PROPOSITION DE CORRIGE Suis-je responsable de ce que je suis ?
Publié le 04/01/2023
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«
PROPOSITION DE CORRIGE
Suis-je responsable de ce que je suis ?
« Je ne l'ai pas fait exprès! »: telle est la formule consacrée, non tant pour s'excuser d'un acte qui nuit à
autrui que pour décliner toute responsabilité en regard de ce qui précisément n'a pas été voulu.
Comment serais-je responsable de ce que je n'ai pas voulu? Comment a fortiori serais-je responsable de
ce que je suis? A première vue, la question de la responsabilité de ce dont je n'ai pas conscience n'a pas
de sens.
Je ne suis pas responsable de ce dont je n'ai pas conscience (représentations, inclinations, désirs peutêtre..).
Je ne suis pas responsable de cette force obscure inconsciente qui me fait agir à mon insu et
qu'il est convenu d'appeler « l'inconscient ».
Mais ne suis-je pas plutôt responsable de mes actes, parce que je suis un être moral et non pas
seulement un être psychique?
Par ailleurs, ma responsabilité, qui m'engage à répondre de moi devant autrui, ne consiste-t-elle pas à
reconnaître ce qui en moi échappe aussi à la conscience?
I.
-La question de la responsabilité de ce dont je n'ai pas conscience n'a pas de sens.
1- dans la perspective d'une philosophie de la volonté infinie:
a) Si la volonté est pensée comme infinie, à l'image de la volonté divine, il n'est pas possible
d'imaginer que des pensées puissent être soustraites à la conscience.
L'idée d'inconscient est alors
insensée.
b)De plus, peut-on admettre, alors même qu'on pense la volonté maîtresse d'elle-même et de tout ce qui
relève de son empire, la distinction stoïcienne « entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de
nous »?
Je n'ai pas conscience de toutes les impulsions qui inclinent mon corps, mais je peux toujours agir sur
mon corps par le biais de mes pensées.
Je peux le disposer dans un but que je fixe.
Je suis entièrement
responsable de ma conduite.
c) L'inconscient constituerait une limite à ma liberté: je ne suis pas libre, si ma volonté est déterminée
par des causes extérieures.
La liberté est le corrélat de la conscience, qui se distingue absolument d'un objet ou d'une chose, et
existe sans que rien ne puisse lui être attribué.
L'inconscient serait un obstacle à la définition de la
conscience comme « projet ».
Je ne suis que ce que je me fais, que ce que je décide d'être et qu'il ne
tient qu'à moi d'être.
La conscience, c'est la liberté en acte qui me renvoie à ma responsabilité.
L'absolu de la liberté fait
qu'elle ne peut-être qu'illimitée.
La liberté est seule et rien ne peut l'arrêter.
L'invocation de
l'inconscient ne peut être que l'invention de la « mauvaise foi » devant l'angoisse de la liberté.
II.a- La question n'a pas davantage de sens dans la problématique freudienne de l'inconscient.
En refusant d'identifier le psychisme à la conscience, la psychanalyse subvertie la morale et restreint la
responsabilité.
L'inconscient est une force qui nous pousse à agir à notre insu.
Les représentations liées
à des désirs contradictoires ou au conflit originaire entre le désir et la loi, ont été refoulés, mais le
refoulé fait retour dans nos actes, nos paroles, nos conduites (lapsus, actes manqués, 4
symptômes).
Nos désirs cherchent à être satisfaits, dans nos rêves en particulier.
Nous n'avons
conscience ni de nos désirs, ni de leur nature: désir d'inceste, désirs sexuels, désirs de mort, que la vie
sociale nous oblige à réprimer.
Nous ne sommes pas responsables de ce dont nous n'avons pas conscience, ni de nos pensées, ni de nos
désirs.
Le retour du refoulé s'opère en nous, malgré nous: nous ne sommes pas responsables de nos
névroses.
