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Puis-je mentir sans m'en rendre compte ?

Publié le 01/02/2004

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mentir
Ainsi, il suffit de définir le mensonge comme une déclaration intentionnellement fausse et point n'est besoin d'ajouter cette clause qu'il faut qu'elle nuise à autrui (...) Car il nuit toujours à autrui : même si ce n'est pas à un autre homme, c'est à l'humanité en général, puisqu'il disqualifie la source du droit. " KANT Si l'illusion est la réalisation hallucinée d'un désir, on comprend qu'elle puisse aider à vivre : une espérance illusoire ne vaut-elle pas mieux qu'une vérité désespérante ? Plus : n'existe-t-il pas des vérités nuisibles ? Ces interrogations posent un problème moral: n'y a-t-il pas des circonstances qui légitiment le droit de mentir ? En répondant à cette question, Kant s'oppose au philosophe français Benjamin Constant. La position de Benjamin Constant est la suivante : il serait absurde d'affirmer que la vérité est toujours moralement exigible. Le mensonge est légitime quand il vise à éviter de nuire à autrui (« nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui »). La réponse de Kant est la suivante : 1. Il vaut mieux parler ici de véracité que de vérité : la question n'est pas de savoir si on doit dire la vérité mais si on doit dire ce que l'on croit être la vérité.


mentir

« Je peux, sans m'en rendre compte, préférer l'illusion à la véritéL'illusion désigne ce qui se donne pour vrai sans l'être.

Littéralement,l'illusion se joue de celui qui en est la victime.

Elle n'est jamais l'objetd'une adhésion volontaire.

Berné par une illusion, je peux mentir encroyant dire la vérité.Freud a montré que l'illusion comprenait toujours une part de désir,contrairement à l'erreur.

L'originalité de l'illusion, c'est qu'elle survit enquelque sorte à sa réfutation.

La jeune fille qui s'est mis en têted'épouser un prince ne se laissera pas convaincre que c'est impossible.Le raciste fanatique n'admettra jamais, en dépit de tous les argumentsque les Noirs sont aussi intelligents que les Blancs.

Et, dans un toutautre ordre, les illusions des sens subsistent lorsque la raison montreleur fausseté.

L'amputé sait fort bien qu'il a perdu un bras.

Il continuepourtant à souffrir et à localiser la douleur dans son membre fantôme.Et l'astronome a beau savoir que la terre tourne autour du soleil, qu'elleest éloignée de lui d'une grande distance, il continue à voir comme toutle monde, disait Spinoza, le soleil tourner autour de la terre, comme ungros ballon rouge tout proche.

A la différence de l'erreur qui est guériepar la raison, l'illusion demeure après sa réfutation.

C'est donc que lesconvictions illusoires ont une source positive, originale.

Leur racineprofonde est dans tous les cas extérieure à la raison.

Quelles sont doncles sources de nos illusions?Selon Freud la plupart des illusions sont le produit de nos désirs.

Ce sont des croyances suscitées par le désir,par le besoin impérieux de satisfaire nos pulsions.

C'est donc le principe du plaisir, et l'oubli du principe deréalité qui est à la racine de l'illusion.

On croit ce que l'on souhaite, ce qu'on voudrait qui soit malgré tous lesdémentis de la réalité.

Dans certaines familles, disait Marcel Proust, quel que soit le nombre des maladies, desdésastres et des deuils on ne doute jamais de la bonté de son Dieu, ni du talent de son médecin! L'illusion estune revanche du désir sur la réalité.

Les images de la rêverie, celles du rêve nocturne sont typiquement desillusions suscitées par le désir.

Le rêveur se voit par exemple dans des situations qui flattent ses désirsérotiques ou ambitieux.

L'illusion, née du désir, est par essence étrangère à la réalité mais il peut se faire paraccident que la réalité se conforme au désir.

C'est une illusion de croire s'enrichir en prenant des billets deloterie, pourtant il y a toujours quelqu'un qui gagne le gros lot.

L'illusion de la jeune fille qui croit qu'un princeva l'épouser peut exceptionnellement se réaliser. Celui qui croit se connaître se ment et ment aux autresL'idée que je me fais de moi-même, Freud l'appelle le «mythe personnel».

En effet, l'homme se ment à lui-même, il refoule De son côté, Nietzsche dénonce la «bienfaisante illusion vitale».

L'un comme l'autre nousrappellent que l'on ne se connaît jamais soi-même.

Ainsi, lorsque je me raconte, lorsque je me confie, je ne dispas la vérité.

Je me trompe sur moi-même et je mens aux autres sans le savoir, parce que je suis le jouetd'une illusion.

Il faut se demander ce qui peut obscurcir le rapport entre ce que l'on est et ce que l'on penseêtre. Les analyses de La Rochefoucauld, comme celles de Pascal, soulignent la puissance de l'amour-propre.

C'estun registre moral.

La vanité, l'orgueil du moi le poussent à se donner de lui-même une image déformée,embellie.La psychanalyse freudienne a insisté sur la faiblesse des informations obtenues par la conscience immédiate.Les topiques de l'appareil psychique soulignent l'existence de conflits sur lesquels le sujet a d'abord peu deprise même s'ils ne sauraient lui être étrangers .L'analyse du refoulement et des symptômes est ici centrale.Sartre a critiqué Freud en lui reprochant son déterminisme, mais a reconnu que la mauvaise foi est inhérente àl'homme.

Puisqu'il est conscient de soi, la sincérité est un idéal impossible.

Je suis forcément en décalage parrapport à moi-même. [Mentir ne peut être qu'un acte conscient.

Le mensonge suppose un choix délibéré.

Le mensonge, defaçon générale, recouvre l'idée d'un acte volontaire destiné à tromper, à masquer la vérité ou à la taire.] Pour mentir, il faut connaître la véritéCe n'est que si j'affirme que la vérité doit toujours être respectée que le mensonge est possible.

En effet, iln'y a mensonge que si autrui croit que c'est une vérité.

Il faut donc qu'il me fasse confiance et que je le. »

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