Puis-je savoir que je suis libre, du seul fait que j'en ai conscience ?
Publié le 06/03/2004
Extrait du document
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Spinoza, déterministe lui aussi dira: "Les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs volitionset de leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir,parce qu'ils les ignorent." (Éthique, I, Appendice, 1677.)L'homme se croit libre parce qu'il est conscient de ses désirs mais le plus souvent il est incapable de justifierrationnellement ses actes.
De ce fait, sa liberté est illusoire.
Cependant, cela ne signifie pas que l'être humainest absolument déterminé.
Pour Spinoza, il ne s'agit pas d'imposer une rationalité triomphante mais dedémontrer que la liberté telle qu'elle est conçue habituellement est un sentiment et non une connaissance,tout en suggérant que seule la conscience de la passion peut conduire le sujet vers une authentique liberté.
Il existe une causalité inconscienteSelon Freud, lorsque nous accomplissons un acte insignifiant, sans importance, nous agissons, en apparence,sans motivation aucune.
Peut-on pour autant invoquer la liberté? Freud répond par la négative.
Si nous nesommes pas conscients des raisons qui nous poussent à accomplir ces actes insignifiants, c'est que cettemotivation est inconsciente.
La théorie de l'inconscient apporte donc à Freud une réponse à la question de laliberté.
Elle permet au penseur autrichien de confirmer sa vision matérialiste et déterministe de l'homme.
Notreseule liberté consiste à admettre que nous avons un inconscient qui détermine notre personnalité, nosaspirations, nos désirs.
Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admetl'hypothèse de l'inconscient.
Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais quiagiraient sur nous..
Pour le dire brutalement, en ce sens, l'hommen'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e toute connaissance decause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui,des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui.
Empruntons à Freud un exemple simple.
Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».
Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.
Mais ce désir (ne pas assisterau colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait lapolitesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement enaccord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et quine peut s'exprimer directement, ouvertement.
Il y a donc conflit, ausein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux normesmorales et un autre désir plus « gênant ».
Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée,anodine : on dira que « sa langue a fourché ».
Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pasêtre là.
Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire quej'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.
Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignorépar le sujet.
Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.
Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deuxforces.
L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.
L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmementviolent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligentces règles.
Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux,qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve,ou le symptôme maladif.
Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.
« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ceconflit, ce symptôme.
L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, mapsyché) ne m'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.
C'est ainsi qu'il faut comprendre notrepassage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, endehors de sa conscience, dans sa vie psychique ».
La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience..
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