faire partie d'une communauté politique.
De fait, la cité la plus parfaitesera celle dans laquelle les mouvements politiques seront restreints, et la cité imitera en cela le divin.Il en va de même du sage, pour qui la contemplation du divin est une forme de réalisation et d'achèvement qui lefait participer en quelque façon (par imitation) au divin lui-même.
Il en va de même dans le domaine de l'esthétique :la création poétique (artistique au sens moderne) doit saisir la forme des choses naturelles et les produire devantnos yeux en la transposant.La définition de l'imitation comme production permet de comprendre la continuité entre nature et action humaine :l'action de l'homme ne saurait être bonne si elle ne répond pas à l'exigence déposée en lui par le plan de la nature.La réponse à cette exigence est à proprement parler l'imitation humaine, et elle constitue la formation de l'homme.Le rapport entre nature et nature humaine est fondé sur l'imitation.
Certes, pour nous l'imitation est une formation,et équivaut à la culture.
Mais en soi, l'imitation est naturelle puisque la nature dans son ensemble tend à imiter ledivin.
L'imitation définit le rapport naturel de l'homme à la nature.
Autrement dit, la nature nous dicte la façon dontnous devons nous conduire : elle est notre maître.Un problème se pose alors : n'est-ce pas justement parce que nous croyons que la nature doit nous conduire que nous posons que la nature est un processus de production ? Cette facilité nous permet ensuite de dire que toute.
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