1
Mme Liria DOMINGUEZ
La pratique judiciaire compte au nombre des circonstances atténuantes les mobiles inconscients,
l'enfance malheureuse, les chocs affectifs.
Plus personne n'ose parler de la paresse ou de la déloyauté d'un enfant avant d'avoir essayé de
comprendre la signification cachée de ses comportements et les signes qu'à travers eux, l'enfant
adresse à l'adulte pour lui demander son amour et son aide.
II.b- Je ne suis pas responsable de mes mobiles inconscients, mais je suis responsable de mes actes.
1.La moralité se constitue contre les inclinations:
L'autonomie de la volonté consiste à ne rien vouloir d'autre que la loi morale, dont l'homme, en
tant qu'être raisonnable, est le législateur.
Elle suppose la liberté.
Mais la liberté elle-même est pensée à partir du clivage, intérieur à l'individu qui oppose les
mobiles sensibles- les inclinations- et la volonté, ou la « bonne volonté » qui est la volonté
d'agir par devoir; l'exercice de la responsabilité est indissociable d'un conflit entre une passivité
et une activité également intrinsèques, l'une affectant la sensibilité, l'autre caractérisant la
volonté.
Les inclinations sont en moi, ce qui m'empêche de m'identifier à ma volonté; si la moralité se
construit contre les inclinations, la résistance de celles-ci est constitutive de son développement;
et si la loi morale prend nécessairement la forme d'un impératif catégorique, dont la maxime
(règle subjective de l'action) doit pouvoir être érigée en loi universelle, c'est en raison de la
constante intervention du « pathologique » dans l'action humaine.
2-responsabilité et devoir:
La théorie psychanalytique décharge la responsabilité de l’enfant (y compris de l’enfant que nous
demeurons), du névrosé, du pervers et du déviant, mais elle charge celle de l’éducateur.
Les brimades
excessives, le développement d’une culpabilité injustifiable, le mensonge sur ce qui touche à la vie et à la
mort sont non seulement des erreurs, mais des fautes, dont l’éducateur est plus ou moins responsable, si
sa responsabilité se mesure à la prise de conscience ou non de ce dont il n’avait pas conscience de ce qu’il
ne savait pas.
En revanche la psychanalyse rappelle à l’éducateur son devoir d’apprendre à l’enfant les limites qui
balisent sa conduite, le respect de la loi qui interdit le « passage à l’acte », le principe de réalité qui ne fait
pas droit à la satisfaction de tous les désirs.
L(absence de ces limites est grave : elle suscite une angoisse
inutile qui inhibe l’enfant et empoisonne sa vie.
La cure psychanalytique, fondée sur la méthode des associations libres, distingue la pensée et les actes.
La
règle est pour le patient d’exprimer toutes ses pensées, tous ses désirs, mais il doit se tenir à distance de
l’analyste et contrôler tous ses gestes.
Cette règle est riche de sens : c’est du passage à l’acte et de cela
seulement que l’individu est responsable.
La psychanalyse ne supprime pas la responsabilité.
Elle détermine de nouveaux devoirs : dire vrai,
interdire sans culpabiliser, faire droit au plaisir, mais aussi apprendre à faire plaisir et donc à renoncer à
des plaisirs personnels, prendre du plaisir à apprendre et à savoir.
III.
Etre responsable, répondre de soi devant les autres, cela consiste aussi à reconnaître ce qui en
soi-même échappe à la conscience et à l’emprise de sa volonté.
1-La responsabilité de comprendre l’homme de désir :
L’homme est un être de désir et de passions, il n’est pas seulement un être de raison.
Le désir et les
passions ne sont pas des vices cf.
Spinoza Traité Politique.
Chap.1)
2
Mme Liria DOMINGUEZ
Le désir constitue la puissance d’exister, et les passions joyeuses procurées par les bonnes rencontres, qui
augmentent notre puissance d’agir, ne sont pas seulement la condition et le résultat de l’union des forces
qui forment la communauté....
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