Puis-je me connaître sans agir ?
Publié le 27/02/2008
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La formulation de cet énoncé suscite étonnement, car traditionnellement (depuis Socrate du moins) l’agir est pensé comme la finalité de la connaissance de soi – jamais il n’est thématise comme une possible condition de celle-ci. L’adage delphique (“ connais-toi toi-même ”) tout comme les examens de conscience chrétiens ont une finalité pratique, un statut moral, mais pas de fonction épistémique. Or c’est de cela qu’il semble s’agir ici. Outre que cela présuppose l’existence d’un soi, s’interroger sur les conditions nécessaires à la connaissance de soi, pour peut-être en exclure l’agir, exige de déterminer la signification de la connaissance de soi : la connaissance de soi est produite par le mouvement de réflexivité de la conscience sur elle-même. Mais comment penser que cet examen de la pensée repliée sur elle-même ne soit pas un acte – toute pensée supposant une part d’activité (Aristote) ? Afin de maintenir la tension de l’énoncé, il faut penser la possibilité d’une distinction entre deux types d’acte : l’agir intérieur dont la finalité est immanente et l’agir extérieur dont l’efficacité s’extériorise. La connaissance de soi doit être pensée comme le principe à partir duquel peut prendre sens la distinction entre une agir extériorisé et un agir purement intérieur de la pensée. Ne pouvant dès lors penser une connaissance de soi qui ne soit pas acte, peut-on la penser sans qu’elle n’implique un acte pratique extérieur ? Se demander si je peux me connaître sans agir requiert de savoir comment j’accède à moi-même – car il faut bien que j’accède à moi-même pour me faire objet de ma connaissance.
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