Puis-je objectivement juger ma culture ?
Publié le 19/08/2012
Extrait du document
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dans chaque culture que l'on veut juger ou comparer à la sienne.
S'ouvrir à d'autres traditions nous permettra de juger le pour et le contre de notre culture et debénéficier d'un modèle de comparaison.
Ainsi, il est possible de juger en bonne et due forme sa culture à condition de passer par une autre, d'oublier ses préjugés et enacceptant les critiques.
Malheureusement il est dur de se laisser critiquer par autrui, l'homme a un égo puissant qui le fait se crisper lorsqu'il se sent attaquer.Cependant certaines personnes au sein d'une culture peuvent tenter de faire réagir leurs concitoyens, de les alarmer et de trouver des solutions, comme aux Etats-Unisoù certains groupes contre la guerre en Irak ont voulu l'arrêter et ont manifesté leur mécontentement.Juger sa propre culture à travers une autre semble donc possible, quoiqu'extrêmement difficile.
Mais peut-on être objectif à l'égard de sa culture ? Peut-on de tout sonêtre juger sa culture de manière objective ?
Face à tous les arguments qui semblent répondre négativement à la problématique, il apparaître possible de juger sa culture mais de façon non objective, avec despréjugés en tête, et donc d'émettre un jugement « faux ».
Une autre question se pose alors : « puis-je juger objectivement la culture à laquelle j'appartiens ? » et «puis-je juger objectivement une culture qui n'est pas la mienne ? » Le fait d'appartenir à une culture ne doit pas empêcher l'homme de s'ouvrir à d'autresexpérimentations.
Il doit être capable de se questionner sur sa culture.
Pour que cela soit possible, il doit s'intéresser à d'autres cultures, ce qui lui permettra de jugersa propre culture.
Non seulement on peut juger objectivement de la valeur d'une culture, mais encore nous y procédons très fréquemment.
Lorsque nous estimons laculture grecque "importante", "féconde", "fondatrice", nous effectuons un tel jugement, et celui-ci s'appuie sur des raisons objectives, au double sens du mot : lesobjets hérités des Grecs comme des monuments ou des œuvres constituent des preuves de l'importance de cette culture.
On peut même être plus précis et montrer quecertaines cultures prolongent la vie des individus, leur donnent plus de bonheur, produisent des œuvres scientifiques ou littéraires d'une plus grande portée.
Si lesproductions objectives de cette culture ont été préservées des ravages du temps, des guerres et des cataclysmes, c'est bien parce que, depuis lors, une majoritéd'individus s'accorda à les préserver - ou du moins à ne pas les endommager.
Inversement, des foules de cultures de moindre valeur ont sans doute existé, qui nesubsistent plus - et précisément parce qu'elles ne subsistent plus, parce que nous ne pouvons pas les connaître, nous pouvons aussi les juger d'une importance ou d'uneperfection moindre que la culture grecque.
Jared Diamond montre, dans Effondrement.
Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, que laculture de Rapa Nui conduisait les indigènes de l'Île de Pâques à épuiser toutes leurs ressources en vue de sculpter les célèbres statues : le cercle vicieux de cetteculture - et son échec dramatique - prouve son imperfection.
Le problème évident de cette position tient au fait qu'elle couronne a posteriori les cultures desvainqueurs.
"L'Histoire jugera", entend-on souvent, mais ce jugement présente une cruauté terrible.
Les civilisations anéanties par la violence d'un colon impitoyable,ou disparues à la suite d'un cataclysme sans précédent, ne sont pas toujours "fautives" ou "imparfaites.
De plus ceci suppose un présupposé, selon lequel une culturedisparue est imparfaite parce qu'elle n'a pas su se préserver ; mais faute de preuve, faute même d'indice, comment évaluer une culture ? Donc un jugement de valeurs'appuie forcément sur des critères qui relèvent eux-mêmes de la culture.
Aussi un tel jugement ne peut-il jamais s'avérer objectif : il entre toujours dans une cadresubjectif d'une culture particulière, si l'on se place dans le cadre de la culture.
Certaines cultures accordent une suprême valeur à l'éphémère, au passage, à l'équilibretransitoire : ainsi dans la culture des Polynésiens d'Hawaï, le chef se désigne non par ses exploits guerriers ou par les monuments qu'il fait construire, mais pour sonhabileté au surf - c'est-à-dire à s'adapter aux contraintes imprévisibles d'un environnement instable.
L'affection pour le colossal, le minéral, le durable, peut à denombreux égards s'analyser comme une spécificité occidentale.
Ainsi les tribus amérindiennes réclamaient-elles aux musées américains, et depuis longtemps, larestitution d'objets traditionnels comme des poteries, non pour en retrouver la propriété, mais parfois pour les enterrer ou les détruire, conformément aux intentionsdes concepteurs de ces objets.
Juger objectivement une autre culture est quasi-impossible, mais juger notre propre culture peut être au contraire possible, puisquecontrairement aux autres cultures nous la connaissons de façon approfondie.
Il faut prendre du recul par rapport à sa culture, la juger avec de nouvelles valeurs,celles de la nature.
Pour un jugement objectif c'est la seule référence neutre, on peut ainsi juger les actions de l'homme « basiques », on peut dire que les civilisationsdestructrices ont des effets négatifs sur la nature, et donc ont des valeurs négatives.
Mais lorsque les coutumes deviennent plus précises et ne concernent que l'homme,telles que les coutumes religieuse comme le port du voile, le jugement risque de ne pas être objectif.
Ainsi l'objectivité du jugement que je peux porter sur ma propreculture est relative.Juger sa propre culture ne doit pas apparaitre comme une remise en question de tous les principes qui la constituent.
Certains diront que c'est un affront à la culturemême mais, au contraire, c'est comprendre pourquoi et comment.
Comme le montre Lévi-Strauss, il faut aller vers les autres cultures pour pouvoir comprendre, jugeret améliorer sa propre culture.
Un jugement sur une culture ne peut être objectif s'il est réalisé par un homme qui est égocentriste, qui est ethnocentriste et qui refusede comprendre et observer les autres cultures.
C'est en s'enrichissant avec les autres cultures, et en observant les rapports de sa propre civilisation avec les autres et lanature que le jugement pourra avoir un minimum de sens.
Pour conclure, si l'homme veut juger objectivement sa culture, il n'a pas d'autres choix que de s'intéresser à d'autres qui lui offriront de nouvelles lunettes qui lerendront apte à juger correctement sa culture.
Mais encore faut-il comprendre et accepter le fait de se poser des questions sur sa culture, ce qui n'est pas donné à toutle monde.
Certains esprits trop fermés semblent ne pouvoir jamais accepter de quitter les lunettes qui leur font voir leur civilisation de façon tronquée, mais sûrementplus agréable que d'autres lunettes qui révèleront des défauts invisibles pour nos yeux, puisque nous avons été éduqué avec les valeurs de notre culture.
Un travail sursoi est à effectuer, ainsi qu'un travail de recherches et de contact humain.
Les personnes les plus aptes à juger leur propre culture sont donc les ethnologues etcertaines personnes spirituelles, qui possèdent un détachement à leurs valeurs, et se réfèrent à la nature..
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