C. Que sera donc l'objectivité? « Ce ne peut être, continue LACHELIER, que ce qui est le fondement même de l'accord des esprits, c'est ce qui est EN SOI dans notre esprit et dans tout esprit... C'est ce qu'on a raison de se représenter, parce qu'il y a une raison pour qu'on se le représente, raison tirée, non d'un état antécédent de tel ou tel esprit, mais de la nature même de la chose : c'est, en un mot, une représentation de droit par opposition à une représentation de fait. « C'est à peu près à la même conclusion qu'aboutit HAMELIN à la fin de ses Éléments principaux de la représentation (ire éd., p. 472-473; 2e éd., p. 509) : « L'objectif, écrit-il, c'est ce qui est impersonnel, ce qui, tout en ne se réalisant que dans une volition personnelle, la dépasse comme en étant la condition... La réalité extérieure n'est jamais atteinte à titre d'objet que dans la mesure où elle revêt l'aspect d'une raison, d'une condition des états internes. En somme donc, l'objectivité, c'est le déterminisme, c'est la nécessité. « —Au fond, c'est bien ainsi que l'entendent également KANT et POINCARÉ dans les passages cités ci-dessus. Si, pour KANT, l'objectif c'est l'universel, c'est parce que l'universel, c'est aussi le nécessaire : les « formes « universelles de la pensée, l'espace, le temps, les catégories de l'entendement sont en même temps les conditions nécessaires de toute pensée. De même, selon POINCARÉ, l'objectif n'est pas seulement « ce qui est commun à plusieurs «, c'est « ce qui pourrait être commun à tous « : autrement dit, c'est ce qui a valeur d'universalité; c'est, comme le dit POINCARÉ lui-même (p. 10), « l'harmonie exprimée par les lois mathématiques «.