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Puis-je être sûr de ne pas me tromper ?

Publié le 17/03/2005

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Mais le calcul faux peut être décelé dès lors qu'il résulte de mauvaises déductions. Des protocoles de vérification existent également lorsque je prétends énoncer des vérités matérielles, à propos du «réel«: l'expérience doit par définition m'enseigner si mon hypothèse est juste ou non. Faut-il dès lors admettre que cette confirmation de l'hypothèse suffit pour garantir la vérité de la loi induite? On se heurte ici à deux arguments: - du point de vue empiriste (Hume), rien ne peut absolument garantir que la loi que je découvre n'en dissimule pas une autre, qui serait la seule, dans la réalité de ce que j'observe, à déterminer le phénomène que je prétends expliquer. La certitude est ici indéfiniment différée. - L'induction elle-même suppose l'adhésion au principe du déterminisme. Ce dernier n'est, au sens strict, jamais prouvé. Tout au plus est-il confirmé par la réussite des applications déduites des lois. Rien ne garantit que celles-ci soient autre chose que «générales« c'est-à-dire vérifiables seulement dans un certain état donné du Monde : les lois scientifiques supposent une durée indéfinie du monde tel que nous le vivons, mais cette durée peut être mise en question sans difficulté. Pour échapper à de telles difficultés, on peut être tenté de se rabattre sur une évidence de style cartésien : ce qui me donne la certitude que je ne me trompe pas, c'est la clarté et la distinction de mes idées et de leurs enchaînements (pour Descartes, la vérité mathématique, formelle, tient lieu de modèle).

1 - Puis-je ne pas me tromper ? L'erreur est-elle évitable ? 2 - Par quel(s) moyen(s) puis-je m'assurer que je ne me trompe pas ? 3 - Si nous pouvons parfois nous prémunir contre l'erreur, pourquoi ne le faisons- nous pas toujours ? Pourquoi nous trompons-nous ? 4 - Y a-t-il des cas où il semble impossible de se tromper ?

« [Introduction] Socrate nous a appris que le propre de l'ignorance est d'être aveugle à elle-même : celui qui se trompe croit toujours être dans le vrai.

S'il soupçonnait untant soit peu la présence possible de l'erreur, il nuancerait son affirmation,évitant ainsi de se fourvoyer.

L'erreur n'est donc possible que par saressemblance avec la vérité, mais si le vrai et le faux ont ainsi la mêmeapparence, comment les distinguera-t-on? Lorsque je crois avoir raison, nesuis-je pas dans l'erreur, puisqu'il m'est déjà arrivé de devoir réviser mescertitudes? L'existence d'une seule erreur rend donc problématique touteaffirmation : ne puis-je donc jamais être sûr de ne pas me tromper? [I.

Se préserver de l'erreur par une démarche méthodique.] [1.

L'erreur est un acte du sujet.]Si l'erreur n'est tout d'abord pas consciente de soi, il y a cependant bien unmoment où je m'en rends compte : le problème de l'erreur ne se pose queparce que je suis sorti de mon aveuglement.

C'est en réfléchissant sur cettelibération que l'on découvrira à quelles conditions il est possible d'atteindre lacertitude.

Comment s'opère la prise de conscience de l'erreur? Si elle estseulement l'oeuvre du temps, qu'est-ce qui me garantit que demain je neperdrai pas les illusions d'aujourd'hui tout comme aujourd'hui, j'ai été dégriséde celles d'hier? Je serais ainsi emporté au gré des apparences changeantes sans pouvoir m'assurer de mespensées.

C'est le cas, en particulier, si comme on le dit parfois, l'homme est le jouet d'une passion qui l'aveugle, oud'un inconscient qui commande secrètement le déroulement de ses pensées.

Dans une telle perspective, il n'y a plusà proprement parler de vérité car ce qui paraît tel n'est peut-être que l'effet de dispositions subjectives passagères.S'il n'y a plus de vérité, il n'y a plus d'erreur non plus, mais seulement des illusions invincibles qui se chassent lesunes les autres.

La question même de la délivrance à l'égard de l'erreur perd tout sens, puisque l'idée de vérité estune chimère.Il n'y a d'erreur que si la vérité est possible.

Or, la vérité n'est possible que si je peux m'assurer d'elle.

Que m'imported'être habité par les plus belles vérités si je ne puis savoir avec certitude qu'elles sont vraies? L'homme doit doncêtre capable de sortir par lui-même de l'erreur dans laquelle il est tombé.

L'éveil à la vérité n'est pas une illuminationextérieure, un chemin de Damas : il suit un itinéraire qu'il m'appartient d'emprunter.

Si je trouve ainsi en moi lacapacité de m'élever vers la vérité à partir de l'erreur, c'est donc que cette dernière ne demeure que par monconcours.

Bien que j'en sois la victime, c'est à moi qu'elle est imputable.

Le paradoxe de l'erreur est donc que letrompé est, en quelque manière, aussi le trompeur.

Si l'illusion me trompe, en revanche, dans l'erreur, c'est moi quime trompe.

C'est parce qu'il en est ainsi que l'erreur, n'étant pas une fatalité, peut être surmontée.

Je ne puis doncaccéder à la certitude de ne pas me tromper que sous la condition de la liberté.

Nous entendons ici par liberté, lepouvoir qu'a l'esprit de dire non.

Quel que soit le degré d'évidence de l'idée qui me sollicite, je puis toujourssuspendre mon jugement, afin de m'assurer que je ne vais pas commettre une erreur.

Nous retrouvons là laconception cartésienne de la liberté telle qu'elle est définie à l'article 39 des Principes de la philosophie : la libertéest présupposée dans notre pouvoir de douter.

Descartes explicite cette idée dans la IV' des Méditationsmétaphysiques intitulée précisément « Du vrai et du faux ».

On ne peut se délivrer de l'erreur qu'à condition desupposer dans tout jugement intellectuel deux moments logiquement distincts.

Tout d'abord, on ne peut affirmer quece que l'on « voit » par notre esprit.

Cette capacité à voir (ou l'ensemble des choses qu'il y a à voir), on l'appelleral'entendement.

Si l'entendement intervenait seul dans la connaissance, nous ne pourrions jamais nous assurer contrel'erreur, puisqu'en tenant des propos erronés nous ne ferions que suivre ce que nous représente l'entendement.L'entendement étant la lumière dont nous pouvons tirer tout savoir, nous n'aurions plus rien à espérer si la lumièreelle-même devenait source de ténèbres.

C'est pourquoi, une seconde faculté doit intervenir dans le jugement : lavolonté.

C'est par elle que nous affirmons, que nous donnons notre acquiescement à ce que l'entendement nousreprésente.

L'erreur n'est donc pas imputable à l'entendement, mais à la volonté et c'est pourquoi il est possible dene pas se tromper.

La forme par excellence de l'erreur sera donc ce que Descartes appelle la précipitation : il y aprécipitation lorsque la volonté devance l'entendement et affirme ce dont elle n'a pas encore une vision assez claire.Cette structure du jugement se retrouve également dans le cas où il ne s'agit pas d'une connaissance purementintellectuelle : la volonté est alors appelée à se prononcer sur la perception sensible.

Qu'il s'agisse donc de. »

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