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Quand faut-il prendre la nature comme modèle ?

Publié le 07/11/2009

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La thèse selon laquelle nous sommes en mesure d'imiter la nature suppose pourtant que soit auparavant réglée une autre question : percevons-nous la nature telle qu'elle est ? Pour celui qui défend la thèse de l'imitation, il est clair que nous percevons bien la nature telle qu'elle est. Sinon nous ne pourrions tout simplement pas la prendre comme modèle. La nature telle que nous la percevons doit même être une copie conforme de la nature telle qu'elle est. La thèse de l'imitation (comme rapport naturel entre l'homme et la nature) présuppose celle de la copie entre nature réelle et nature perçue. Or rien ne nous oblige à assumer une telle thèse : dans la Dioptrique, traité d'optique qui fait suite au Discours de la méthode,  Descartes montre que la perception par les sens n'implique pas que ce qui est effectivement perçu par nos sens et par notre cerveau «  ressemble « à l'objet perçu en tant que tel. L'idée selon laquelle ce que nous percevons doit ressembler aux choses provient précisément de ce que nous privilégions le rapport d'imitation. Puisque le tableau d'une chose semble susciter en nous la meilleure saisie de cette chose (par une reproduction de sa forme, par exemple), nous croyons que toute perception implique ce genre de petits tableaux en nous, qui seraient des copies conformes de la réalité. Mais cette croyance dans l'imitation s'accompagne d'une négligence de ce qui est proprement humain : nous ne portons pas assez d'attention aux pratiques humaines, par exemple au langage, dans lequel il n'y a aucune ressemblance entre le mot et les choses qu'il signifie.

« ne s'explique-t-elle pas par une démission, un oubli de ce que nous sommes, de la puissance qui est en nous ? 2.

La puissance propre de la nature humaine A.

Perception et soumission à la nature La thèse selon laquelle nous sommes en mesure d'imiter la nature suppose pourtant que soit auparavant réglée uneautre question : percevons-nous la nature telle qu'elle est ? Pour celui qui défend la thèse de l'imitation, il est clairque nous percevons bien la nature telle qu'elle est.

Sinon nous ne pourrions tout simplement pas la prendre commemodèle.

La nature telle que nous la percevons doit même être une copie conforme de la nature telle qu'elle est.

Lathèse de l'imitation (comme rapport naturel entre l'homme et la nature) présuppose celle de la copie entre natureréelle et nature perçue.

Or rien ne nous oblige à assumer une telle thèse : dans la Dioptrique, traité d'optique qui fait suite au Discours de la méthode, Descartes montre que la perception par les sens n'implique pas que ce qui est effectivement perçu par nos sens et par notre cerveau « ressemble » à l'objet perçu en tant que tel.

L'idée selonlaquelle ce que nous percevons doit ressembler aux choses provient précisément de ce que nous privilégions lerapport d'imitation.

Puisque le tableau d'une chose semble susciter en nous la meilleure saisie de cette chose (parune reproduction de sa forme, par exemple), nous croyons que toute perception implique ce genre de petitstableaux en nous, qui seraient des copies conformes de la réalité.

Mais cette croyance dans l'imitations'accompagne d'une négligence de ce qui est proprement humain : nous ne portons pas assez d'attention auxpratiques humaines, par exemple au langage, dans lequel il n'y a aucune ressemblance entre le mot et les chosesqu'il signifie.

La puissance propre de l'esprit humain est d'inventer des symboles, qui n'impliquent parfois aucune ressemblance entre eux et ce qu'ils désignent.

Par conséquent, ce que nous percevons pourrait bien ne pasressembler à ce que la nature est en elle-même.

La continuité entre l'homme et la nature ne relève donc peut-êtreque d'une croyance en sa puissance, et en notre propre impuissance.

Nos sens ne nous font pas percevoir la réalitételle qu'elle est, mais à travers une grille qui leur est propre.

Aussi ne devons-nous pas chercher à connaître lanature en prenant appui sur ce qu'ils nous livrent d'elle.

B.

L'homme comme maître de la nature Nous devons plutôt tenter de saisir ce qui est propre à la nature humaine : la pensée.

La certitude qui accompagnel'exercice de notre pensée permet de déduire les lois de la nature, et toute connaissance véritable de la nature tellequ'elle est découlera de ces lois.

Au lieu de prendre la nature pour modèle, nous devons découvrir, par la puissancede notre pensée, les lois générales qui la règlent.

La connaissance de ces lois peut servir à la transformation et à ladomestication de la nature : il s'agit d'une « connaissance pratique », par laquelle connaissant la force et lesactions du feu, de l'eau, de l'air...

et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nousconnaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usagesauxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ..

Cesser d'imiter, c'estcomprendre que la nature pourrait bien, si par l'exercice de notre pensée nous pouvions en saisir les lois, êtreamenée par nous à imiter l'activité technique humaine.

Dès lors que nous découvrirons les règles par lesquelles lanature produit les choses, nous pourrons inscrire notre action et nos buts propres dans la nature : nous feronsconverger ses forces vers l'aménagement d'un monde où nous serons maîtres.

C.

La culture perfectionne la nature Une objection se présente alors : en effet, ces buts que nous croyons nous fixer à nous-mêmes ne sont-ils pas endéfinitive des buts naturels ? Ils consistent à améliorer la vie de l'homme, d'une espèce animale parmi les autres.D'une certaine façon, si nous devons bien reconnaître que l'activité humaine impose à la nature un fonctionnementparticulier de ses lois, il n'en reste pas moins que nous ne cherchons qu'à la supplanter pour mieux prendre sa place.Nous cherchons par exemple à nous procurer par des moyens techniques ce qui nous est utile ou nuisible.

Or lanature, par l'intermédiaire du fonctionnement naturel de nos sens, nous informait directement et instantanément desbuts utiles à la vie : l'utile et le nuisible correspondent au plaisant et au douloureux dans nos perceptions.

Certes,notre science s'oppose parfois à l'enseignement de la nature.

Tel remède, pourtant utile, nous paraît amer et doncnuisible.

La science que nous avons de ce remède nous contraint à reconnaître qu'il est utile d'ingérer ce remède.Mais ne pallions-nous pas là les défauts accidentels d'une machine, tout en poursuivant les buts mêmes que cettemachine s'était fixés ? En fin de compte, en cherchant par nos propres moyens à améliorer la vie, nous ne faisonsrien d'autre que de prendre la nature comme modèle...

La culture ne serait qu'une certaine façon de suivre unmodèle, un plan tracé par la nature elle-même ? 3.

Plan de la nature et règne de la liberté A.

Critique de la providence Dans le traité intitulé Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, Kant évoque cette possibilité d'un plan de la nature.

Certes, ce plan ne peut pas être un plan véritable, réglant nos actions à la manière d'uneProvidence divine.

À cela, nous opposons immédiatement cette objection : comment pourrions-nous parvenir à. »

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