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PSYCHANALYSE ET PHILOSOPHIE ?

Publié le 30/03/2009

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psychanalyse

Fondée par Sigmund Freud, la psychanalyse est à la fois un discours théorique visant à rendre compte du fonctionnement de notre esprit et une méthode thérapeutique visant à guérir les troubles psychiques.

Remise en cause radicale de l'image que nous nous faisons de nous-mêmes, la psychanalyse démontre que, selon le mot célèbre de Freud, « le moi n'est pas seulement maître dans sa propre demeure « : une partie de ce que nous sommes — l'Inconscient — se dérobe et commande à l'ensemble. La cure analytique vise à résoudre les troubles qui naissent de cette situation. Cependant, au-delà de cette vocation thérapeutique, la psychanalyse est aussi discours théorique qui met à nu les mécanismes mêmes qui déterminent l'individu et la société. Définie ainsi, la psychanalyse, du vivant même de Freud, a été l'objet de toutes les relectures et de toutes les interprétations au point qu'il est impossible aujourd'hui d'en saisir une image unitaire.

psychanalyse

« Ce sont tous ces signes — rapidement énumérés dans les lignes qui précèdent — qui témoignent de l'existence del'Inconscient et qui permirent à Freud de remonter jusqu'à lui.

Seule l'hypothèse, au sens scientifique du terme, del'Inconscient permet d'expliquer ce qui auparavant passait pour une énigme. Ainsi en ce qui concerne les lapsus.

Comment expliquer que tout à coup notre langue fourche? Que sans raisonapparente, dans notre discours, un mot vienne prendre la place d'un autre? Distraction ou fatigue, sans doute.

MaisFreud démontre — et tout particulièrement dans Psychopathologie de la vie quotidienne — qu'il y a une logique dulapsus, qui est celle de l'Inconscient.

Dans ces occasions où notre parole trébuche, un sens nouveau et enapparence aberrant vient se superposer au sens originel que nous voulions donner à notre phrase.

Et dans ce sens,ce qui se donne à lire n'est rien d'autre que le discours caché de notre Inconscient.

Le lapsus révèle ce que noussommes mais que nous ignorons être. De même, en ce qui concerne les rêves.

Leur caractère énigmatique a, de tout temps, suscité la curiosité voirel'angoisse.

On a voulu voir en eux des messages surnaturels par lesquels, en termes voilés, des puissancessupérieures s'adresseraient à nous pour nous conseiller, nous mettre en garde et nous annoncer ce que serait notredestin.

L'hypothèse de l'Inconscient permet à Freud de rompre définitivement avec ces pseudo-explications et dedéchiffrer enfin le secret du rêve.

Celui-ci n'est en effet rien d'autre que « la réalisation déguisée de désirsrefoulés».

Tout ce que le moi, pour se défendre, a refoulé dans l'Inconscient fait retour dans le sommeil mais demanière chiffrée et c'est la psychanalyse qui, comme pour le lapsus, se découvre en mesure de trouver la clé qui luipermettra de lire le sens de ce rébus complexe que compose le rêve. L'essentiel n'est pourtant ni dans le décryptage du lapsus ni dans celui du rêve, mais dans celui du symptôme.

Lapsychanalyse naît en effet de la volonté de soigner, et plus précisément de soigner ces troubles mentaux quel'approche traditionnelle de l'esprit humain était incapable de traiter, étant impuissante à en saisir la logique.

Làencore, la clé est celle de l'Inconscient.

A la suite du Français Charcot et plus encore de l'Autrichien Breuer, Freud étudie l'hystérie.

Pour lui, celle-ci trouve sa cause dans un événement traumatique inscritprofondément dans le passé de la malade.

Celle-ci n'en garde en apparence aucun souvenir mais le choc qui estassocié à l'événement en question persiste à la troubler, depuis l'Inconscient où il est relégué : telle est lasouffrance dont seule la psychanalyse permet de saisir la cause et de comprendre la logique.

Au-delà du cas del'hystérie, et au même titre que le lapsus et le rêve, le symptôme est donc l'inscription violente et énigmatique del'Inconscient et des désirs qui y sont refoulés dans la vie d'un individu. On comprend mieux maintenant en quoi, et pour reprendre le mot de Freud, le moi n'est pas maître dans sademeure.

Il règne, certes, dans la partie consciente de notre esprit mais son règne est des plus fragiles carl'essentiel de ce que nous sommes lui échappe. Objectif thérapeutique ou ambition idéologique? Telle est, ramenée à son expression la plus simple, l'idée-clé dont procède la pyschanalyse.

Définie ainsi, on voit quela psychanalyse indissociablement se présente comme une pratique thérapeutique et comme un discours théorique. Dans son versant thérapeutique, la psychanalyse, forte de ses découvertes, rend compte des troubles mentaux, deleurs causes et de leur logique.

Elle se propose également de guérir ceux-ci.

Puisque les symptômes sont en réalitéle signe d'un traumatisme passé, la guérison ne peut passer que par une remontée jusqu'au lieu du déséquilibrepremier.

Tel est l'objectif de la cure analytique.

Le patient parle devant le psychanalyste qui l'écoute, attentif auxrésistances qu'il lui oppose, aux glissements de sens, bref à tous ces signes qui trahissent l'Inconscient de celui quis'exprime.

Curieuse entreprise où, comme le disait Freud, il s'agit d'apprendre du malade quelque chose qu'on ne saitpas et que lui-même ignore ! Cependant, remontant la chaîne du sens et du souvenir, la cure psychanalytique doitpermettre de revenir jusqu'au lieu où s'enracine le symptôme.

Ainsi, seulement, le malade pourra s'en libérer. Pratique analytique, la psychanalyse est également discours théorique et c'est à ce titre que plus particulièrementelle nous intéresse ici.

Par elle, en effet, s'est trouvée révolutionnée l'image que nous nous faisions de nous-même.Et c'est non sans résistances que le message de Freud a finalement été reçu. Que nous découvre, en effet, la psychanalyse? D'abord que le rapport que nous entretenons avec nous-mêmes estun rapport non de connaissance mais de méconnaissance.

L'essentiel de ce que nous sommes, les motivations lesplus profondes de nos gestes nous échappent.

En cela, c'est notre vision trop simple et trop naïve du moi qui, avecles travaux de Freud, se défait. Ensuite, la psychanalyse nous révèle la part déterminante qui est celle de la sexualité dans nos existences.

Despremiers temps de l'enfance jusqu'à l'âge adulte, l'essentiel des forces qui nous animent sont d'ordre sexuel et celamême lorsque leur objet semble tout autre que sexuel.

Derrière chacun de nos gestes — affectifs mais aussiprofessionnels, sociaux ou créatifs — se dissimule cette réalité première qu'il est impossible d'évacuer. Autant que notre vision de l'individu, la psychanalyse s'attache à remettre en question nos certitudes quant à laréalité politique et sociale.

C'est en ce sens que la psychanalyse mérite presque le nom d'idéologie.

S'appuyant sursa théorie de l'esprit humain, Freud s'est en effet aventuré à expliquer en fonction de celle-ci quelques-unes desgrandes questions qui se posaient à l'humanité de son temps; il s'est engagé sur la voie d'analyses d'ordrephilosophique ou anthropologique.

Il l'a fait notamment dans les grandes œuvres de sa maturité comme Totem et. »

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