Puis-je expérimenter ma conscience ?
Publié le 27/02/2005
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A supposer que je puisse expérimenter ma conscience, comment puis-je alors à la fois être celui qui expérimente et qui fait l’objet de cette expérimentation ? Puis-je, comme le préconise l’adage antique répondre à l’exigence « connais-toi toi-même ! « ou bien la conscience est-elle une, de sorte qu’il m’est impossible de me séparer d’elle pour la soumettre à une expérimentation ?

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Pour Descartes, la conscience se définit par le fait qu'elle implique que je la saisisse comme telle : la conscience est conscience de soi, c'est-à-direqu'il n'y a de conscience que pour autant que je suis conscient d'êtreconscient.
Ainsi je n'ai toujours conscience que de moi et c'est pourquoi, il mefaut conclure que mon existence est rivée à ma pensée.
Pour Descartes seulela véracité divine me permet d'aller au-delà du cogito.
Or à moins de supposer que « Dieu existe » = énoncé absolument incontestable, il semble que lathèse cartésienne ne soit pas tenable jusqu'au bout. Ainsi Locke entreprend de penser la manifestation de la conscience – et du même coup la possibilité de l'expérimenter – dans le contexte très particulier de ce qu'il nomme réflexion ou perception interne .
L'originalité de ce concept de réflexion est qu'il permet à la conscience d'être unifiée par un« Je », d'être donc assignable à un sujet pouvant opérer l'expérimentation desa propre conscience, tout en conservant la possibilité de rattacher cetteexpérimentation à des contenus objectifs , c'est-à-dire à autre chose que soi. b) Expérimenter = percevoir La réflexion telle qu'elle est présentée par Locke dans les Essais sur l'entendement humain (livre II, chap.
12 ) consiste à prendre pour objet ses propres opérations mentales.
Ainsi, ma conscience serait ce que je saisisintérieurement comme perception du Soi( self ) qui « accompagne toujours nos sensations et perceptions présentes ».
Ma conscience ne peut donc êtreexpérimentée à part de tous mes actes mentaux : elle se manifeste au sein de la réflexion comme principe d'unité immanente .
Locke écrit : « Lorsque nous voyons, que nous entendons, que nous flairons, que nous goûtons, que nous sentons, que nous méditons, ou que nous voulons quelque chose, nous le connaissons à mesure que nous le faisons » ; autrement dit, expérimenter ma conscience est donc possible pour autant que je peux, de fait , percevoir que chaque pensée se rapporte à un même pôle, le Soi ou identité personnelle (ce par quoi je sais que je suis au principe de toutes mes opérations mentales).
Transition :Ø D'accord avec Descartes sur le fait que penser, c'est toujours savoir qu'on pense ( i.e expérimenter sa conscience) Locke toutefois ne tire pas argument de cette équivalence pour fonder la conscience sur la substancepensante, et ce faisant, il élimine le problème de savoir si être conscient = être d'abord conscient de soi-mêmeétant conscient.
Pour Locke, je ne peux expérimenter ma conscience que dans le cadre restreint qu'est la perception interne.Ø Toutefois , on voit alors que l'expérimentation est rigoureusement suspendue à la perception interne : si ma conscience ne m'apparaît qu'au sein de cet acte particulier de l'esprit faisant retour sur lui-même, elle ne peut êtrequ'actuelle . Ø Difficulté : je ne peux expérimenter ma conscience qu'en tant qu'elle est active et non en tant qu'elle est ce qui fonde cette activité.
En un mot, je n'expérimente pas ma conscience comme telle (c'est-à-dire dans sa spécificité , en tant qu'elle désigne l'unité de toutes mes opérations mentales), mais je ne fais que la saisir dans son effectivité , dans son déploiement, et donc, j'élude sa dimension propre de fondement . 3- MA CONSCIENCE PEUT ÊTRE OBJET D 'UNE APERCEPTION , ET NON D 'UNE EXPÉRIMENTATION DIRECTE a) Critique des présupposés empiriques de Locke Leibniz dans les Nouveaux essais sur l'entendement humain , présente une critique de la position lockienne en montrant l'insuffisance de cette dernière : ma conscience telle qu'elle se donne dans la réflexion n'est quephénoménale et c'est la raison pour laquelle il semble impossible de faire de la perception interne, une véritable expérimentation de la conscience comme telle : il faut, pour que je sois en mesure d'expérimenter ma consciencecomme telle, que cette expérimentation ne soit pas une perception .
En effet, l'expérimentation de proposée par Locke ignore ce qu'est ma conscience par-delà son activité, c'est-à-dire en tant qu'elle est une unité, unesubstance : Mais, Leibniz argumente-t-il alors en faveur du cogito cartésien ? b) Perception et aperception Puisque je ne peux saisir par perception interne ma conscience comme fondatrice de mon activité consciente, il faut distinguer entre aperception et perception : la première me permet de saisir ma conscience comme phénomène perçu (et donc comme active et objective), alors que la seconde me fait expérimenter ma conscience dans sonunité, dans sa dimension subjective .L'aperception ressemble fort au cogito cartésien : elle désigne une saisieimmédiate par l'esprit de son identité substantielle (« réelle »). Toutefois, Leibniz inclut dans sa conception de la conscience et de l'expérimentation qu'on peut en faire, une différence de niveau qui n'existe pas chez Descartes : Leibniz ne rejète pas le Self lockien comme faux, il fait seulement remarquer qu'il ne donne pas accès au Soi dans sa totalité, qu'il est partiel.
Ainsi, la réflexion doit être,pour Leibniz, séparée de la perception, sans quoi, je ne pourrais pas prétendre expérimenter ma conscience en tantqu'elle garantit à mes perceptions un fondement unitaire : réfléchir, ce n'est pas percevoir, mais cela consiste à sesaisir métaphysiquement comme substance active (ou monade).
Leibniz ouvre ainsi la voie à la thèse kantienne d'une conscience expérimentée comme condition de possibilité de toute conscience en générale . c) L'aperception transcendantale.
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